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« Oignon » ou « ognon » ? orthographe

Publié le 28/06/2018
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On peut écrire : « oignon » ou « ognon ». À la rentrée 2016, plusieurs éditeurs de manuels scolaires ont décidé d’appliquer les rectifications de l’orthographe recommandée en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française (CSLF), un organisme gouvernemental français, et dont l’inspiration avait été approuvée par l’Académie française, qui mettait en garde cependant contre « toute imposition impérative des recommandations ». Parmi ces rectifications figurait la modification de la forme « oignon » en « ognon »

À lire ici : « naguère », « jadis » et « antan », quelle différence ?

 

Pourquoi la graphie ognon plutôt qu’oignon ?


Contrairement à d’autres mots dans lesquels le « i » est tombé au fil des siècles (« besoigne » en « besogne », « montaigne » en « montagne », « campaigne » en « campagne », « aigneau » en « agneau »), celui-ci s’est maintenu dans « oignon ». Pourtant, on prononce « ognon » et non « wagnon » (sauf pour s’amuser). Pour rectifier cette bizarrerie, le CSLF avait recommandé de changer « oignon » en « ognon ». Cette dernière forme fait référence pour cette autorité.

Cependant, rien n’oblige un usager à écrire « oignon » à place d’ « ognon ». La forme ancienne reste valide. Les rectifications de 1990 ne sont que des recommandations. L’Académie rappelait d’ailleurs que l’orthographe de ce mot a beaucoup varié au fil des siècles. Les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie en témoignent : 

Dans les éditions de 1718 à 1762, on écrivait oignon ; en 1798, ognon, en 1835 et 1878, on proposait les deux formes ; en 1935 oignon ; dans l’édition actuelle, on écrit oignon en signalant qu’ognon est accepté.

Source

À cette liste, il faut ajouter l’unniun du XIIe siècle, devenu oignun au XIIIe, puis oignon au XIVe. Tous ces termes dérivent du latin unio, « le nombre, l’unité », peut-être parce que l’oignon est le tubercule unique de la plante (contrairement à l’ail par exemple).

Aujourd’hui, il semble peu probable que l’usage prenne en compte cette rectification à moyen terme. Le « piège » du « i » dans « oignon » est bien connu et ne semble pas poser beaucoup de difficultés. La rectification paraît en effet superfétatoire. Cette orthographe fait en outre l’objet d’un attachement patrimonial de la part de nombre de francophones qui aiment les bizarreries de l’orthographe de leur langue, qui lui donnent peut-être le charme de l’ancien.