Ces 10 expressions parisiennes cachent des histoires surprenantes

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On utilise souvent ces expressions sans en connaître les origines. Pourtant, bon nombre d’entre elles ont des racines étonnamment ancrées dans l’histoire parisienne. Du métro à Notre-Dame, en passant par les Grands-Ducs russes, les rues de Paris ont nourri notre langage courant d’anecdotes étonnantes. Voici dix expressions populaires dont les racines remontent aux pavés de la capitale.

Métro, boulot, dodo

Derrière cette formule devenue un symbole de la routine urbaine, se cache l’imaginaire d’un Parisien désabusé. Inventée dans les années 1950 par un libraire de la rue Monsieur-le-Prince, elle résume le quotidien monotone des travailleurs de la capitale : on prend le métro, on travaille, on dort. Et on recommence. Cette formule, aussi ironique que poétique, s’est vite imposée dans tout l’Hexagone.

Ça se bouscule au portillon

Rien que d’imaginer la foule impatiente dans le métro parisien donne déjà le ton. À l’époque des poinçonneurs – ces employés qui validaient les billets aux portillons du métro –, les files d’attente devenaient vite chaotiques à l’heure de pointe. L’expression a naturellement trouvé sa place dans le langage courant pour désigner toute situation de grande affluence… ou une envie pressante.

Midi pétante

L’expression peut faire sourire, surtout quand on l’entend chez les anciens. Pourtant, elle a une origine bien concrète : en 1786, un petit canon solaire était installé dans le jardin du Palais-Royal. À midi pile, un rayon de soleil concentrait sa chaleur via une loupe sur la poudre du canon, provoquant une détonation. Un système ingénieux pour ceux qui n’avaient pas de montre, et une tournure de phrase qui a traversé les siècles.

On ne va pas attendre cent-sept ans

Cette hyperbole traduit une impatience bien française. Le chiffre 107 ne sort pas de nulle part : selon une légende tenace, c’est la durée du chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Même si les historiens s’accordent sur une construction étalée sur plus d’un siècle et demi, l’idée reste la même : trop, c’est trop.

V’là les poulets

Non, les policiers ne sont pas comparés à des volailles sans raison. Après la Commune de Paris, la Préfecture de Police s’installe dans une ancienne halle aux volailles sur l’île de la Cité. Les Parisiens, jamais en manque d’humour piquant, surnomment alors les agents de l’ordre… les « poulets ». Depuis, l’expression est restée, bien qu’à manier avec précaution.

Entrer à l’œil

Qui n’a jamais tenté d’échapper au prix d’entrée dans un lieu festif ? L’expression nous ramène aux années 1900, lorsque la brigade de la Mondaine surveillait les maisons closes parisiennes. Leurs inspecteurs arboraient un insigne en forme d’œil qui leur permettait d’entrer gratuitement. De là est née l’idée d’entrer « à l’œil », c’est-à-dire sans rien payer.

Payer en monnaie de singe

Cette tournure un peu moqueuse date du Moyen Âge. Les artistes de rue souhaitant accéder à l’île de la Cité devaient normalement payer un droit de passage. Mais s’ils possédaient un singe capable d’exécuter des tours, cela suffisait comme paiement. D’où cette expression qui désigne aujourd’hui une forme de paiement fictif… ou carrément douteux.

Être charrette

Loin de ce que son nom pourrait suggérer, être « charrette » signifie être dans le jus, pressé par le temps. L’expression trouve ses origines dans les écoles d’architecture parisiennes : lorsqu’un élève était en retard, il faisait appel à un vendeur ambulant de la gare Montparnasse pour transporter ses plans en charrette, espérant ainsi grappiller quelques précieuses minutes.

Faire la tournée des Grands-Ducs

À la fin du XIXe siècle, les aristocrates russes en visite à Paris avaient la réputation de faire la fête sans retenue. Ils fréquentaient les plus grandes brasseries, cabarets et salons huppés. Leurs soirées devenaient rapidement légendaires, au point que l’expression est restée pour désigner une virée nocturne arrosée et luxueuse.

C’est la fête à Neu-Neu

Moins connue des non-Parisiens, cette expression fait référence à la fête foraine de Neuilly-sur-Seine, baptisée affectueusement « Neu-Neu » par les habitants dès 1815. Elle renaît sous ce nom dans les années 2000, après une longue interruption. Aujourd’hui encore, dire que c’est la fête à Neu-Neu, c’est évoquer une ambiance un peu trop bruyante, populaire, voire un brin kitsch.

Bien plus que de simples tournures, ces expressions sont les témoins vivants d’un Paris haut en couleur. En les utilisant, sans toujours le savoir, on fait revivre les ruelles animées, les anecdotes historiques et l’ironie tendre qui font tout le charme de la capitale française.

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