Pourquoi dit-on “courir comme un dératé” ? L’explication va vous étonner

⏳ Temps de lecture : 2 minutes

Sous nos ciel bleu, nombreux sont les joggeurs surpris par une douleur vive sous les côtes, comme un rappel brutal que notre corps a ses limites. Cette image de l’athlète pris d’un coup de folie, courant « comme un dératé », plonge ses racines dans des croyances médicales anciennes et… surprenantes !

« Courir comme un dératé » : d’où vient cette expression ?

Au cœur de l’Antiquité, les médecins attribuaient systématiquement le point de côté à la rate : organe mystérieux, placé juste sous les côtes, jugé responsable de cette douleur lancinante. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, préconisait même de préparer une décoction de prêle (equisetum) pour « assécher » la rate des coureurs avant l’effort, convaincu que cela soulagerait les athlètes (Pline l’Ancien, Livre XXVI, chap. LXXXXIII). L’idée sous-jacente ? Une rate trop « hydratée » entraverait la respiration et forcerait à des foulées désordonnées, d’où la course « dératée ».

Mieux sans rate ?

Plus audacieuse encore fut la solution de certains praticiens de la Renaissance : préconiser l’ablation pure et simple de la rate pour que le coureur n’éprouve plus jamais ce point de côté, tout en espérant aussi réduire sa « bile noire »—source de mélancolie selon la théorie des humeurs. Cette splénectomie théorique, bien qu’aberrante selon nos connaissances actuelles sur l’immunité, témoigne d’une époque où l’étymologie populaire dicte la pratique médicale (Revue d’Histoire de la Médecine, 1985).

J’ai un ami marathonien, Thomas, qui m’a confié que lors de son premier semi, il a crû qu’on pourrait « lui retirer la rate » pour qu’il ne souffre plus jamais de point de côté ! Heureusement, une pause hydratation et quelques étirements ont suffit à le remettre sur pied, prouvant qu’il n’est nul besoin de gestes extrêmes pour soigner ce mal.

Une idée maintenue

Malgré l’échec des tentatives chirurgicales sur animaux et humains, l’expression a perduré jusqu’à nos jours, souvent sans que l’on se rappelle l’origine littérale. Pierre Gripari l’illustre à merveille dans ses récits, où ses personnages « courent comme des dératés », c’est-à-dire avec l’énergie débridée d’un organisme en détresse (Gripari, La Vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie Gripotard, 1980).

Aujourd’hui, on utilise toujours cette formule pour décrire ceux qui s’élancent à toute vitesse, qu’ils soient sprinters improvisés dans un parc ou enfants fuyant les éclaboussures. Ce mystère étymologique ajoute une touche de folklore à notre langage courant, rappelant que derrière chaque expression se cache une histoire parfois cocasse, parfois sérieuse, mais toujours riche d’enseignements.

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    📋 Sommaire