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Le 4-4-2 en football | Tactique

Publié le 18/04/2018 (m.à.j* le 20/09/2022)
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4-4-2 football

Le 4-4-2 est le plus célèbre système de jeu dans le football. Très populaire dans les années 1990 et au début des années 2000, il a même donné son nom à l’un des plus célèbres magazine de football anglais, FourFourtwoLe premier a l’avoir mis en pratique serait, selon Jonathan Wilson, Boris Arkadyev, entraîneur soviétique, dans les années 1940. Il est ensuite popularisé par les Brésiliens dans les années 1950.

L’exploitation de ce dispositif de jeu a rendu la domination de l’AC Milan d’Arigo Sacchi (champions d’Italie en 1988, champions d’Europe en 1989 et 1990) poursuivi par Fabio Capello (champions d’Italie en 1992, 1993 et 1994 et champions d’Europe la même année) sur le football italien et européen. En France, il est connu pour être le schéma préférentiel du Lorient de Christian Gourcuff et celui qui a permis à Élie Baup de gagner le titre de champions de France à la tête de Bordeaux en 1999.

Le développement de systèmes de jeux à trois milieux axiaux à partir de la deuxième moitié de la décennie 2000, avec notamment l’émergence du FC Barcelone de « Pep » Guardiola,  a peu à peu discrédité le 4-4-2. La très lourde défaite d’une Angleterre évoluant en 4-4-2 sous les ordres de l’ancien entraîneur à succès de l’AC Milan Fabio Capello contre l’Allemagne (4-1) pendant la coupe du monde de 2010 a accéléré la disgrâce du système.

En effet, l’emploi du 4-4-2 est désormais interprété comme un refus du jeu, ou comme l’incapacité à faire jouer son équipe selon un plan plus complexe. 

Toutefois, on assiste aujourd’hui à une « renaissance du 4-4-2 » avec l’émergence d’un football réactif dans lequel le jeu en transition (entre la phase défensive et la phase offensive) devient de plus en plus importante. En témoigne le victoire du Real Madrid sur le Bayern de Munich de Pep Guardiola 2014 en Ligue des champions (sur un score cumulé de 5-0), la réussite de l’Atlético Madrid de Diego Simeone (champions d’Espagne en 2014), ou le titre de Leiceister City de Claudio Ranieri en Premier League en 2016, retour étonnant d’un 4-4-2 discrédité, ou le retour, – ironie de l’histoire-,  du FC Barcelone à 4-4-2, sous Ernesto Valverde sur la saison 2017-2018. 

À lire ici : pourquoi dit-on « la surface de réparation » ?

 

L’animation en 4-4-2

Le 4-4-2 connaît plusieurs variations (notamment le 4-4-2 en losange, ou en diamant). Cet article traite du « 4-4-2 à plat »

 

Le schéma défensif par excellence

Le 4-4-2 reste le schéma défensif de référence. Il permet, en quadrillant le terrain, d’optimiser l’occupation de l’espace. Il se caractérise en effet par le placement de :

  • quatre joueurs en défense (deux latéraux et deux défenseurs centraux) ;
  • quatre joueurs au milieu de terrain (un milieu défensif, un milieu offensif et deux ailiers) ;
  • et de deux attaquants, en plus du gardien de but.

Cette configuration permet d’opposer à l’adversaire ayant le ballon un bloc défensif très compact composé de deux rideaux de quatre joueurs fermant l’axe et occupant toute la largeur :

Le premier rideau, généralement, est chargé de gêner la première passe vers l’avant adverse à hauteur du rond central ; les deux lignes de quatre derrière sont compactes pour densifier l’axe, afin de s’y assurer une supériorité numérique systématique, comme le permettent également les déplacements efficaces sur la largeur. Les sacrifices en termes d’efforts pour maintenir ces supériorités numériques sont importants, car elles ne sont pas évidentes sur le papier.

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Ce schéma permet en outre de préserver une certaine spontanéité chez les joueurs qui, grâce à la coordination des lignes de défense, n’ont pas besoin de surveiller l’espace derrière eux. 

 

Une phase offensive qui repose sur les flancs

La phase offensive d’une équipe en 4-4-2 dépend beaucoup de l’animation que lui donnent ses joueurs et peut varier grandement d’un entraîneur à l’autre.

La vraie force du 4-4-2 en phase en offensive réside cependant sur les flancs.

L’espace laissé entre les milieux et les attaquants est souvent trop grand pour permettre une transmission efficace du ballon. En revanche, la remontée des latéraux en phase offensive permet d’occuper l’espace et d’apporter, avec la présence des ailiers, beaucoup de pression sur les flancs par la possibilité de combinaisons, jusqu’au point de corner pour envoyer des centres dans la zone des 25m.

Les attaquants et milieux de terrains peuvent ainsi évoluer plus librement dans l’axe. 

 

Les postes en 4-4-2

Les postes en 4-4-2 sont stéréotypés. Les missions qui incombent à chaque joueur sont précises. 

 

Les attaquants en 4-4-2

En phase défensive, la présence de deux attaquants devant les deux rideaux défensifs permet de presser les joueurs adverses et de maintenir une présence en cas de contre. Il faut donc que les attaquants aient une certaine « science du placement », pour recevoir rapidement des ballons de la part des milieux. 

Une bonne entente des deux attaquants axiaux est essentielle en 4-4-2. En effet, leur complémentarité doit permettre la réussite de la phase offensive. 

