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Le réalisme : définition simple · auteurs · œuvres (courant littéraire)

Publié le 07/02/2018 (m.à.j* le 15/11/2023)
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Définition : en littérature française, le réalisme est une attitude artistique qui consiste à prendre pour objet la réalité du monde qui nous entoure, à vouloir la représenter telle qu’elle est, sans idéal, c’est-à-dire dépeindre la société sous tous ses aspects quotidiens, sans se limiter aux aspects les plus « nobles » de celle-ci. S’il est de toutes les époques, le réalisme désigne avant tout un courant littéraire qui s’est manifesté au milieu du XIXe siècle, né avec Stendhal (1783 – 1842) et Honoré de Balzac (1799 – 1850), et qui subsiste sous les plumes d’Émile Zola (1840 – 1902) et de Guy de Maupassant (1850 – 1893), en passant par Gustave Flaubert (1821 – 1880) ou George Sand (1804 – 1876). Le roman et la nouvelle en sont les supports les plus importants. Le réalisme n’est pas, pour autant, une « étiquette » ou un « mouvement » organisé auquel se seraient joints les écrivains. C’est, au reste, un courant qui dépasse bien sûr les frontières de la littérature française.

Le réalisme : qu’est-ce c’est ?

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Portrait de Charles Baudelaire, Gustave Courbet, plus grand représentant du réalisme en peinture, 1848

 

Le réalisme : une représentation de la société « dans son entier »

Les écrivains réalistes cherchent à retranscrire dans leurs livres la vie réelle des êtres qui animent la société, les situations ordinaires qui rythment leurs existences. Ils ne s’interdisent pas d’écrire sur les «basses classes », les « classes populaires », ce que l’on désigne habituellement par le mot de « peuple » (thème dont s’est emparé l’historien Jules Michelet [1798 – 1874] dans un célèbre livre de 1846). Ainsi, le réalisme veut « décrire la société dans son entier, telle qu’elle est » (Balzac, dans la préface de Les Employés, 1838) avec un regard clinique, quasi objectif. Ils s’émancipent de la bienséance. À leurs lecteurs, les réalistes ne veulent pas cacher le destin de prostituées, de voyous, de criminels, d’ouvriers, de paysans de régions reculées et oubliées, de petits fonctionnaires ou de bourgeois dévoyés. Balzac encore, déclarait vouloir « faire concurrence à l’état civil ». Son œuvre, la Comédie humaine, brasse le destin de plus de 2000 personnages.

Le réalisme produit donc une littérature qui est ancrée dans un contexte historique, une époque, et un milieu. Par exemple, L’Éducation sentimentale (1869) de Flaubert narre les événements de la révolution 1848.

 

Le réalisme : une représentation critique de la société

Bien sûr, cette description de la société n’est pas neutre. Au contraire, derrière ce regard lucide porté sur les hommes se cache une critique de l’état des rapports sociaux, à travers le traitement de thèmes typiques : l’échec d’une ascension sociale, l’impossibilité de l’amour, l’affrontement des classes, etc. Les Misérables (1862) de Victor Hugo (1802 – 1885) est par exemple un plaidoyer indirect en faveur de l’amélioration du sort des plus pauvres. 

Le réalisme est subversif, et peut entraîner la réaction très réelle des corps constitués. Ainsi, Madame Bovary (1857) est condamnée en 1857 pour son « réalisme grossier et offensant pour la pudeur ». Mais ce n’est pas tant le « miroir » qu’il faut accuser, si l’on suit la célèbre métaphore de Stendhal :

Un roman est un miroir qui se promène sur une grand-route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former.

Stendhal, Le Rouge et le noir, 1830

Étymologie du mot « réalisme »

L’étymologie de « réalisme » témoigne de la volonté des écrivains de ce courant littéraire de revenir aux choses mêmes qui font la société, à une vision réaliste des hommes dont ils parlent. Réalisme vient en effet du bas latin realis, réel, relatifs aux choses matérielles, qui est un dérivé de res, chose (que l’on retrouve dans res publica, la république, c’est-à-dire la chose publique). On puise dans les Choses vues (selon le nom d’un recueil de notes de Hugo, publié en 1887 et 1900). 

