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Islamabad est la capitale du Pakistan

Publié le 03/07/2018 (m.à.j* le 07/02/2024)
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La capitale du Pakistan est : Islamabad. Islamabad est la capitale du Pakistan depuis 1967. Elle remplace Karachi, capitale du pays à l’indépendance en 1947.

La capitale du Pakistan, Islamabad

Tout comme Naypyidaw, Abuja ou Canberra, Islamabad est une ville nouvelle créée pour devenir capitale. Sa construction a débuté en 1961. Avec 2 millions d’habitants (pour le territoire fédéral), elle est loin d’être la plus grande ville du pays. La municipalité de Karachi, située au sud sur la côte, est la ville la plus importante du Pakistan. Elle compte à elle seule près de 15 millions d’habitants. Elle est suivie par Lahore et ses 11 millions d’habitants, Faisalabad, Rawalpindi, Gujranwala, Peshawar, etc. Karachi reste d’ailleurs la capitale économique, commerciale et financière du Pakistan. Lahore, la capitale du Pendjab pakistanais, est considérée comme la capitale culturelle du Pakistan.

Pourquoi la capitale est-elle Islamabad et pas Karachi ? 

La décision de déplacer la capitale de Karachi à Islamabad fut prise par Ayub Khan, militaire qui dirigea le pays de 1958 à 1969. Des motifs militaires, géopolitiques et ethniques sont à l’origine de ce choix.

Islamabad, une capitale d’un pays en conflit

Islamabad est située dans le nord du Pakistan, non loin de l’Himalaya, dans une région montagneuse. Elle est donc bien plus facile à défendre que Karachi en cas d’invasion étrangère. En effet, une armée voulant envahir le Pakistan ne pourra prendre la capitale ni par le Nord, ni par l’Ouest, ni par l’Est. Elle doit faire un long chemin depuis le Sud. Or, le Pakistan est en conflit larvé avec son voisin indien. Les deux pays se sont affrontés au cours de trois guerres (1947, 1965, 1971). La frontière entre l’Inde et le Pakistan est une des zones les plus militarisées de la planète. Des affrontements y ont lieu régulièrement.

La proximité du Cachemire et de l’Afghanistan

Une des causes de ce conflit réside dans le fait que les deux États se disputent le Cachemire. Cette province a été partagée entre les deux pays à la partition, mais chacun revendique la partie de l’autre. En construisant sa capitale près du Cachemire, le Pakistan a voulu réaffirmer son ambition de reconquérir un jour le Cachemire. On peut en outre noter la proximité de Kaboul, capitale de l’Afghanistan, pays sur lequel le Pakistan essaie d’exercer une influence pour ne pas être pris en tenaille avec l’Inde. En outre, l’Afghanistan compte comme le Pakistan de nombreux Pachtounes.

Islamabad, l’armée, l’islam et la nation pakistanaise

Au reste, Islamabad est voisine de la ville de Rawalpindi, dans laquelle se trouve le quartier général de l’armée pakistanaise. Ce rapprochement géographique symbolise l’imbrication profonde entre pouvoir civil et pouvoir militaire au Pakistan. Cette imbrication s’explique par la structure fragile de l’État pakistanais.

Celui-ci trouve sa légitimité dans l’islam : le Pakistan est l’État des musulmans du sous-continent indien. La partition du Raj britannique a en effet été effectuée en 1947 sur des fondements religieux. « Islamabad », littéralement « la ville de l’islam« , est la capitale logique d’une république qui se déclare islamique. Islamabad synthétise le projet pakistanais. On y trouve d’ailleurs une mosquée gigantesque, la mosquée Faisal, nommée en l’honneur du roi d’Arabie saoudite (1964 – 1975), symbolisant les liens du Pakistan avec l’un des principaux promoteurs de l’islamisme au niveau mondial (voir wahhabismeici et ici).

Il n’y pas de nation pakistanaise comparable à la nation française : le Pakistan est un agrégat de peuples dont l’union est précaire. On trouve au Pakistan de nombreux peuples, dont les principaux sont les Pendjabis (près de 50% de la population), les Pachtounes, les Baloutches, les Sindhis et les descendants de ceux qui ont émigré de l’Inde au Pakistan à la partition, et qui vivent surtout dans le Sind au Sud.

Le Pakistan n’est donc pas un État nation. L’islam est le principal fondement de cet État. L’armée vient combler un vide. Elle est l’armature du Pakistan. De fait, nombre de dirigeants du Pakistan étaient des militaires. Ayub Khan, le général Zia (1978 – 1988) ou Pervez Musharraf (2001 – 2008) en sont des exemples.

Mais l’armée ne représente pas la nation entière. Elle s’appuie surtout sur les élites traditionnelles du Nord qui se méfient des nouveaux venus du Sud. Ainsi, les derniers chefs de l’armée pakistanaise viennent du nord-ouest du Pendjab : Qamar Javed Bajwa, Raheel Sharif et Ashfaq Kayani. Le chef de l’armée est le personnage le plus influent du Pakistan.

Il paraissait logique de rapprocher la capitale du véritable pivot du pays. Islamabad est placée au centre d’un territoire fédéral : elle n’appartient donc à aucune province et peut représenter formellement la diversité du peuple pakistanais. En réalité, le territoire de la capital, en plus d’être proche de Rawalpindi, est enclavé entre deux provinces réputées loyales : le Penjab, peuplé par les Pendjabis, qui représentent près de 50% de la population, et le Khyber Pakhtunkhwa, peuplé par les Pachtounes, qui représentent près de 15% de la population.

Elle est éloignée et protégée du Balouchistan, au Sud-Ouest, peuplé par les Baloutches, rebelles au pouvoir, et des Muhajir people, les descendants des musulmans venus d’Inde après la partition et installés dans le Sind.

Voir ici :