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Produit intérieur brut (PIB) : définition simple

Publié le 10/02/2018 (m.à.j* le 24/03/2022)
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Le produit intérieur brut (PIB) permet de mesurer la création de richesses par l’ensemble des agents économiques, c’est-à-dire les ménages (le personnes vivant dans un même foyer), les entreprises, les administrations publiques et les institutions à but non lucratif, sur le territoire d’un pays (que ce soit des agents nationaux ou étrangers).

En d’autres termes, le PIB donne idée de ce qu’un pays a produit pendant une certaine période (le plus souvent, une année ou un trimestre). Il donne une mesure de la production. Cette mesure est la plus utilisée par les économistes du monde entier.

Il correspond à la valeur monétaire (la valeur en argent) totale de tout ce qui a été produit par les agents économiques dans un pays, c’est-à-dire tous les biens et services qui ont été fabriqués ou fournis, des pantalons et baguettes, aux pièces d’un avion ou aux services de consulting d’une quelconque entreprise.

Cet indicateur a été inventé en 1934 par l’économiste américain Simon Kuznets.

 

Le PIB en France en 2016

Il faut 3 ans à l’INSEE pour donner un chiffre définitif sur le PIB du pays. 

En 2016, le produit intérieur brut de la France s’élevait à 2122, 1 milliards d’euros en volume (c’est-à-dire, corrigé de l’effet de l’inflation, 2228,9 milliards d’euros en valeur) selon l’INSEE.

 

Le PIB de la Chine, de l’Allemagne, des USA en 2016

En dollars courants (c’est-à-dire non corrigé des effets de l’inflation) selon les chiffres de la Banque mondiale :

PIB des États-Unis en 2016 = 18 626 milliards de dollars

PIB de la Chine en 2016 = 11 199 milliards de dollars

PIB de l’Allemagne en 2016 = 3 478 milliards de dollars

Pour comparaison, le PIB de la France cette même année en dollars courants était de 2 465 milliards de dollars. 

 

Un agrégat de la comptabilité nationale

On définit souvent le PIB comment étant un agrégat de la comptabilité nationale. Un agrégat est une grandeur statistique. La comptabilité nationale est une représentation simplifiée et quantifiée de l’économie d’un pays.

 

Le taux de croissance du PIB

Le taux de croissance du PIB, nommé par ellipse « la croissance », correspond à la variation du PIB d’une année à l’autre.

Exemples

Taux de croissance de la France en 2016 = 1,1% (c’est-à-dire que le PIB augmenté de 1,1%)

Taux de croissance des États-Unis en 2016 = 1,6%

Taux de croissance des États-Unis en 2016 = 1,9%

On parle de récession lorsque la croissance est négative au cours deux trimestres consécutifs au minimum.

Une dépression est une récession sévère, comme la Grande Dépression débutée en 1929.

 

Le PIB par habitant

Le PIB par habitant (PIB/habitant) est calculé en divisant le montant du PIB par le nombre d’habitants. Cet indicateur permet d’évaluer partiellement le niveau de vie des habitants d’un pays et d’éliminer l’effet de la démographie.

Ainsi, le classement des pays en fonction de leur PIB ne se retrouve pas dans le classement selon le PIB/habitants.

Toutefois, ce chiffre ne permet pas de rendre compte des inégalités qui caractérisent une économie, du coût de la vie, ou de l’inégalité de la qualité de vie entre deux pays au niveau de PIB/habitant similaire.

Exemples

Selon les données de la Banque mondiale, le PIB/habitant en dollars PPA (en prenant en compte les différences de pouvoir d’achat) des plus puissantes économies mondiales, les États-Unis, la Chine et le Japon s’élevaient respectivement à 57 638,2 dollars/habitant, 58 651,0 dollars/habitant et 41 476,4 dollars/habitant.

