Les encouragements jouent un rôle fondamental dans le développement des enfants. C’est un peu comme des étincelles qui viennent nourrir leur confiance en eux et les aident à avancer. Mais que se passe-t-il quand ces encouragements font défaut durant l’enfance ? Les répercussions peuvent perdurer bien au-delà des années scolaires et marquer à vie.
L’impact des encouragements pendant l’enfance
Depuis leur plus jeune âge, les enfants ont besoin d’être valorisés. Selon le Dr Yasmine Liénard, psychothérapeute cognito-comportementaliste, les encouragements parentaux sont essentiels pour renforcer la confiance de l’enfant dans ses propres capacités. “Quand les parents montrent de l’enthousiasme pour les réussites de leur enfant, cela le stimule à persévérer et à aller toujours plus loin”, explique-t-elle. Cependant, tous les enfants ne reçoivent pas la même quantité de félicitations et certains en manquent cruellement. Ce manque peut laisser des traces profondes et visibles à l’âge adulte.
Le Dr Liénard insiste sur le fait que l’absence d’encouragements ne signifie pas nécessairement qu’un parent est maltraitant. “Les parents ont leurs préoccupations, et un enfant n’est pas toujours parfait”, reconnaît-elle. Néanmoins, cette carence en valorisation peut aller d’une simple négligence à une véritable dévalorisation, conduisant parfois à des formes de maltraitance. Selon l’experte, il existe un continuum : un excès d’encouragements (proche de 100%) pourrait mener à une survalorisation, tandis qu’une absence complète (0%) mène à un manque d’intérêt flagrant pour l’enfant.
Pourquoi ce manque d’encouragement peut se transmettre
Parfois, les parents eux-mêmes n’ont pas reçu suffisamment d’attention ou de reconnaissance lorsqu’ils étaient enfants. Cette absence de valorisation peut les amener à reproduire ce modèle avec leurs propres enfants. Il arrive également que des parents en difficulté émotionnelle (comme la dépression ou un stress intense) aient du mal à féliciter ou encourager leur enfant. Dans ce cas, il est difficile pour eux d’éprouver une réelle joie pour les progrès de leur enfant. Cela peut avoir des conséquences lourdes sur le développement de l’enfant, l’incitant à chercher constamment de l’attention et de l’approbation.
Les conséquences de ce manque d’encouragement pendant l’enfance
Les enfants privés de soutien émotionnel peuvent manifester plusieurs comportements en réponse à cette carence :
- Chercher à être spécial à tout
prix : Un enfant qui n’a pas
reçu l’attention nécessaire peut chercher à briller en tout temps.
Cela peut se traduire par des comportements comme vouloir être le
meilleur en classe ou impeccable sur le plan physique. L’important
pour lui est de ne pas être invisible aux yeux des adultes, car il
associe cette invisibilité à une absence de valeur.
- Développer des symptômes de
dépression : L’enfant qui manque
d’encouragement peut aussi développer un sentiment de vide
intérieur, se croyant inintéressant. Il peut se désintéresser de
l’école ou avoir des comportements proches du TDAH
(trouble du déficit de l’attention),
comme une incapacité à se concentrer.
À l’âge adulte, ces conséquences peuvent se manifester de manière plus complexe, particulièrement lorsqu’on ne comprend pas les origines du mal-être :
- Le déni et la fuite en avant
: L’adulte peut se retrouver dans un
mode de compensation, cherchant à surperformer dans sa carrière ou
à multiplier les réussites sociales, pour ne pas faire face à ses
blessures émotionnelles non traitées. C’est une sorte de fuite en
avant pour échapper à ses sentiments non exprimés.
- Des difficultés affectives
: Dans les relations amoureuses, ces
individus peuvent développer des attachements anxieux
ou même une dépendance affective,
cherchant sans cesse à être rassurés par leurs partenaires, car
leur propre estime de soi reste fragile.
- Les séquelles les plus graves
: Dans certains cas extrêmes, ce
manque d’encouragement peut conduire à des comportements plus
graves comme des addictions, des idées suicidaires, ou des troubles
psychiatriques. D’autres personnes peuvent même développer des
douleurs chroniques, une manifestation physique de ces blessures
émotionnelles anciennes.
Comment surmonter ces séquelles ?
Il est important de comprendre que, même si l’on n’a pas eu un parcours parfait, il est toujours possible de changer sa manière de fonctionner. Le Dr Liénard rappelle qu’aucun parent n’est parfait, mais que l’objectif est d’essayer de trouver un équilibre dans l’éducation. Elle conseille aux parents de travailler sur leur propre passé et d’être conscients de leurs schémas éducatifs pour ne pas les répéter avec leurs enfants.
Pour les adultes qui souffrent encore des conséquences de ce manque d’encouragement, il existe des solutions. La régulation des émotions et le travail sur l’estime de soi sont possibles grâce à des approches thérapeutiques comme la méditation, les thérapies comportementales et cognitives, ou encore les techniques corporelles qui aident à reconnecter le corps et l’esprit.
Il n’est jamais trop tard pour se reconstruire et donner une nouvelle direction à sa vie, en commençant par se donner la permission de s’aimer et de se valoriser, sans attendre une reconnaissance extérieure.