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« Centralisme démocratique » : qu’est-ce que c’est ?

Publié le 21/10/2018 (m.à.j* le 22/11/2021)
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Définition. L’expression « centralisme démocratique » désigne un mode d’organisation des partis communistes (ou des syndicats, etc.). Selon celui-ci, des débats peuvent avoir lieu au sein du parti. Cependant, une fois que la ligne du parti est choisie par la majorité, tous les membres doivent s’y plier sans critique.

Le centralisme démocratique : théorisé par Lénine


Dans un article de 1906, Lénine (1870 – 1924), bien avant qu’il ne devienne dirigeant de l’URSS, définit ainsi le centralisme démocratique :

Le principe du centralisme démocratique et de l’autonomie des organisations locales du parti implique une liberté universelle et entière de critiquer, aussi longtemps qu’elle ne perturbe pas l’unité d’une action définie ; il élimine toute critique qui perturbe ou rend difficile l’unité d’une action décidée par le parti.

L’idée de centralisme démocratique naît dès les débuts du mouvement socialiste. Elle se développe notamment dans la Russie tsariste, où les mouvements socialistes et communistes devaient évoluer dans la clandestinité. Ainsi, ce mode de fonctionnement permettait de maintenir une vie démocratique et critique au sein des mouvements socialistes, tout en préservant l’unité d’action, la discipline et l’efficacité nécessaires pour parer la répression et préparer la révolution.

Le centralisme démocratique est une aspiration. Le parti ouvrier social-démocrate de Russie, fondé en 1903, qui porte l’aspiration révolutionnaire, est alors divisé entre bolcheviks et mencheviks.

Après la prise de pouvoir des bolcheviks en Russie, sous la direction de Lénine, en octobre 1917, l’idée de centralisme démocratique s’institutionnalise au sommet de l’État. Le parti communiste de Russie (mars 1918), qui deviendra le parti communiste de l’Union soviétique (après la proclamation officiel de l’URSS, le 30 décembre 1922), installe peu à peu une dictature, au nom du prolétariat (dictature du prolétariat). 

Lénine conçoit le parti communiste comme l’avant-garde de la Révolution, alors menacée par les armées contre-révolutionnaires. La division du parti risque de l’affaiblir face à ses ennemis. Il faut donc éliminer les critiques dangereuses qui menacent l’unité d’action du parti. 

En mars 1921, le Xe congrès du parti communiste de Russie condamne l’existence de factions (factionnalisme) au sein du parti. La plupart des courants minoritaires qui se distinguent de la ligne centrale du parti sont éliminés (voir sur la résolution « Sur l’unité du parti »). 

Le parti communiste se présente alors de plus en plus comme une organisation hiérarchisée et bureaucratique dont les décisions ne peuvent être contestées. 

Les partis communistes du monde entier, réunis au sein de la Troisième Internationale (mars 1919) ont calqué leur fonctionnement sur celui du parti communiste de Russie. Le centralisme démocratique devient un credo de fonctionnement, dont la mise en application varie au cours du siècle. 

L’expression « centralisme démocratique » a pris une connotation péjorative au cours du siècle. Elle en est venue à désigner l’autoritarisme des partis communistes.

Elle est cependant largement oubliée aujourd’hui du fait de l’affaiblissement des mouvements communistes. 

À lire ici : la différence entre « Viêt Minh » et « Viêt Cong ».