L’origine inattendue de “caresser dans le sens du poil” va vous surprendre

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Imaginez un matin de réunion, où l’un de vos collègues vous sourit plus qu’à son habitude, éloge maladroit glissé à chaque phrase… Vous venez d’être “caressé dans le sens du poil”. Cette tournure, aujourd’hui si courante, puise son imaginaire dans la douceur des animaux : lorsqu’on suit le sens naturel de leur fourrure, la caresse est agréable, sinon elle gratte et rebute. Appliquée aux relations humaines, l’expression signifie offrir une flatterie sans heurt, adopter une attitude de complaisance pour ne pas froisser l’autre. Derrière cette image calme et poétique, se cache souvent une stratégie savamment calculée, visant à obtenir un avantage dans un contexte social ou professionnel (CNRTL).

Caresser ou brosser dans le sens du poil : quelle est l’origine de cette expression ?

Au XVIᵉ siècle, déjà, les récits de cour mentionnaient cette métaphore liée aux animaux à fourrure. Suivre “dans le sens du poil” évoquait la bienveillance pure : on respecte le mouvement naturel, on ne crée pas d’irritation. À l’inverse, frotter “à rebrousse-poil” devenait synonyme de gêne et d’opposition. Les premiers dictionnaires, comme celui de Richelet (1680), recensent la formule “brosser dans le poil” pour décrire l’action de plaire à tout prix. Aujourd’hui, le Larousse définit “caresser dans le sens du poil” comme « flatter habilement pour séduire ou s’attirer les bonnes grâces » (Larousse).

Les synonymes de “caresser dans le sens du poil”

Dans la même veine imagée, plusieurs expressions partagent l’idée de cette hypocrisie douce :

  • Flatter quelqu’un : le terme le plus direct, parfois perçu comme sincère ou calculé selon le contexte. 
  • Ménager quelqu’un : atténuer ses propos pour éviter tout conflit. 
  • Aller dans son sens : adopter systématiquement l’avis d’un tiers. 
  • Lécher les bottes : familièrement critique, l’image souligne la soumission totale. 
  • Passer de la pommade : insiste sur l’aspect artificiel et oint, souvent moqué dans le langage familier. 

Chacune de ces variantes met en lumière une nuance de soutien ou de duplicité, selon que l’intention soit bienveillante ou intéressée.

Un poil dans la main, au poil et autres expressions à poil !

La richesse du langage imagé français fait la part belle au “poil”. Voici quelques tournures qui parsèment nos conversations :

  • Avoir un poil dans la main : qualifier la paresse extrême, comme si la main se couvrait de fourrure pour ne rien faire. 
  • Au poil ou pile-poil : dire que tout est parfait, que la situation tombe exactement “juste”. 
  • Être de mauvais poil : remonter au XIXᵉ siècle, quand l’humeur était liée à l’apparence extérieure, à la manière dont le poil se présentait. 
  • Reprendre du poil de la bête : retrouver sa vigueur, issu d’une croyance populaire selon laquelle le poil d’un animal soignait les blessures. 

Chacune de ces expressions, comme autant de petites fenêtres sur notre histoire linguistique, nous rappelle que le français est un océan d’images et de créativité, où chaque mot, même le plus anodin, peut vous surprendre par ses racines et ses rebondissements.

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