Le matin, tout peut basculer : un rayon de soleil derrière les volets ou la tasse de café renversée suffisent à teinter votre journée. Je me souviens d’une de ces matins où, après une dispute banale avec mon colocataire à propos des chaussettes sales, un simple message de ma meilleure amie a redessiné mon sourire. Derrière ces variations d’humeur se cache un véritable orchestre cérébral, et bonne nouvelle : vous pouvez en devenir le chef d’orchestre.
Mécanisme cérébral en lien avec notre survie
La clé de la bonne humeur réside dans deux neurotransmetteurs : la dopamine et la sérotonine. La première, produite dans le « cœur » du cerveau, procure un véritable coup de fouet énergétique lorsque vous recevez une bonne nouvelle (Gilles Pourtois, Université de Gand). Quant à la sérotonine, souvent mobilisée par les antidépresseurs, elle joue un rôle crucial dans la stabilité de l’humeur. C’est l’équilibre entre ces deux molécules qui permet de maintenir un état positif sur la durée (Michel Lejoyeux, psychiatre). En cultivant intentionnellement ces circuits, vous construisez un véritable bouclier émotionnel.
Plus attentif à la nouveauté
En étant de bonne humeur, votre cerveau bascule du mode « exploitation » (ruminations, pensées tournant en boucle) au mode « exploration » (réception et traitement actif de l’environnement). Lors d’une expérience, des volontaires invités à se remémorer des instants heureux ont perçu un champ visuel élargi et repéré plus facilement des objets périphériques sur un écran (Gilles Pourtois). Concrètement, cela signifie que vous remarquerez plus facilement ce nouveau café ouvert au coin de la rue ou le sourire furtif d’un inconnu dans le métro.
La bonne humeur rend plus créatif
Un autre avantage ? L’aptitude à relativiser vos erreurs. En bonne humeur, le « signal d’alarme » cérébral déclenché lors d’une faute est amoindri, vous permettant de considérer chaque échec comme une simple donnée et non comme une catastrophe (Gilles Pourtois). Ce recul facilite l’expérimentation et favorise les associations d’idées, véritables moteurs de créativité. Plus besoin de croire au mythe du génie torturé : la joie calme les ardeurs de l’autocensure et laisse place à l’innovation.
L’étonnant pouvoir du sourire
Vous pensez sourire parce vous êtes heureux ? C’est plutôt le contraire : activer vos zygomatiques déclenche une boucle de rétroaction positive au niveau cérébral. Forcer un sourire, même discret, envoie un signal d’apaisement à votre système émotionnel et produit des « antidépresseurs » naturels (Michel Lejoyeux). Pour tester : la prochaine fois que vous vous surprenez à froncer les sourcils devant votre écran, relâchez la mâchoire et esquissez un léger sourire. Vous pourriez être surpris de retrouver un élan de bonne humeur.
Sensation de plein et d’énergie
Au-delà des molécules, l’intéroception — perception de l’état interne de votre corps (battements cardiaques, sensations viscérales) — joue un rôle central. Lisa Feldman Barrett démontre que notre cerveau anticipe ces signaux pour maintenir un budget énergétique en équilibre, concept nommé “allostasie”. Quand votre réservoir interne est rempli (sommeil réparateur, alimentation équilibrée, exposition à la lumière), vous ressentez une sensation de « plein », synonyme de bien-être durable. À l’inverse, un déficit (fatigue, mauvaise nutrition) se traduit par une humeur chancelante. Avant de blâmer le monde extérieur, interrogez d’abord votre propre capital énergie.
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