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Les sept merveilles du monde : quelles sont-elles ? liste

Publié le 11/06/2018
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Les sept merveilles du monde forment une liste canonique de sept monuments importants construits dans l’Antiquité et situés en Méditerranée orientale et au Proche-Orient :

  1. les pyramides de Gizeh  : situées en Égypte, au sud-ouest du Caire ;
  2. les jardins suspendus de Babylone : en Irak actuel, dans l’ancienne cité de Babylone ;
  3. le temple d’Artémis à Éphèse : cité grecque d’Ionie, aujourd’hui chantier archéologique dans la province d’Izmir en Turquie ;
  4. la statue de Zeus à Olympie : centre religieux dont les ruines sont situées à l’ouest du Péloponnèse, en Grèce ;
  5. le mausolée d’Halicarnasse : pour le satrape Mausole, aujourd’hui dans la ville turque de Bodrum ;
  6. le phare d’Alexandrie : sur la côté méditerranéenne de l’Égypte ;
  7. le colosse de Rhodes : à Rhodes, île du Dodécanèse, au large de l’Anatolie.

Seule la pyramide Gizeh existe encore aujourd’hui.

Les pyramides de Gizeh (Égypte – Gizeh)

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Photo de Robert Tavalbi

Les pyramides de Gizeh sont trois pyramides érigées sur la rive occidentale du Nil comme tombeaux pour des rois (pharaons) de la IVe dynastie (vers 2589–2566 av. J.-C.). La plus grande pyramide a été bâtie pour le pharaon Khufu, alias Khéops (vers 2589–2566 av. J.-C.) d’après la transcription grecque de son nom, les deux autres pour son fils et son petit-fils, Khafrê (Khéphren) et Menkaourê (Mykérinos). La hauteur originelle de la grande pyramide de Kheops était de 146,5 mètres (137 aujourd’hui), et chaque côté de sa base mesure 230 mètres environ. Sa construction a nécessité 10 à 20 années. Elle a été bâtie en calcaire. Mais les plaques de calcaire de haute qualité qui avaient été utilisées pour former ses façades extérieures ont été réemployées. 

Les jardins suspendus de Babylone (Irak)

L’existence des jardins suspendus de Babylone n’est pas attestée, mais Béatrice André-Salvini (Babylone, Que sais-je ?) les assimile aux jardins royaux de la ville. Le roi de l’Empire néo-babylonien Nabuchodonosor II (605 – 562 av. J.-C.) avait bâti selon l’historienne de grandes terrasses lors de la construction de son nouveau palais, qui ont peut-être surplombé l’Euphrate. Ces jardins étaient des lieux d’agrément pour le roi et sa famille, mais avaient aussi une fonction idéologique : le pouvoir royal avait la maîtrise des forces de la nature.

Le temple d’Artémis à Éphèse (Turquie – région d’Izmir)

Plusieurs temples successifs ont été bâtis en l’honneur d’une déesse locale d’Éphèse, assimilée à Artémis (Diane), déesse associée à la chasse. Un premier temple aurait été détruit par les Cimmériens au VIIe siècle av. J.-C. Crésus de Lydie (VIe siècle av. J.-C.), après avoir conquis la ville vers 560 av. J.-C., déplace ses habitants près du temple qu’il fait reconstruire ou qu’il embellit. Un nouveau temple d’une plus grande dimension est bâti à sa place après un incendie au milieu du IVe siècle av. J.-C.

La statue de Zeus à Olympie (Olympie – Grèce – Péloponnèse)

La statue de Zeus à Olympie aurait été inaugurée vers 430 av. J.-C. et construite sous la supervision de l’architecte Phidias, après une commande des dirigeants de l’Élide. La statue était chryséléphantine, c’est-à-dire fabriquée en ivoire et en or, et destinée à rappeler la prééminence de Zeus sur le site où étaient organisés les jeux olympiques. Elle pourrait avoir été détruite par un incendie au Ve siècle ap. J.-C. Elle a été décrite par Pausanias (Description de la Grèce, V, Élide, 11), par le pseudo-Philon de Byzance ou Pline.

Le mausolée d’Halicarnasse (Turquie – Bodrum)

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Maquette du mausolée au musée d’archéologie sous-marine du château Saint-Pierre | Wikimedia Commons

Le terme employé aujourd’hui en français, mausolée, vient du grec Mausôleion, dérivé de Mausôlos, « Mausole », satrape de Carie, c’est-à-dire gouverneur de cette région pour l’Empire perse achéménide, qui se fit construire de son vivant un tombeau à sa gloire au milieu de la capitale de la région, Halicarnasse. Il était inachevé à sa mort en 353 av. J.-C.  Le mausolée était probablement un héroon (édifice lié à une héros, une divinité) destiné à rappeler que Mausole était le fondateur de la cité, et à renforcer son statut et la légitimité de sa lignée. L’influence architecturale du monument, richement orné, notamment en reliefs et en sculptures, est signalée par la transformation de son nom en nom commun synonyme de tombeau. Les raisons de la disparition progressive du monument sont peu claires.  Les pierres du Mausolée furent utilisées au XVe siècle par les chevaliers de Saint-Jean pour construire un fort. Il fut « redécouvert » au XIXe siècle par Charles Newton (1856-1859). Un des architectes du Mausolée pourrait avoir été Pythéos de Pirène, associé au sculpteur et architecte Scopas.