L’un des axiaux doit attaquer la profondeur pour être la cible de longs ballons ou de centres. De préférence, cet attaquant doit être grand et puissant pour repousser les adversaires en attendant la montée de son partenaire avant de lui faire une passe. 

Le 4-4-2 peut se transformer en 4-4-1-1 lorsque l’un des attaquants, le plus puissant, attaque la profondeur, tandis que l’autre, plus créatif, décroche et joue dans l’espace laissé entre ce premier attaquant et les milieux de terrain (« le trou ») et tient le ballon en attendant de faire jouer ses partenaires, à l’image de Denis Bergkamp. 

 

Les milieux centraux en 4-4-2

Les milieux centraux sont le cœur du 4-4-2. Ils doivent en effet faire le lien entre la phase défensive (ils contribuent à densifier l’axe) et la phase offensive, par l’envoi de longs ballons à leurs joueurs de couloirs ou en fixant leurs attaquants.  La bonne entente de ce duo est tout aussi fondamentale.

L’un des milieux est offensif. Il doit entrer dans le jeu, créer et apporter son soutien lorsque son équipe attaque.

L’autre est un milieu défensif qui couvre son partenaire. Il sert d’assurance devant la défense si son équipe perd le ballon, pour éviter que l’équipe adverse attaque les espaces dans le dos du milieu offensif. 

Il est donc fondamental que les deux milieux centraux aient de bonnes qualités de passe et de tacle, ainsi que d’excellentes qualités athlétiques en raison des replacements permanents demandés lors des transitions entre les différentes phases de jeu. Pour tromper l’adversaire, les deux milieux centraux peuvent intervertir leurs rôles, si les qualités des joueurs le permettent. 

 

Les ailiers en 4-4-2

En phase défensive, l’ailier doit presser l’ailier adverse et soutenir son latéral pour empêcher le latéral adverse de briser le premier rideau défensif ou de renverser le jeu par une diagonale. Cette défense à deux peut se révéler essentielle face à un latéral particulièrement offensif comme Dani Alves. 

En phase offensive, l’ailier traditionnel attaque l’axe pour tirer ou centrer. Mais il est plus courant que les ailiers centrent en position excentrée pour leurs attaquants. Ils peuvent aussi combiner avec les latéraux pour effectuer des dédoublements et apporter ainsi le surnombre.  

 

Les latéraux en 4-4-2

Avec l’aide de leurs ailiers, les latéraux doivent fournir un travail défensif très rigoureux pour empêcher la course du latéral adverse. Une bonne qualité de tacle est donc essentielle.

Le rôle des latéraux en phase offensive en 4-4-2 est central. Ils permettent, par leur rapidité, d’attaquer la profondeur et d’exercer une pression constante sur les flancs adverses en apportant le surnombre avec leur ailiers, puis de centrer vers la zone des 25m. 

En outre, leurs courses en avant permet occuper toute la largeur du terrain, laissant les attaquants et les milieux libres de s’exprimer.  

En cas de corner, les latéraux restent près de la ligne médiane pour parer aux contres adverses. Leur rapidité est encore un atout. Il remplacent les défenseurs centraux, souvent sollicités dans les 25m au cours de ces phases de jeu du fait de leur puissance physique.

 

Les défenseurs centraux en 4-4-2

Les défenseurs centraux sont chargés de repousser les attaques adverses par des tacles et dans le jeu aérien. Ils peuvent défendre une zone particulière du terrain (défense en zone) ou suivre un adversaire particulier (« marquage individuel »). Ils sont chargés de la première relance vers leurs milieux. 

Il est essentiel que la charnière centrale soit coordonnée avec ses latéraux. En effet, ils peuvent ainsi jouer avec le « piège du hors jeu » (offside trap) et ainsi, empêcher les attaques rapides de l’adversaire. En 4-4-2, l’AC Milan de Sacchi a développé cette technique à l’aide de son défenseur vedette Franco Baresi. 

 

Les avantages du 4-4-2

Le 4-4-2 a longtemps été vu comme la meilleure formation du fait de sa grande simplicité (chaque joueur a une rôle bien défini) et de l’équilibre qu’il apporte à l’équipe. Ce dispositif permet en effet de bien occuper la largeur tout en fermant par deux fois l’axe. C’est en outre un système qui permet un passage facile de la phase défensive à la phase offensive, grâce au travail des latéraux. 

Enfin, la défense en 4-4-2, pour être vaincue, oblige l’équipe adverse à déséquilibrer son dispositif en apportant le surnombre sur un côté, ce qui laisse l’autre côté sans défense. L’équipe adverse peut alors en profiter en cas de contre en exploitant l’espace délaissé.  

 

Les défauts du 4-4-2

Les défauts du 4-4-2 sont nombreux. Ce schéma est d’abord très connu. Le risque principal est de développer un jeu stérotypé qui peut être facilement contré par l’adversaire. 

En phase défensive, le 4-4-2 demande grande discipline tactique et une concentration permanente (notamment pour le piège du hors jeu). Les lignes doivent rester coordonnées pour empêcher de créer de l’espace entre les lignes. Or, il existe un espace de danger maximal entre les milieux centraux et les attaquants, qui peut être facilement submergé par une équipe avec un milieu plus dense.

Le passage à la phase offensive implique un déséquilibre : le milieu offensif doit avancer, laissant beaucoup d’espace derrière lui. L’avancée des ailiers peut laisser le milieu dépourvu face à un milieu à trois. 

Enfin, ce système demande beaucoup d’effort à des ailiers qui doivent être bons en phase offensive et défensive. Ce profil de joueur est rare.