Le réalisme, une réaction au romantisme

Le « moment réaliste » est précédé par celui du romantisme, un mouvement littéraire européen qui se caractérise par un fort lyrisme, c’est-à-dire l’exaltation du « moi », des états d’âme de l’individu, la libre expression des sentiments contre une raison asséchante, la mise en scène des tourments de l’âme, la recherche d’un refuge dans la nature, dans l’exotisme ou dans la ferveur religieuse. Il est représenté en France par des écrivains comme François-René de Chateaubriand (1768 – 1848), Alphonse de Lamartine (1790 – 1869), Victor Hugo (dans la première partie de sa vie), Alfred de Vigny (1797 – 1863), Gérard de Nerval (1808 – 1855) ou Alfred de Musset (1810 – 1857).

Le romantisme réagissait lui-même aux bouleversements sociaux qui se sont produits à la fin XVIIIe siècle, dont le plus grand fut la Révolution française, en proposant une vision idéalisée de réalité, un imaginaire rêvé. Au milieu du XIXe siècle, l’accélération de la révolution industrielle et l’émergence de la démocratie, avec les transformations sociales et intellectuelles qu’elles ont engendrées, recentrent l’attention sur la société. On fait la critique de « l’idéalisme » estimé excessif des romantiques. Madame Bovary est, par exemple, une moquerie cinglante des rêves romantiques de son héroïne, qui confond fiction et réalité.

Le réalisme : contexte historique

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Un enterrement à Ornans, Gustave Courbet, 1850

L’apparition de l’étiquette « réaliste »

La définition de « réalisme » donnée par Littré témoigne du caractère nouveau du terme au XIXe siècle, qui est encore considéré comme un néologisme :

  • Néologisme. En termes d’art et de littérature, attachement à la reproduction de la nature sans idéal. Le réalisme dans la poésie, dans la peinture.

« Réalisme » est d’abord un terme critique appliqué à la peinture. En effet, un courant « réaliste » apparaît de manière contemporaine dans les arts plastiques, dont Gustave Courbet (1819 – 1877) est le plus célèbre représentant (mais dans lequel on peut aussi inclure Jean-François Millet, Camille Corot ou Édouard Manet). Il expose au « pavillon du réalisme » des oeuvres pour lesquelles il avait été refusé à l’Exposition universelle de 1855, un Enterrement à Ornans (1850) notamment. Le peintre n’hésite pas, dans son œuvre, souvent scandaleuse pour l’époque, à représenter des scènes de la vie ordinaire (Les casseurs de PierreL’Après-dînée à Ornans, etc.). Cependant, s’il expose son œuvre dans un « pavillon du réalisme », Courbet refuse de se laisser enfermer dans un « titre », comme il l’affirme dans ce texte présent dans la brochure de son exposition :

Le titre de réaliste m’a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques. Les titres en aucun temps n’ont donné une idée juste de choses : s’il en était autrement les œuvres seraient superflues.

Sans m’expliquer sur la justesse plus ou moins grande d’une qualification que nul, il faut l’espérer, n’est tenu de bien comprendre, je me bornerai à quelques mots de développement pour couper court aux malentendus.

J’ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l’art des anciens et des modernes. Je n’ai pas plus voulu imiter les uns que copier les autres : ma pensée n’a pas été davantage d’arriver au but oiseux de « l’art pour l’art ». Non! J’ai voulu tout simplement puiser dans l’entière connaissance de la tradition le sentiment raisonné et indépendant de ma propre individualité.

Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. Être à même de traduire les mœurs, les idées, l’aspect de mon époque, selon mon appréciation, être non seulement un peintre, mais comme un homme, en un mot faire de l’art vivant, tel est mon but.

