161 Vues
Enregistrer

Pisser dans un violon : définition & origine [expression]

Publié le 30/06/2021
2 commentaires

Pisser dans un violon signifie : faire quelque chose qui ne sert à rien, être inefficace, faire quelque chose et n’obtenir aucun résultat. Synonyme : peigner la girafe (voir ici pour en savoir plus)

Pisser dans un violon : origine de l’expression

L’image parle d’elle-même : pisser dans un violon est incongru. Cela ne sert à rien. Cela ne permet pas de faire de la musique. En revanche, il est plus difficile de savoir pourquoi « pisser », et pourquoi dans un violon. L’image reste obscure. Alain Rey et Sophie Chantreau (Dictionnaire d’expressions et locutions) supposent l’existence d’une expression argotique plus ancienne avec « souffler » ou « siffler », mais rien ne l’atteste.

Autre hypothèse, « violon » a servi de synonyme à « prison », ce qui pourrait expliquer le choix de la préposition de lieu « dans ». Mais l’image se construit difficilement : pourquoi le fait de pisser dans la prison serait-il lié à l’inefficacité ? On pourrait se perdre en conjectures.

Cette expression émerge en tout cas dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Un dictionnaire wallon-français s’en sert pou définir un terme, et évoque aussi « pisser dans un panier ». On trouve aussi :

La mère Chrysostome p…. dans sa casserole, et de la chose elle en asperge la ruche avant d’y introduire l’essaim… Ça n’est pas neuf, on trouve ça dans de vieux livres ; mais ça n’en est pas plus propre, et entre nous, ça ne fait pas plus d’effet qu’à pisser dans un violon.

L’Apiculteur : bulletin de la Société centrale d’apiculture, 1865

Plus anciennement, une revue de 1840 y fait référence :

M. Bonardin. Tiens, qu’est-ce que ça fait, pourvu que tout soit dans le fusil ? 

Le commandant. Ça fait, voltigeur, que c’est comme si vous répandiez un liquide quelconque dans un violon… Vous m’avez entendu, Messieurs… charge à volonté !…

La Mode: revue …

Exemples

Tête brûlée, Jean-Manu était allé planquer devant la demeure d’Olivier Corel, dit l’émir blanc, formateur idéologique des frères Merah. Il riait : «On verra qui de moi ou des poulets le débusque en premier !» Même tarif dans les mosquées radicales toulousaines, où il se pointait carnet et stylo en main. «Fais gaffe quand même», lui rétorquait-on, conscients de pisser dans un violon.

Liberation.fr

— Depuis ce matin, ajoute Acajou en ricanant, chaque fois qu’il nous donne un ordre, c’est comme s’il pissait dans un violon pour faire de la musique. Quand on a un frère à venger, conclut-il tragiquement, on ne connaît plus rien.

Georges Darien, Birbi