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La génération Z est en train de perdre une compétence millénaire : faut-il s’inquiéter ?

Publié le 11/08/2025
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Depuis l’invention de l’écriture cursive il y a près de 5 500 ans, le geste d’inscrire ses pensées sur le papier a façonné notre façon de penser. Aujourd’hui, la génération Z, née entre 1997 et 2012, risque de voir cette habileté se déliter sous l’emprise du tout-numérique. Quels en sont les signes et les enjeux ? Éléments de réponse à travers deux grandes questions.

La génération Z ne sait plus écrire de manière manuscrite ?

Selon une étude de l’Université de Stavanger, près de 40 % des jeunes de la génération Z éprouvent des difficultés à composer un texte lisible à la main, niveau élémentaire ; un phénomène inouï depuis l’Antiquité. Le passage du stylo au clavier sous prétexte de rapidité ne suffit pas à expliquer ce glissement : l’écriture manuscrite stimule le cerveau autrement que la frappe, en renforçant la mémoire et la compréhension, rappelle l’UNESCO.

Anecdote : Lors d’un séminaire, j’ai vu une étudiante rédiger son exposé sur tablette, sans même esquisser une esquisse manuscrite. Quelques mois plus tard, elle hésitait à inscrire une simple liste de courses sur un bout de papier, un geste jadis anodin !

Sur le terrain, la professeure Nedret Kiliceri, de l’Université d’Istanbul, rapporte que beaucoup d’étudiants arrivent en cours sans stylo, convaincus que leurs doigts suffisent. Elle observe un appauvrissement de la structure des phrases : on privilégie désormais des blocs de mots détachés, à l’image des statuts sur les réseaux sociaux, plutôt que la construction cohérente d’un paragraphe .

Les implications sur la communication globale

Au-delà du simple geste, la perte de l’écriture cursive modifie subtilement notre rapport au monde. L’Organisation mondiale de la santé alerte sur le risque de moindre réflexion et de baisse de concentration chez ceux qui n’écrivent plus à la main. L’écriture numérique, avec ses abréviations et ses emojis, favorise la rapidité au détriment de la précision.

Cette mutation a également un impact émotionnel : le trait du stylo sur le papier engage l’auteur dans un dialogue intime avec ses idées, empreint de personnalisation. En remplaçant ce rituel par un clic, on perd une part de cette connexion personnelle, estiment plusieurs neuropsychologues .

Enfin, sur le plan professionnel, certains recruteurs constatent une dégradation de la lisibilité des rapports manuscrits ou des annotations sur documents imprimés. À terme, cette tendance pourrait remettre en cause des compétences jugées fondamentales dans certains secteurs, comme l’éducation ou la recherche historique.

 

La question demeure donc ouverte : comment préserver l’art de l’écriture tout en tirant parti des outils numériques ? Quelques pistes :

  • Réserver des moments hebdomadaires à la rédaction manuscrite, par exemple en journal intime ou en correspondance papier.

  • Intégrer dans les programmes scolaires des ateliers de calligraphie ou de prise de notes cursive, comme le proposent déjà certaines académies en France.

  • Sensibiliser dès le plus jeune âge aux bénéfices cognitifs de l’écriture à la main, recommandation soutenue par l’UNESCO et l’OMS.

Après tout, conjuguer doigté ancien et rapidité moderne est sans doute le meilleur moyen d’offrir à la génération Z le meilleur des deux mondes : un cerveau agile et un stylo toujours prêt à raconter son histoire.