Des auteurs se sont cependant réclamés expressément du réalisme. C’est le cas d’Edmond Duranty (1833 – 1880), qui lance la revue Réalisme en 1856, ou Champfleury (1821 – 1889) qui publie deux articles dans le journal Le Figaro en 1856, et un livre manifeste en 1857.

 

Le XIXe siècle, une époque d’importants bouleversements

Le XIXe siècle est en France comme dans d’autres pays d’Europe une époque de bouleversements économiques, intellectuels et sociaux. Les règnes de Louis-Philippe (1830 – 1848) et de Napoléon III (1852 – 1870) en sont d’importants catalyseurs, avec le bref intermède représenté par la II République (1848 – 1852).

1. Bouleversements intellectuels : développement des sciences et techniques, qui font l’objet d’une véritable foi (le scientisme) dont le positivisme du philosophe Auguste Comte (1798 – 1857) est un relai. Apparaît en parallèle la question démocratique et celle de l’inclusion des classes populaires dans la souveraineté (la question du suffrage universel, par exemple), qui donne naissance aux trois révolutions françaises du XIXe siècle (1830, 1848 et 1870). La presse et l’alphabétisation développent un lectorat de masse. 

2. Bouleversements économiques : accélération de la révolution industrielle, du développement des chemins de fer, de grandes usines, de la banque

3. Bouleversements sociaux : formation du prolétariat qui est placé dans une situation antagoniste à celle de la bourgeoisie industrielle et celle de la bourgeoisie financière, liée à la banque, qui triomphe. La « question sociale », c’est-à-dire celle de l’amélioration des conditions de vie du peuple, devient une question centrale. Reste une écrasante majorité de paysans, auxquels les réalistes s’intéressent.

L’objet de fascination central des réalistes est en réalité l’émergence de la modernité.

Les thèmes abordés par le réalisme

Plusieurs grands romans réalistes sont des romans d’éducation, dans lesquels le personnage principal, un jeune ambitieux, échoue à surmonter les obstacles que dresse une société impitoyable sur son chemin, comme Julien Sorel dans le Rouge et le Noir (1830), Lucien de Rubempré dans les Illusions perdues (1843) ou Frédéric Moreau dans l’Éducation sentimentale.

Ces héros, dont l’ascension se fait par les femmes (ascension réussie par Georges Duroy dans Bel Ami, 1885), font souvent l’expérience de l’amour impossible  (celui de Julien pour Madame de Rênal, ou celui au centre du Lys dans la vallée [1836] de Balzac). Les réalistes n’hésitent pas non plus à montrer les conflits qui déchirent les familles.

Le développement de l’industrie et de la finance pousse les réalistes à faire le récit de la puissance nouvelle de l’argent, celle de la banque, des spéculateurs, des rentiers : Zola fait la critique du monde la bourse dans l’Argent (1891), Balzac introduit le personnage de l’usurier dans Gobseck (1830), etc. Les personnages de Stendhal, romantiques attardés, méprisent le règne de l’argent.

Revers de la médaille, la déchéance, au centre du roman qui inaugure la Comédie humaine, celle du Père Goriot (1842) abandonné par ses deux filles dans une pension misérable, et véritable processus irrésistible narré dans L’Assommoir (1877). Gervaise finit par mourir dans l’indifférence, après avoir été réduite à la mendicité.

L’émergence du prolétariat, sa misère et les conflits sociaux qui agitent la société sont au centre de l’attention des réalistes. Cette dénonciation des conditions dans lesquelles vit le peuple s’accompagne souvent d’une foi dans la possibilité d’un progrès socialGerminal (1885) de Zola, roman des mineurs misérables du nord de la France qui se coalisent contre leurs patrons, puissances anonymes, en est l’exemple le plus connu, avec Les Misérables de Hugo. Les Mystères de Paris (1842 – 1843) d’Eugène Sue (1804 – 1857), immense succès, aujourd’hui oublié, introduit le lecteur dans le peuple des « petits », des ouvriers, des prostitués. 