On trouve à la première place le Qatar avec 127 728,0 dollars/habitant (la population de pays est très réduite et ses revenus tirés de l’exploitation d’énergies fossiles très importants), à la troisième le Luxembourg avec 103 556,6 dollars/habitant et la Suisse avec 63 741,5 dollars/habitant. 

 

PIB marchand et PIB non-marchand

Le PIB marchand désigne le PIB réalisé par les sociétés financières (c’est-à-dire les banques, assurances et autres sociétés qui fournisse un service d’intermédiaire dans la finance), les sociétés non-financières, les ménages et les entreprises individuelles. Il correspond aux biens et services échangés.

Le PIB non-marchand désigne principalement le PIB réalisé par les administrations publiques (action sociale, santé, enseignement, etc.) et les institutions à but non lucratif, comme les associations, qui produisent des services d’action sociale. Il correspond aux services rendus par ces organismes, à titre gratuit ou quasi gratuit.

 

PNB et RNB

Le produit national brut (PNB) permet de mesurer la création de richesse par l’ensemble des agents économiques d’une même nationalité pendant une période donnée. Il inclut donc le revenu des agents économiques d’un pays (par exemple, celui des Français) réalisés à l’étranger. Cet indicateur n’est plus mesuré depuis 1993. Il a été remplacé par le RNB.

Le revenu national brut (RNB) permet de mesurer le revenu brut perçu par les agents économiques résidants sur un territoire sur une période donnée

RNB = PIB + solde des revenus reçus du reste du monde + solde des subventions reçues du reste du monde

Dans l’Union européenne, la contribution d’un État membre au fonctionnement de l’Union est calculée sur son RNB.

 

Comment calcule-t-on le PIB ?


PIB

En France, le produit intérieur brut est calculé chaque année par l’INSEE. Il faut environ 3 ans pour avoir un chiffre définitif du PIB.

L’Union européenne mène une politique d’harmonisation des méthodes de calcul du PIB dans l’Union européenne (Système européen de comptes nationaux et régionaux [SEC 2010]). Les estimations trimestrielles du PIB et du RNB de chaque pays de l’Union européenne doivent être transmises chaque trimestre à Eurostat.

Le produit intérieur brut doit être calculé au prix du marché, c’est-à-dire prix réellement payé par le consommateur.

On distingue 3 méthodes de calcul du produit intérieur brut.

 

1. L’optique de la valeur ajoutée

Le PIB correspond ici à la somme des valeurs ajoutées (VA), à laquelle on additionne la TVA et les droits de douane (impôts sur les produits), et à laquelle on soustrait les subventions à l’importation.

PIB = VA + Impôts – subventions sur les produits

La valeur ajoutée est la contribution productive d’un agent économique : elle correspond à la valeur de la production finale d’un agent, c’est-à-dire la valeur de ce qu’il a produit et vend sur le marché.

Pour l’obtenir, on doit soustraire le prix des consommations intermédiaires au prix du produit final. Les consommations intermédiaires représente ce qu’un agent a acheté pour produire le produit final. En d’autres termes, on exclut les biens utilisés pour fabriquer d’autres biens. En effet, ces biens sont des valeurs ajoutées d’autres agents. Par exemple, pour l’assemblage d’une voiture par une entreprise A (ce qui est sa valeur ajoutée), celle-ci doit acheter, entre autres, des pneus à une entreprise B et un moteur à une entreprise C (ce qui correspond à des consommations intermédiaires).

La valeur ajoutée pour la production des organismes publics, qui n’est pas vendue, est calculée par le coût de production (salaire des fonctionnaires, entretien des bâtiments publics, etc.)

En additionnant les valeurs ajoutées, on obtient donc ce que chaque agent a vraiment produit. Il faut y ajouter les impôts, car la comptabilité nationale mesure la production au prix de base, c’est-à-dire un prix qui exclut les impôts. Il faut y soustraire les subventions, car le prix du base les inclut.

 

2. L’optique du revenu

Le produit intérieur brut correspond ici au revenu total répartis entre les agents économiques, selon l’adage « la production totale est égale au revenu total ». La richesse créée est redistribuée sous forme de revenus.

