Vous pensiez que l’école française formait correctement vos enfants ? Détrompez-vous. L’enquête internationale TIMSS 2023, dévoilée ce mercredi 4 décembre, révèle une réalité brutale : nos élèves de CM1 et quatrième figurent parmi les derniers de classe européens en mathématiques et sciences.
Cette étude, menée par l’Association internationale pour l’évaluation de la réussite éducative (IEA), a passé au crible 4 700 élèves français de CM1 et 4 500 collégiens. Les résultats ? Un véritable électrochoc pour le système éducatif français.
Des chiffres qui font froid dans le dos
Imaginez votre enfant en CM1. Il obtient 484 points en mathématiques et 488 en sciences. Ces scores le placent automatiquement sous la moyenne européenne de 524 points en maths et 518 en sciences.
La bonne nouvelle ? Ces résultats restent stables depuis 2019. La mauvaise ? Cette stabilité cache une aggravation dramatique des inégalités entre filles et garçons.
En mathématiques, l’écart bondit de 13 points en 2019 à 23 points en 2023 en faveur des garçons. C’est comme si les filles perdaient plusieurs mois d’apprentissage par rapport à leurs camarades masculins.
Quand les stéréotypes sabotent l’apprentissage
Pourquoi cette chute spectaculaire des performances féminines ? Les experts pointent du doigt les stéréotypes de genre qui s’installent dès la maternelle.
Clémence Perronnet, sociologue spécialiste du sujet, explique : “Lorsqu’il s’agit de se représenter une personne particulièrement intelligente, les enfants ne font aucune différence selon le sexe à 5 ans, tandis qu’à partir de 6 ans les filles commencent à se représenter un homme”.
Cette prophétie autoréalisatrice se traduit par une perte de confiance massive chez les jeunes filles. En classe de sixième, l’écart de “sentiment d’efficacité” atteint 15 points en faveur des garçons.
La France, championne des inégalités sociales
Voici un classement dont nous nous passerions bien. La France figure parmi les pays les plus inégalitaires de l’Union européenne et de l’OCDE en mathématiques.
L’écart entre les élèves très favorisés et très défavorisés atteint 81 points en CM1. Pour vous donner une idée, cela représente plus d’une année scolaire de différence dans l’acquisition des compétences.
- Milieu très favorisé : scores élevés, confiance en soi
- Milieu défavorisé : décrochage précoce, manque de ressources
- Écart qui se creuse : 81 points de différence
Le collège : une situation qui empire
En classe de quatrième, la situation ne s’améliore pas. Nos collégiens obtiennent 479 points en mathématiques et 486 en sciences, soit respectivement 28 et 23 points sous la moyenne européenne.
La France se retrouve dans le trio de queue avec le Portugal, Israël et les États-Unis. Seul le Chili fait pire que nous. Une position indigne d’un pays qui prétend former l’élite de demain.
Singapour : le modèle qui fait rêver
Pendant que la France stagne, Singapour caracole en tête des classements internationaux. Leur secret ? Une méthode d’apprentissage révolutionnaire que Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, a décidé d’adopter.
Cette approche repose sur trois piliers fondamentaux : manipulation concrète, représentation imagée, puis abstraction. Les élèves singapouriens apprennent les fractions dès le CE1 et maîtrisent les quatre opérations en CP.
Monica Neagoy, experte de cette méthode, précise : “Il ne faut pas passer trop vite à l’abstrait. La verbalisation est une phase essentielle pour mettre un haut-parleur sur la pensée des élèves”.
280 000 enseignants formés… pour quel résultat ?
Voici le paradoxe français. Depuis 2017, le gouvernement a investi massivement dans la formation des professeurs des écoles. 280 000 enseignants ont bénéficié du “plan mathématiques”.
Résultat ? Aucune amélioration notable. Pire, les inégalités se creusent. Cette situation interpelle sur l’efficacité réelle des formations dispensées.
Charles Torossian, directeur de l’Institut des hautes études de l’éducation, reconnaît : “On ne bougera pas si chacun reste dans sa classe en pensant appliquer les bonnes recettes”.
L’urgence d’une révolution pédagogique
Face à ce constat alarmant, 15% des élèves français ne maîtrisent pas le niveau élémentaire en mathématiques. En sciences, 12% se situent au plus bas niveau contre 7% en moyenne dans les autres pays.
L’introduction de la méthode de Singapour dès 2024 représente-t-elle la solution miracle ? Les experts restent prudents. Cette approche nécessite du matériel spécifique, une formation approfondie des enseignants et surtout une révolution culturelle.
Votre enfant mérite mieux que la dernière place
Ces résultats TIMSS 2023 sonnent comme un signal d’alarme pour tous les parents français. Vos enfants méritent un enseignement de qualité, au niveau de leurs voisins européens.
La France dispose des compétences et des ressources pour inverser cette tendance. Il faut maintenant la volonté politique et pédagogique pour transformer ce défi en opportunité. L’avenir de nos enfants en dépend.
Car derrière ces chiffres se cachent des milliers d’élèves qui perdent confiance en leurs capacités. Il est temps de leur redonner le goût des mathématiques et des sciences.