Les écrivains réalistes mettent en scène aussi les paysans, majorité écrasante des Français du XIXe. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils ne montrent pas des hommes idéaux, dont le bonheur est dans leur union avec la nature, mais le peuple des campagnes tel qu’il est. La Petite Fadette (1849) de George Sand s’intéresse aux paysans du Berry. Le Médecin de Campagne (1833) de Balzac montre les veillées des paysans, chez lesquels s’enracinent le souvenir de Napoléon. L’historien Michelet, père putatif du « roman national » consacre à l’entreprise collective de description « de la société dans son entier » son livre Le Peuple (1846).

Réalisme et naturalisme

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Émile Zola

Le naturalisme ne s’oppose pas au réalisme, comme le réalisme au romantisme. Ce courant littéraire est une formalisation du réalisme, une version plus tranchée, plus sévère, poussée au bout de sa logique. Alors qu’aucun écrivain majeur ne se réclamait du « réalisme », le naturalisme est un vrai mouvement avec un chef de file, Émile Zola dont les Rougon-Macquart est la grande œuvre. Il invite régulièrement des écrivains dans sa propriété de Médan, dans les Yvelines. Un recueil de six nouvelles a d’ailleurs été tiré de ces réunions : Les Soirées de Médan (1880).

Influencé par Claude Bernard, fondateur de la médecine expérimentale, mais aussi par Hippolyte Taine, philosophe scientiste et positiviste, Zola veut en effet appliquer la méthode scientifique à la littérature. Il expose notamment son ambition dans la préface de Thérèse Raquin (1867), son premier roman, et dans un livre au titre révélateur, Le Roman expérimental (1893). Zola veut décrire la nature à travers le roman, comme le fait la science avec son langage propre. Son écriture est en conséquence marquée par une profusion de détails qui participent à une description exhaustive et scientifique de la réalité.

La société décrite par Zola est composée de personnages déterminés par deux types de lois dictant leur comportement : l’hérédité physique (leur nature) et le contexte économique et social. Le sous-titre des Rougon-Macquart énonce cette configuration : Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. Ainsi, Zola suit le protocole d’expérimentation décrit par Claude Bernard : il part d’une situation initiale, et fait évoluer les personnages selon les lois de leur nature, en décrivant le processus étape par étape.

Le milieu dans lequel évoluent les personnages de Zola n’est pas un milieu neutre, mais un milieu qui a ses caractéristiques propres et ses déterminismes particuliers : il veut faire le roman du Second Empire, « il veut personnifier l’époque ». Aucun sujet n’est écarté au profit de la bienséance. Ainsi, les Rougon-Macquart passent-ils par le monde du prolétariat de la mine (Germinal), par celui de la prostitution (Nana, 1880) ou par celui des bistrots, dans lesquels l’alcoolisme fait des ravages (L’Assommoir, 1876). La dimension critique de ces tableaux est bien sûr primordiale (« Fermez les bistrots, ouvrez les écoles ! »).

Les procédés d’écriture du réalisme

 

La préparation de l’œuvre 

Les écrivains réalistes ont pour ambition de décrire la société telle qu’elle est. La préparation de leurs œuvres demande donc un travail de documentation sur l’état de cette société, avec parfois une méthodologie quasi scientifique. Ainsi, ils n’hésitent pas à se référer à des sources documentaires comme des traités  destinés à des spécialistes (la lecture, par exemple, de plusieurs traités de médecine par Flaubert, pour assouvir une manie du détail), d’archives municipales, médicales, de coupures de presse, de gazettes judiciaires, etc.