PIB = rémunération des travailleurs + excédent brut d’exploitation (EBE) + impôts sur la production et les importations + revenus mixtes – subventions

L’excédent brut d’exploitation (EBE) correspond aux profits fait par les entreprises.

Les revenus mixtes représentent les revenus tirés des dividendes, des locations et des intérêts.

Dans ce calcul, la somme des revenus des agents économiques est comprise.

 

3. L’optique des dépenses ou de la demande

Le PIB suit la façon dont la richesse a été utilisée.

PIB = Dépenses de consommation finale  (DC) + Formation brute de capital fixe (FBCF) +  solde des échanges extérieurs (exportations – importations)

Les dépenses de consommation finale (DC) correspondent à la valeur des biens et services consommés pour la satisfaction individuelle ou collective, supportée par les ménages (les consommations remboursées comme l’achat de médications sont par exemple exclues), et les services consommés par les ménages financés par la collectivité, sauf certains services qui demandent des paiements partiels. Elles représentent près de 80% du PIB.

La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par « les acquisitions moins cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents », c’est-à-dire les investissements matériels (acquisition de transports, matériels, bâtiments) et les investissements immatériels (logiciels, dépenses de prospection, etc. mais pas les dépenses de recherche, de formation, etc.) dont l’utilisation dure au moins un an.

Le calcul du solde des échanges extérieurs s’explique par le fait que les exportations correspondent à une demande extérieure, et par le fait que les importations correspondent à une demande satisfaite par une production qui n’est pas issue du territoire national.

 

PIB en valeur (PIB nominal) et PIB en volume (PIB réel)

Sans correction de la part des statisticiens, on obtient le PIB en valeur (ou PIB en euros courants ou PIB nominal) : la valeur de ce PIB varie selon l’inflation. Le PIB s’accroît en effet en fonction de l’augmentation des prix.

Pour pouvoir effecteur des comparaisons de PIB dans le temps, il faut corriger le PIB de l’inflation. On obtient alors le PIB en volume (ou réel) : on corrige les effets de l’inflation en calculant le PIB selon des prix constants pour ne retenir que des créations de richesse. Le PIB en volume est calculé en selon le PIB nominal, divisé par une mesure du niveau des prix. Par exemple, si le PIB nominal a augmenté de 2% d’une année à l’autre, et si l’inflation a augmenté de 2% aussi, alors le PIB réel n’a pas changé.

 

À quoi sert le PIB ?


Le PIB est un indicateur de la santé économique d’un pays, de sa vitalité (c’est un flux).  Il permet de mesurer la croissance d’un pays sur un période donnée et donne une idée de l’évolution de sa création de richesse.

 

Un outil de comparaison (le PIB PPA)

Le PIB permet des comparaisons entre des pays, avec la méthode des parités de pouvoir d’achat. Par exemple, l’économie française et l’économie britannique sont elles comparables ? Sans le PIB, il serait difficile de dire si ces deux pays créent un montant équivalent de richesse. 

Pour pouvoir comparer la création de richesse de plusieurs pays, il est nécessaire d’utiliser une monnaie commune, qui est le plus souvent le dollar. Cependant, le taux de change du dollar, une monnaie flottante depuis le début des années 1970, varie énormément dans le temps. On calcule donc le PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA), ce qui consiste à trouver un taux de change fictif qui assure un même pouvoir d’achat entre deux pays, c’est-à-dire que les consommateurs peuvent payer le même panier de bien.

L’indice Big mac, inventé par le magazine The Economist, est un modèle simplifié du PPA. Il permet de savoir pour combien de dollars on peut acheter un big mac dans chaque pays.

 

PIB et dette publique

Le PIB permet de calculer la dette et le déficit public d’un pays. Dans l’Union européenne, la dette et le déficit publics des États doivent respecter certains critères.

