240 Vues
Enregistrer

Adynaton : définition simple et exemples (figure de style)

Publié le 01/12/2017 (m.à.j* le 09/03/2023)
1 commentaire

L’adynaton (adynata au pluriel) est une hyperbole très appuyée, à tel point que l’information en devient inconcevable, invraisemblable, impossible. L’effet visé est souvent humoristique. Exemple :

C’est un roc ! c’est un pic ! c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … c’est une péninsule !

Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4

Les métaphores de Cyrano pour décrire son nez sont si exagérées que la réplique en devient humoristique. Il tourne son adversaire en dérision. Cette réplique est aussi une gradationAutres exemples : « Tu me l’as répété dix-mille fois, arrête ! » / « Je vais mourir tellement j’ai faim ! ». Les adynatons sont très courants dans le langage parlé : on exagère souvent de manière invraisemblable pour accentuer sa plainte ou pour amuser son interlocuteur. 

L’effet de l’adynaton

L’adynaton est une figure de rhétorique, c’est-à-dire une technique pour persuader son auditoire. Elle vise à amuser pour ridiculiser l’adversaire, ou frapper l’imagination par le caractère improbable de l’information transmise. Le Gradus ajoute que l’adynaton permet aussi le fantastique en repoussant les bornes du réel. Exemple : « Un jour notre amitié aura rendu son regard si matériel qu’elle pourra me toucher comme avec ses mains en me regardant. Un jour … son seul regard pourra, comme le tranchant d’un rasoir, tracer des sillons dans ma chair. » (R. Ducharme, L’Océantume)

Étymologie d’adynaton 

Adynaton vient du grec adunatos, ἀδύνατος, « impossible, faible ».

Exemples d’adynata

On retrouve des adynatons dans des expressions comme « Quand les poules auront des dents !  » ou « Il a une foi à déplacer des montagnes !  ».

[…] il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.

Évangile selon Matthieu

On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d’hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu.

Jean Rostand

Cette réplique est aussi une gradation

Quelle solitude : deux milliards d’hommes en long et moi, au-dessus d’eux, seule vigie

Sartre, Les Mots

Ne pas se laisser condamner à défaire les chignons de bronze.

Michaux, Face aux verrous

L’atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d’une pièce à l’autre

Marquez, Cent ans de solitude, cité par le Gradus

Lise me faisait faire des trous dans le ciel en me poussant trop fort dans les balançoires pour bébés.

Tremblay, L’Ange cornu aux ailes de tôle, cité par le Lexique des figures de style