Le phare d’Alexandrie (Alexandrie – Égypte)

Le phare a été bâti vers 280 av. J.-C à Alexandrie, ville fondée en 331 av. J.-C. par Alexandre le Grand. Il a été commandé par Ptolémée II Philadelphe (vers 309 – 246 av. J.-C.), de la dynastie grecque des Lagide, fondée par son père Ptolémée, général d’Alexandre.  Le phare a été fondé sur l’île de Pharos, au large d’Alexandrie, duquel il a tiré son nom. Son nom est devenu le nom commun de tous les phares (antonomase). Le phare d’Alexandrie était construit sur plusieurs niveaux de largeurs décroissantes. Son architecte aurait été Sostrase de Cnide. Selon la description laissée au XIIe siècle par l’architecte andalou Ibn Al-Sayj’s (1132-1207), et rapportée par l’historien de l’architecture Paolo Vitti (Gigantic and structurally sound: the lighthouse on the island of Pharos), le phare d’Alexandrie était composé de trois parties :

  • un cube à faible déclinaison de 30,6 mètres sa base et de 70 mètres de haut ;
  • une forme octogonale ensuite de 34 mètres de haut ; 
  • une plateforme circulaire de 9 mètres de haut. 

Le phare se serait donc élevé à 113 mètres. Son architecture aurait par ailleurs inspiré les constructions de minarets dans les régions occidentales de la civilisation islamique. Il aurait été partiellement détruit par le tsunami qui a touché la ville en 1303.

Le colosse de Rhodes (Grèce – île de Rhodes)

Le colosse de Rhodes aurait été érigé vers 270 av. J.-C. et détruit aux alentours de 227 av. J.-C par un tremblement de terre. C’est la merveille du monde la plus éphémère. Ses ruines ont totalement disparu. Elle représentait probablement Hélios (Apollon), et pourrait avoir mesuré 34 mètres de haut selon Nathan Badaud, qui se fonde sur Pline. Le colosse de Rhodes est à l’origine du nom commun employé aujourd’hui en français pour désigner une personne ou un élément de grande envergure. « Colosse » vient du grec kolossos, qui désignait une statue représentant un être figé ou immobile, ou un être aux jambes étroites, qui prenait la place d’un absent lors d’un acte rituel.

Source des sept merveilles du monde

L’inventeur de la liste des sept merveilles du monde est inconnu mais l’existence cette liste est attestée par plusieurs textes grecs de l’Antiquité qui nous sont parvenus. En effet, cette liste de merveilles du monde a été produite par une civilisation particulière, ce qui explique pourquoi elle ne comporte que des monuments grecs ou proches des frontières de ce monde, autour de la rive orientale de la Méditerranée.

La source principale de cette liste est un texte attribué à un ingénieur grec du IIIe siècle av. J.-C., Philon de ByzanceÀ propos des sept choses à voir, en grec Peri ton epta theamaton, Περὶ τῶν Ἑπτὰ Θεαμάτων (mais cette attribution est abusive, le texte ayant été probablement composé au Ve siècle ap. J.-C.). La liste de Philon est toutefois incomplète (il manque une description, perdue) et ne correspond pas à celle des sept merveilles du monde telles que nous les connaissons aujourd’hui. Le pseudo-Philon de Byzance compte dans les sept merveilles : le jardin suspendu, les pyramides de Memphis (celles de Gizeh), le Zeus d’Olympie, le colosse de Rhodes, les remparts de Babylone, le temps d’Artémis et le Mausolée d’Halicarnasse (dont la description a été perdue). Le phare d’Alexandrie n’y figure pas, remplacé par les remparts de Babylone. « Merveille » (wonder en anglais) traduit ici theamatonΘεαμάτων, qui correspond plutôt à l’idée de « vues », de « visions » ou de « choses à voir ».

Les sept merveilles sont aussi évoquées dans un épigramme grec d’Antipatros de Sidon (II av. J.-C.) :

Les murs de l’âpre Babylone, où peuvent courir les chars, et ce Zeus de l’Alphée, je les ai contemplés, ainsi que les jardins suspendus, et le colosse d’Hélios, et l’immense travail des hautes pyramides, et le tombeau gigantesque de Mausole ; mais quand j’aperçus le temple d’Artémis qui s’élance jusqu’aux nues, les autres merveilles furent éclipsées ; et que sont- elles, en dehors de l’Olympe ? Hélios n’a rien vu encore de pareil.

Traduction par Guy Soury, Paris, Les Belles Lettres, 1957

Certains monuments de la liste des sept merveilles du monde sont évoqués de manière éparse dans divers textes de l’Antiquité, comme l’Histoire naturelle de Pline, la Géographie de Strabon, l’Histoire universelle de Diodore de Sicile, etc. Cependant, la liste canonique présentée en début d’article a été fixée à la Renaissance. Des listes alternatives ont été constituées, sans le même succès toutefois :

  • les Sept Nouvelles Merveilles du monde, dévoilées en 2007 par une fondation privée après un vote organisé sur internet. Cette liste compte : la Grande Muraille de Chine, Pétra en Jordanie, la statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro au Brésil, le Machu Picchu au Pérou, la pyramide de Chichén Itzá au Mexique, le Colisée de Rome en Italie, le Taj Mahal en Inde ;
  • des listes des Sept Merveilles de la nature, ou des Sept Merveilles du monde moderne, etc.

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