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Hyperbole : définition simple et exemples | Figure de style

Publié le 04/06/2017 (m.à.j* le 08/03/2023)
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DéfinitionUne hyperbole est une figure de style qui utilise l’exagération pour mettre un élément en relief, pour frapper les esprits ou pour ironiser. Selon le Littré, l’hyperbole permet d’augmenter ou de diminuer excessivement la vérité des choses pour qu’elles produisent une impression plus grande. En d’autres termes, dans la clarté du français de La Bruyère (1645 – 1696) : « L’hyperbole exprime au-delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. » (La Bruyère, Les Caractères, Des ouvrages de l’esprit)

Exemple : « Elle me confia son sac. Il pesait au moins une tonne ! »

On comprend aisément ce que l’on souhaite exprimer ici : le sac était très lourd. L’évaluation du poids du sac est très exagérée. L’hyperbole permet d’exprimer une idée qui n’aurait pas été aussi frappante ni aussi claire si l’on avait simplement dit : « Elle me confia son sac. Il était lourd et pesait au moins 10 kg ! ». L’hyperbole peut en outre ajouter un effet humoristique : on imagine la personne se ployer sous le poids du sac.

Autre exemple : « Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie […] » (Madame de Sévigné, Lettres)

Dans cet exemple, cette fois-ci littéraire, l’hyperbole repose sur une accumulation de superlatifs. En effet, Madame de Sévigné (1626 – 1696) utilise à 19 reprises « la plus ». L’hyperbole est une figure de style appréciée par le courant littéraire de la préciosité, auquel on rattache parfois Madame de Sévigné.

Voir ici : la liste de toutes les figures de style essentielles de la langue française.

 

L’hyperbole et l’ironie

L’exagération avec laquelle joue l’hyperbole permet souvent d’ironiser ou de créer un effet humoristique.

Sa mère morte, Léon dut prendre en main la maison. Cet homme qui depuis vingt ans n’avait eu ni une responsabilité ni un souci ! Il s’en tira, mais en se donnant un mal hors de toute proportion avec cette tâche simple. En huit jours, son visage changea, il lui vint des bouffissures sous les yeux, il avait des rêves chaque nuit ; un président du Conseil se sent moins accablé.

Henry de Montherlant, Les Célibataires

Montherlant (1895 – 1972) exagère volontairement en comparant ici les soucis provoqués par une responsabilité relativement simple, s’occuper d’une maison, à ceux d’un homme politique de premier plan.

Il prouvait admirablement qu’il n’y a pas d’effet sans cause et que, dans le meilleur des mondes possibles, le château de Thunder-ten-Tronkh était le plus beau château et madame le baronne la meilleure des baronnes possibles.

Voltaire, Candide

Voltaire (1694 – 1778) tourne son personnage Pangloss en dérision par l’hyperbole  : ce personnage applique sa philosophie pour prouver des choses dérisoires (« le plus beau château », « la meilleure des baronnes possibles »). En réalité, Voltaire ironise, par l’intermédiaire d’un personnage, Pangloss, sur la philosophie de Leibniz.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

La Fontaine, Fables, Les Animaux malades de la peste

Manger l’herbe d’autrui est en effet un crime terrible.

 

Comment construire une hyperbole ?

L’hyperbole est constituée par des termes augmentatifs :

  • des adjectifs (énorme, fantastique, ignoble…) : un ignoble et terrifiant magasin !
  • des adverbes (extrêmement, fortement, incroyablement…) : ce livre était incroyablement long !
  • des préfixes (hyper-, extra-, super-, maxi-, giga-, archi-, ultra-) : cet ordinateur est hyperpuissant !
  • des suffixes (-issime) : un incident rarissime !
  • des accumulations de superlatifs : mon vélo, c’est le plus beau et le plus rapide !
  • des expressions exclusives : parler est mon seul et unique talent.

L’hyperbole peut se construire avec d’autres figures de style :

  • La métaphore : ma vie est un paradis depuis que je l’ai rencontrée. 
  • La comparaison : « Cette femme était belle comme une déesse » (Fénelon, Télémaque)

 

Les hyperboles « endormies »

L’hyperbole est une figure de style très utilisée dans le langage courant, et dans certaines expressions, à tel point que certaines ne sont plus perçues comme une exagération. Exemples : Un conte à dormir debout, se couper les cheveux en quatre, etc.

 

Synonymes d’hyperbole

On peut aussi parler d’emphase, d’exagération, de charge, de superlation ou d’auxèse.

 

Étymologie d’hyperbole

Hyperbole vient du grec hyperbole, ὑπερϐολή, « action de dépasser la mesure, excès, surabondance »de hyper (« au-delà ») et ballein (« jeter »). 

 

Exemples d’hyperboles

 

Exemples d’hyperboles courantes

  • Un bruit à réveiller un mort.
  • Clouer le bec.
  • C’est un conte à dormir debout.
  • C’est à se casser la tête contre les murs.
  • Être fort comme un boeuf.
  • Être mort de fatigue.
  • Être trempé jusqu’aux os.
  • Un travail titanesque.
  • C’est un géant !
  • À mourir de rire.
  • Briller de mille feux.
  • Avoir trois tonnes de boulot.
  • Se faire tuer par sa mère en rentrant.
  • Être un ange (pour : être gentil). 
  • Être plus belle que le jour. 
  • Être le dernier des derniers (pour : être nul).
  • Se creuser la cervelle.
  • Souffrir le martyre.

 

Exemples littéraires d’hyperboles

Rome entière noyée au sang de ses enfants 

Corneille, Cinna, I, 3, Cinna

– J’ai vu, dit-il, un chou plus grand qu’une maison.
– Et moi, dit l’autre, un pot aussi grand qu’une Eglise.

La Fontaine, FablesLe Dépositaire infidèle

Ses moindres actions lui semblent des miracles,
Et tous les mots qu’il dit, sont pour lui des oracles.

Molière, Tartuffe, I, 2, Dorine

Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné.

Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d’or (La Fille aux yeux d’or)

Toute lune est atroce et tout soleil amer

Arthur Rimbaud, Le bateau ivre

Mon jeu, mon seul jeu, était le jeu le plus pur : la nage.

Paul Valéry, Variétés

 

Hyperbole politique

[…] la liberté, c’est le bonheur, c’est la raison, c’est l’égalité, c’est la justice, c’est la déclaration des droits, c’est votre sublime constitution ?

Camille Desmoulins, Le vieux Cordelier 

Apprendre ici ce qu’est une métaphore, une anaphore, une allitération, un oxymore