
⏳ Temps de lecture : 2 minutes
L’orthographe, autrefois symbole d’excellence scolaire, semble filer entre les doigts de nos écoliers. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en près de trente ans, le nombre de fautes commises lors d’une même dictée par des élèves de CM2 a presque doublé. Une étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) vient confirmer ce que beaucoup d’enseignants observent sur le terrain : la maîtrise du français s’effrite.
Un bond inquiétant des erreurs
En 1987, un élève de CM2 faisait en moyenne 10,6 fautes sur un texte court de 67 mots. En 2007, on montait à 14,3, et en 2015, la barre des 17,8 erreurs a été franchie. Autrement dit, la tendance est clairement à la hausse. Plus frappant encore, près d’un enfant sur cinq a dépassé les 25 fautes, un score qui aurait autrefois tenu du cas exceptionnel. Dans les salles de classe, cela se traduit par des cahiers truffés d’accords oubliés, de conjugaisons hasardeuses et de mots phonétiquement inventés.
La grammaire en première ligne
L’étude pointe un responsable majeur : la non-application des règles grammaticales. Les mots simples comme « maison » ou « chien » sont bien orthographiés par la majorité, mais dès qu’il s’agit d’accorder un adjectif ou un verbe, c’est la débandade. Exemple marquant : en 2015, seuls 25,7 % des élèves ont accordé correctement l’adjectif « inquiets » au pluriel, contre près de la moitié en 1987. Ces erreurs traduisent souvent un manque de réflexes acquis, là où les générations précédentes bénéficiaient d’un entraînement plus intensif.
Toutes les familles concernées
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la baisse du niveau ne touche pas seulement les milieux défavorisés. Les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures sont aussi concernés : ils ont doublé leur moyenne de fautes en moins de dix ans, passant de 6,6 à 13,2. Chez les enfants d’ouvriers, le constat est tout aussi préoccupant, avec une moyenne passée de 17,4 à 19,2 fautes. Les inégalités sociales restent visibles – les élèves issus de milieux favorisés conservent de meilleurs scores – mais la tendance générale reste à la détérioration globale.
Lien direct avec la lecture
Autre observation importante : ceux qui accumulent les fautes à la dictée sont souvent les mêmes qui peinent en lecture. La maîtrise de l’orthographe et la compréhension écrite sont étroitement liées, comme le rappellent de nombreuses recherches pédagogiques. Un élève qui lit peu ou difficilement aura plus de mal à mémoriser les structures correctes de la langue.
Les nouveaux programmes comme espoir
La ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Najat Vallaud-Belkacem, a rappelé que l’étude portait sur des enfants ayant commencé le primaire avant l’application des nouveaux programmes de français, en 2016. Ces réformes visent à renforcer la cohérence et la progressivité de l’enseignement, avec un accent particulier sur la consolidation des bases. Reste à voir si ces ajustements permettront de freiner cette érosion linguistique.
En attendant, enseignants et parents rivalisent d’imagination pour remettre le goût des mots au cœur du quotidien : dictées courtes mais régulières, lecture à voix haute en famille, jeux de vocabulaire. Car l’orthographe, au-delà de la note sur un bulletin, reste une clé essentielle pour s’exprimer, comprendre et se faire comprendre.











Laisser un commentaire