« Prendre la poudre d’escampette » : ce que cache vraiment cette formule étonnante

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C’est le genre d’expression qu’on utilise avec le sourire, souvent pour dire qu’on a filé à l’anglaise, esquivé une corvée ou quitté une réunion un peu trop longue. Prendre la poudre d’escampette, ça évoque un départ discret, presque théâtral. Mais derrière ce tour de passe-passe verbal se cache une origine bien plus ancienne qu’on ne le croit.

L’expression plonge ses racines dans le XIXe siècle, mais elle s’appuie sur un verbe bien plus ancien : escamper, qu’on croisait déjà au Moyen Âge. Ce verbe un peu oublié signifiait s’enfuir rapidement, disparaître sans laisser de trace. Quant à la fameuse “poudre”, elle renvoie à l’idée de vitesse, voire de disparition soudaine, comme si l’on avait lancé une poignée de poudre magique avant de se volatiliser.

L’image est claire : on fuit, mais pas n’importe comment. Avec style, rapidité… et une pointe d’humour.

Escampette, un mot qui file vite… et bien

Mais alors, c’est quoi cette fameuse escampette ? Si vous pensiez qu’il s’agissait d’un petit animal ou d’un objet ancien, vous n’êtes pas seul. Pourtant, il ne s’agit que d’une forme dérivée et familière du vieux verbe escamper. Un mot oublié dans la conversation moderne, mais qui a légué une expression encore bien vivante.

On pourrait presque imaginer un personnage de comédie, en costume d’époque, levant les bras au ciel avant de disparaître en criant : « Je prends la poudre d’escampette ! ». Car il y a quelque chose de malicieux et bondissant dans cette tournure. On ne fuit pas dans la panique, on s’éclipse avec panache, comme un voleur de théâtre ou un acrobate rusé.

Cette légèreté dans l’expression, c’est peut-être ce qui explique son succès encore aujourd’hui. On l’emploie sans y penser, mais elle évoque toujours un départ vif, presque joyeux. Une manière élégante de dire : « Je ne vais pas m’attarder ici ! »

Une touche intraduisible en anglais

Et en anglais, alors ? Y a-t-il un équivalent à cette formule si française ? Pas vraiment. Les Anglo-Saxons parlent de “taking to one’s heels” (prendre ses jambes à son cou), ou de “making a run for it”, pour évoquer une fuite rapide. D’autres tournures, comme “to take flight” ou “to vanish in a flash”, rendent bien l’idée de disparition, mais sans cette note imagée et drôle propre à notre “escampette”.

C’est souvent le cas avec les expressions idiomatiques : elles résistent aux traductions mot à mot, car elles portent en elles un univers culturel. En français, “prendre la poudre d’escampette” dit bien plus qu’un simple départ précipité : elle invite à visualiser la scène, à sentir presque la poussière soulevée par la fuite.

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