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Qui a inventé l’alphabet ? Quel est le premier alphabet ?

Publié le 27/09/2018
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Qui a inventé l’alphabet ? Quel est le premier alphabet ? La quasi-totalité des alphabets modernes dérivent de l’alphabet phénicien. Il peut être considéré comme le père de l’alphabet. Cet alphabet a été inventé par un peuple de l’Antiquité, vivant au Proche-Orient : les Phéniciens. Toutefois, le terme alphabet vient du latin alphabetum, formé sur le nom des deux premières lettres de l’alphabet grec, issu de l’alphabet phénicien : alpha (Α, α), et bêta (Β, β). Composé de 22 consonnes, l’alphabet phénicien permettait de noter le phénicien, langue sémitique, que l’on écrivait à l’horizontal de droite à gauche. Les langues sémitiques utilisent des racines à trois consonnes.

 

La diffusion de l’alphabet phénicien

L'alphabet phénicien
L’alphabet phénicien

L’alphabet phénicien apparaît à la fin du XIIe siècle avant J.-C. Peuple commerçant, les Phéniciens ont répandu leur alphabet à l’ouest et à l’est de la Méditerranée.

 

À l’Ouest

invente alphabet premier
Manuscrit byzantin, alphabet grec

Carthage, colonie de Phéniciens originaires de la ville de Tyr, a développé un alphabet propre à partir de celui des Phéniciens, l’alphabet punique. Les Grecs ont emprunté aussi aux Phéniciens leur alphabet, que les Ioniens nommaient d’ailleurs dès le Ve siècle av. J.-C. Phoinikéia grammata, Φοινικήια γράμματα, conscients de leur dette. Ils attribuaient l’introduction de l’alphabet au fils du roi de Tyr Kadmos, le fondateur mythique de Thèbes. Peuple colonisateur et auteur d’une production intellectuelle conséquente, les Grecs ont diffusé leur alphabet à l’ouest de leurs zones de peuplement. Grande innovation : l’utilisation de voyelles, essentielles au grec qui n’est pas une langue sémitique.

L’alphabet a été emprunté aux Grecs par les Étrusques, peuple italique à la culture florissante qui vivait en Toscane actuelle. Des Étrusques, l’alphabet est passé au Romains, ce qui a donné naissance à l’alphabet latin, qui s’est diffusé dans toute la partie ouest de l’Empire romain (la partie est étant sous influence grecque). L’alphabet latin est l’alphabet utilisé en français, et par la plupart des langues européennes, à l’exception de certains pays slaves. L’expansion mondiale de l’influence européenne, sous l’effet de la colonisation, a permis de diffuser cet alphabet dans de nombreuses régions du monde, en Amérique, en Afrique ou en Asie du Sud-Est. En Turquie, l’alphabet latin a été adopté par le pouvoir kémaliste en 1928.

Dans certains pays d’Europe de l’Est, comme la Bulgarie, la Serbie, l’Ukraine ou la Russie, et dans les pays d’Asie centrale, les ex-républiques de l’URSS, on utilise le cyrillique, alphabet inventé au IXe après J.-C. siècle à partir de l’alphabet grec. En plus de latin et du cyrillique, l’alphabet grec a aussi été le modèle de l’alphabet copte, encore utilisé de nos jours par l’Église copte, une église chrétienne d’Égypte, de l’alphabet gothique, aujourd’hui disparu, et en partie du runique, alphabet utilisé par les tribus germaniques et scandinaves.

 

À l’Est

L’alphabet phénicien a aussi essaimé de l’autre côté de la Méditerranée. Il a donné naissance à l’alphabet araméen, langue qui a été un puissant moteur de diffusion de l’alphabet. En effet, cette langue sémitique, comme le phénicien, convient bien à l’utilisation de l’alphabet. Utilisée comme lingua franca dans les empires orientaux, notamment par l’Empire perse des Achéménides, son alphabet donna naissance aux alphabets hébreu, arabe (par l’intermédiaire des Nabatéens), et éventuellement à ceux de l’Inde. De l’Inde, l’alphabet est passé au Tibet et pourrait avoir influencé l’invention du l’alphabet coréen, le hangeul. 

 

Le succès de l’alphabet

Contrairement aux autres systèmes d’écriture, l’alphabet emploie un nombre très réduit de signes, ce qui facilite grandement sa mémorisation. Ainsi, maîtriser l’écriture ne demande plus de s’y spécialiser. Son accès se diffuse à une plus large partie de la population. L’alphabet, puisqu’il facilite l’écriture et la lecture, entraîne un usage bien plus important de l’écrit. Il permet la diffusion des idées, notamment philosophiques et religieuses. 

 

Alphabet et écriture

L’apparition de l’alphabet se distingue bien sûr de celle de l’écriture. L’alphabet est composé de lettres (comme « a, b, t ou w ») qui correspondent chacune à un phonème, c’est-à-dire à un élément sonore du langage (chaque lettre correspond à un son). En combinant les lettres, on obtient des combinaisons de sons qui permettent d’exprimer des mots. Ainsi, l’alphabet est un code. C’est un système abstrait : il faut l’apprendre pour le comprendre. Les signes qui le composent ne renvoient à aucune réalité matérielle en dehors d’eux-mêmes : ce ne sont pas des dessins. L’écriture chinoise, par exemple, fonctionne différemment. Elle est composée avant tout de caractères qui désignent un mot ou une idée. Ils sont utilisés pour le sens qu’ils véhiculent, ou pour leur prononciation. 

 

Des alphabets plus anciens que l’alphabet phénicien

L’alphabet phénicien n’est pas le premier alphabet trouvé par les chercheurs. Des traces plus anciennes ont été retrouvées au Proche-Orient. En effet, dans le Sinaï, en Égypte, sur le site de Serabit el-Khadim, près de mines de turquoises exploitées par les Égyptiens, des fouilles ont mis à jour une écriture alphabétique sur support rocheux notant une langue sémitique. Cet alphabet n’est toutefois pas totalement déchiffré à ce jour, mais certains signes ressemblent à des hiéroglyphes égyptiens. Il remonte au milieu du IIe millénaire av. J.-C. environ. On a en outre trouvé au Levant (Syrie, Liban, Palestine/Israël), région qui communiquait beaucoup avec l’Égypte, des inscriptions alphabétiques utilisant des signes proches des hiéroglyphes. Enfin, à Ougarit, en Syrie actuelle, des tablettes avec des inscriptions utilisant un alphabet de trente signes ont été trouvées. L’ourgaritique est, comme le phénicien, une langue sémitique.