Ainsi, depuis le traité d’Amsterdam adopté en 1997, le déficit public d’un État ne doit pas dépasser 3% du PIB et sa dette 60% du PIB. Le pacte budgétaire européen, entré en vigueur en 2013, institue une règle d’or selon laquelle le déficit structurel d’un État membre ne doit pas dépasser 0,5% de son PIB.

 

Les défauts du PIB


C’est une mesure imparfaite.

 

PIB et impact des externalités négatives

En effet, le PIB ne prend pas en compte les effets négatifs, les nuisances que peut provoquer l’activité économique. Ces nuisances sont habituellement nommées les externalités négatives.

En effet, produire un bien ou fournir un service peut par exemple induire de la pollution et la dégradation de l’environnement (comme la production d’énergie, l’élevage, la production de déchets, etc., c’est pourquoi il faut prendre en compte la question du développement durable) ou créer des problèmes de santé publique (la vente de produits industriels transformés dans le commerce peut provoquer des problèmes de santé chez les consommateurs par exemple).

 

Le ravail domestique

Le PIB est en outre incapable de mesurer la production issue du travail domestique, c’est-à-dire l’ensemble des activités qui ne sont pas déclarées auprès des administrations, comme le jardinage, le bricolage, les services rendus entre voisins, s’occuper d’un proche dépendant, la garde d’enfant, etc., et celle issue du bénévolat exercé au sein d’associations ou de syndicats.

 

L’économie parallèle

L’économie parallèle ou l’économie souterraine, c’est-à-dire la production générée par le travail au noir ou par une activité délictuelle ou criminelle (comme la vente de stupéfiants) n’est pas non plus prise en compte par le PIB.

En effet, ses acteurs essaient d’échapper à l’intervention de l’État et ne déclarent pas leurs richesses auprès des organismes officiels. Cependant, les statisticiens qui mesurent le PIB prennent en comptent une marge d’erreur due à l’évasion fiscale et au travail au noir. L’Insee a en outre décidé en 2018 d’intégrer le trafic de drogue au calcul du PIB, à la demande de l’institut de la statistique européen, Eurostat.

 

Le calcul difficile du prix de certaines productions

Enfin, le PIB mesure la richesse créée en se référant au prix de vente. Cependant, il existe des situations dans lesquelles il n’y a pas de prix de vente, ou des situations dans lesquelles le prix de vente ne mesure pas la valeur réelle de la production, ce qui provoque une distorsion, notamment dans les services.

 

Des alternatives au PIB 

L’alternative la plus célèbre au PIB est l’indice de développement humain (IDH). Cet indicateur a été inventé par le programme des nations unies pour le développement (PNUD). Il permet de donner une mesure du développement humain des populations, qui peut grandement varier entre deux économies qui créent un niveau de richesse similaire.

Cet indicateur est construit à partir de l‘espérance de vie à la naissance, l’espérance du nombre d’années d’éducation et le revenu national brut par habitant. Il se présente sous la forme d’un chiffre entre 0 et 1. Plus l’indice est proche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé

Exemples :

En 2014, le trio de tête était constitué par la Norvège (IDH de 0,944), l’Australie (0,935) et la Suisse (0,930), suivis du Danemark, des Pays-Bas, de l’Allemagne, etc.

Les États-Unis, première économie mondiale, sont à la huitième place (0,915), la France à la vingt-deuxième place (0,888) et la Chine à la quatre-vingt-dixième (0,727).

Au bas du classement, on trouve le Niger (0,348), la République centrafricaine (0,350) et l’Érythrée (0,391).

 

L’indice vivre mieux de l’OCDE permet à chacun de comparer les pays en fonction de critères dont on définit l’importance de 1 à 5 (logement, revenu, emploi, sécurité, santé, etc.).

Ces éléments doivent être considérés comme des compléments au PIB. En effet, le rôle de cet indicateur n’est pas tant de donner une idée du « bien-être » d’une population, mais de fournir l’information la plus fiable possible du niveau de création de richesses d’un pays.