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« Viêt Minh » et « Viêt Cong » : quelle différence ?

Publié le 24/12/2017
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Le Viêt Nam est, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, un territoire de l’Indochine française, colonie fondée en 1887.

Une première guerre, la guerre d’Indochine, oppose de 1946 à 1954 des indépendantistes vietnamiens, cambodgiens et laotiens d’inspiration communiste aux forces françaises. Ce conflit entre de plain-pied dans la guerre froide naissante, l’armée française étant massivement soutenue par les États-Unis.

Sur le territoire du Viêt Nam actuel, les Français combattent avant tout un ennemi connu sous le nom de Viêt Minh, une organisation politique et militaire luttant pour l’indépendance du Viêt Nam. Cette guerre se termine par les accords de Genève signés le 20 juillet 1954 qui donnent naissance à quatre États : le royaume du Cambodge, le royaume du Laos et deux États vietnamiens, la République démocratique du Viêt Nam (communiste, au Nord) et la République du Viêt Nam (pro-américaine, au Sud).

Une deuxième guerre, connue sous le nom de « guerre du Viêt Nam », moment saillant de la guerre froide, oppose de 1955 à 1975, les forces armées du Viêt Nam du Sud, soutenues par les États-Unis et leurs alliés, à des rebelles communistes qui mènent une guérilla dans les campagnes, le Viêt Cong, qui a pour lui le soutien de la République démocratique du Viêt Nam et du bloc communiste.

 

Qu’est-ce que le Viêt Minh ? 


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Le général Giap et Hô Chi Minh | Wikimedia Commons

La naissance du Viêt Minh

Viêt Minh est la contraction de Viêt-nam Dôc Lâp Dông Minh Hôi, soit le « Front pour l’indépendance du Viêt Nam »Cette organisation politique est fondée en mai 1941 dans le Tonkin, la partie septentrionale du Viet Nâm, encore partie de l’Indochine, alors que l’armée impériale japonaise, présente sur ce territoire, exerce une pression constante sur l’administration française pour obtenir des avantages.

Le Viêt Minh se se présente comme une organisation fédératrice rassemblant l’ensemble des forces indépendantistes hostiles à la présence française et japonaise. En réalité, les communistes du parti communiste indochinois forment la colonne vertébrale de l’organisation. Pour accroître leur influence et obtenir le soutien des masses populaires, ils jouent la carte du nationalisme plutôt que de chercher à rassembler autour de leur programme révolutionnaire.

Les forces d’occupation japonaises ont mis en coupe réglée le Viet Nâm dont ils exploitent les ressources afin de nourrir leur effort de guerre. En 1945, le pays connaît en outre une famine à cause de mauvaises récoltes. Les Américains, par l’intermédiaire de l’OSS (Office of Stratefic Services, ancêtre de la CIA) soutiennent alors la guérilla que mène le Viêt Minh contre les Japonais en leur fournissant des armes.

 

La révolution d’Août

Le 9 mars 1945, les Japonais organisent un coup de force et prennent le contrôle total de la colonie. Le Japon finit par capituler en août de la même année. Ils encouragent les indépendances locales et laissent un vide de pouvoir qui permet aux forces du Viêt Minh d’agir. Les troupes de cette dernière, dirigée par le général Giap, entrent à Hanoï. L’empereur du Viet Nâm Bao Dai, qui régnait sur le Viet Nâm sous la période coloniale, abdique le 25 août. Le jour de la capitulation du Japon, le 2 septembre, Hô Chi Minh proclame l’indépendance de la République démocratique du Viet Nâm. Ces événements sont connus sous le nom de « Révolution d’Août« .

 

Le Viêt Minh et la guerre d’Indochine

Les Français et le Viêt Minh ne parviennent cependant pas à trouver un accord sur l’indépendance ce qui mène au déclenchement de la guerre d’Indochine, conflit qui oppose les campagnes aux mains des indépendantistes aux des zones urbaines contrôlées par l’armée française. Si le Viêt Minh est officiellement fondu en 1951 dans une autre organisation, le Liên Viêtle nom reste dans l’opinion et continue d’être employé.

Après la défaite française de Dien Bien Phu en mai 1954, la France connaît une crise gouvernementale qui permet à Pierre Mendès France d’arriver à la présidence du Conseil. Il entreprend de signer la paix. La conférence de Genève de juillet 1954 débouche sur des accords qui divisent le Viet Nâm entre un Nord communiste, et un Sud sous influence occidentale.

Les deux États auraient dû être réunifiés en 1956 après des élections communes organisées sous la supervision d’instances internationales. Mais Ngo Dinh Diem, premier ministre du Viet Nâm du Sud, catholique et anticommuniste, refuse l’organisation des élections. Des rebelles du Viêt Minh, restés au Sud après les accords de Genève, donneront naissance au Viêt Cong. 

 

Qu’est-ce que le Viêt Cong ?


 

Le Viêt Cong, des forces rebelles au Sud

Le Viêt Cong désigne les forces de guérilla agissant au Sud Viet Nâm (la République du Viet Nâm), de 1954 jusqu’à l’annexion de ce pays par son voisin du Nord, la République démocratique du Viêt Nam, en 1976.

Dès la partition, des membres de sectes religieuses et d’anciens membres du Viêt Minh restés au Sud commencent à mener des opérations clandestines contre le gouvernement et ses soutiens : assassinats d’étrangers, de « traitres », de membres du gouvernement, etc. Ils mènent en outre des actions de propagande pour informer les populations des crimes et de la corruption des leaders du Sud, et faire la promotion de la réforme agraire proposée par les communistes. Ils bénéficient du soutien du Nord, qui infiltre ses hommes et arme les rebelles.

Les actions du Viêt Cong se transforment progressivement en guérilla puis en guerre régulière. Ses hommes mènent une guerre d’embuscade, de sabotages et de bombardements depuis ses bases dans les campagnes et zones reculées. Il recrute ses effectifs au Sud, au sein des populations marginalisées par le pouvoir ou souffrant de la corruption et d’exactions.

En décembre 1960, le Viêt Cong donne naissance au Front national du libération du Sud, dont le programme en 10 points a pour coeur le renversement du gouvernement du Sud Viet Nâm soutenu par les Américains.

 

La victoire du Viêt Nam du Nord et du Viêt Cong 

Les États-Unis, à partir de la présidence John Fitzgerald Kennedy (20 janvier 1961 – 22 novembre 1963) intensifient leur engagement militaire, avec pour premier objectif l’éradication du Viêt Cong.

Si l’offensive du Têt en 1968 est catastrophique pour le Viêt Cong du fait d’importantes pertes humaines, elle impressionne l’opinion publique américaine dont l’hostilité à la guerre s’intensifie.

Finalement, sous la présidence de Richard Nixon (20 janvier 1969 – 9 août 1974), les Américains se désengagement progressivement de la guerre. Le 30 avril 1975, Saïgon, l’actuelle Hô-Chi-Minh-Ville, est prise par l’armée du Viêt Nam du Nord. Le gouvernement révolutionnaire provisoire de la république du Sud Viêt Nam, créé en 1969, remplace, l’ancien gouvernement pro-américain du Sud.

Le Nord et le Sud sont réunis en 1976 pour donner naissance à la République socialiste du Viêt Nam actuelle.