Le Rouge et le Noir est, par exemple, tiré d’un fait divers. Les frères Goncourt tiennent un Journal dans lequel ils consignent nombre de « on-dit », d’observations mondaines ou politiques, de critiques. Les enquêtes de terrain de Zola sont restées célèbres. L’écrivain n’hésitait pas à se déplacer sur les lieux de ses intrigues pour faire des repérages et interroger le modèle de ses futurs personnages. Ainsi, pour Le Ventre de Paris (1873), Zola passe des journées aux Halles, et pour Au Bonheur des dames (1883), il renouvelle l’opération dans les grands magasins, se renseignant notamment sur la façon dont on embauchait les commis. Comme un scientifique qui irait sur le terrain pour étudier des spécimens, il se rend dans un bassin minier avant d’écrire Germinal, descend dans une fosse, interroge des ouvriers, se renseigne sur les doctrines socialistes. De ces expériences, il tire une importante documentation à partir de laquelle il peut rédiger son oeuvre.

 

La stylisation romanesque 

L’écrivain transmet l’information collectée à travers un roman ou une nouvelle qui, en tant que littérature, c’est-à-dire en tant qu’art, doit retranscrire la réalité à travers un certain style d’écriture. Le roman est une mise en scène psychologique. Les réalistes ne sont pas, en effet, des journalistes qui transmettent une simple information, mais des artistes, qui ne doivent pas se défaire de leur subjectivité. Ainsi, le roman réaliste n’échappe pas à son caractère interprétatif : il n’est pas une reproduction fidèle de la réalité, mais une vision particulière qui veut « dire sa vérité». 

La reproduction de la nature par l’homme ne sera jamais une reproduction ni une imitation, ce sera toujours une interprétation, [car] l’homme, quoi qu’il fasse pour se rendre l’esclave de la nature, est toujours emporté par son tempérament particulier qui le tient depuis les ongles jusqu’aux cheveux et qui le pousse à rendre la nature suivant l’impression qu’il en reçoit

Champfleury, Le Réalisme, 1857

L’écrivain réaliste montre une réalité interprétée qui, malgré son caractère artificiel, nous apprend comment fonctionne notre société :

Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. Un choix s’impose donc, ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité.

Préface de Pierre et Jean, Maupassant

 

L’écriture réaliste

[…] représenter le réel de manière fidèle, rendre par les mots la réalité elle-même, produire un effet de réel.

Champfleury, Le Réalisme, 1857

La volonté de faire place au réel implique le retrait du narrateur de son récit. Ainsi, l’écriture réaliste est impersonnelle et tend à l’objectivité. Balzac rapporte une anecdote selon laquelle Stendhal, lorsqu’il composait la Chartreuse de Parme (1839), lisait chaque matin quelques pages du Code civil pour s’en imprégner.

Les écrivains réalistes recourent donc souvent à la focalisation interne pour montrer le monde tel que les personnages le voient. Dans cette même perspective, ils utilisent souvent le discours indirect libre, qui permet au lecteur de lire dans les pensées du héros. Ils écrivent le plus souvent au passé simple et à la troisième personne du singulier.

La description est en outre un élément fondamental de la littérature réaliste dans laquelle elle prend une place prépondérante. En effet, elle permet de représenter la réalité, d’exposer des faits, de décrire un milieu et des lieux sans jugement de la part de l’auteur. Balzac, par exemple, introduit Le Père Goriot par la célèbre description de la pension Vauquer. La multiplication des détails permet en outre de renforcer « l’effet de réel ».

Stendhal est un des premiers écrivains à faire du réalisme psychologique de ses personnages un des piliers de son œuvre. Il lui permet de tourner ses personnages en dérision et à travers eux, se moquer de lui-même. Les réalistes portent en effet une attention particulière à la psychologie de leurs personnages pour qu’ils paraissent le plus vrai possible : ils sont ainsi décrits dans toute leur profondeur avec leurs traits de caractères, leur sentiments, leurs passions. Les personnages portent en effet le projet du réalisme : ils font la société que les écrivains veulent décrire. Ce ne sont pas des personnages qui sortent de nulle part : on connaît leur nom, parfois leur famille, leur région d’origine, leurs ambitions, etc. Ils sont « situés », ont une carte d’identité, un métier, une histoire. En d’autres termes, ils sont inscrits dans un milieu, une culture.