Vous hésitez entre “elle s’est laissé faire” et “elle s’est laissée faire” ? Cette question taraude de nombreux francophones. La règle d’accord du participe passé “laissé” suivie d’un infinitif présente des subtilités qu’il faut maîtriser.
Votre confusion est légitime. Cette construction grammaticale fait partie des difficultés majeures de notre langue. Pourtant, une fois comprise, elle devient un outil précieux pour une orthographe irréprochable.
Ce qu’il faut retenir
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Identifier qui accomplit l’action de l’infinitif détermine l’accord. Exemple : « elle s’est laissé convaincre »
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Accord obligatoire si le sujet fait l’action lui-même. Exemple : « elle s’est laissée tomber »
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Réforme 1990 autorise l’invariabilité systématique de « laissé ». Exemple : toujours « laissé »
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« Se laisser faire » reste toujours invariable car autrui agit. Exemple : « elle s’est laissé faire »
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Force extérieure = pas d’accord nécessaire en règle traditionnelle. Exemple : « laissé séduire »
La règle traditionnelle d’accord
Le principe fondamental repose sur l’identification du sujet qui accomplit réellement l’action exprimée par l’infinitif. Si le pronom “se” représente celui qui fait l’action, vous accordez. Sinon, “laissé” reste invariable.
Cette distinction demande une analyse précise de chaque phrase. Vous devez vous demander : qui réalise concrètement l’action de l’infinitif ?
Dans ces exemples, le sujet subit l’action plutôt qu’il ne l’accomplit. C’est le médecin qui fait, c’est le piège qui prend, ce sont les arguments qui convainquent, c’est la proposition qui séduit.
Les cas d’accord obligatoire
L’accord s’impose quand le sujet exécute personnellement l’action de l’infinitif. Dans ces situations, le pronom réfléchi fonctionne comme complément d’objet direct.
Ici, c’est bien la personne désignée par le sujet qui accomplit directement l’action de tomber, d’aller ou de glisser. La forme pronominale indique une action réflexive.
Exemples détaillés avec “laissé faire”
L’expression “se laisser faire” illustre parfaitement la règle. Le sujet accepte passivement qu’une autre personne agisse sur lui.
Ces phrases montrent que quelqu’un d’autre accomplit l’action. Le coiffeur fait, les enfants font, le médecin fait. Le sujet reste passif dans le processus.
Cas particuliers avec “laissé prendre”
L’expression “se laisser prendre” présente des nuances intéressantes selon le contexte d’usage. L’invariabilité reste la règle générale.
Dans tous ces cas, une force extérieure agit sur le sujet : le mensonge prend, les émotions prennent, le jeu prend, le piège prend. Le sujet subit cette action sans la contrôler.
La réforme orthographique de 1990
Les rectifications de 1990 ont introduit une simplification radicale. Elles autorisent l’invariabilité systématique de “laissé” suivi d’un infinitif, sur le modèle du verbe “faire”.
Cette évolution répond aux difficultés d’application de la règle traditionnelle. L’usage hésite souvent, même chez les locuteurs cultivés. La réforme élimine ces incertitudes.
- Vous pouvez toujours écrire “laissé” invariable
- Cette forme devient acceptée dans tous les contextes
- L’accord traditionnel reste également correct
- Vous disposez ainsi de deux possibilités valides
Applications pratiques avec “laissé convaincre”
L’expression “se laisser convaincre” démontre l’aspect passif du sujet face à l’argumentation d’autrui. L’invariabilité s’impose logiquement.
Ces exemples illustrent que ce sont les arguments externes qui accomplissent l’action de convaincre. Le sujet grammatical reste récepteur de cette influence.
Subtilités avec “laissé séduire” et “laissé tenter”
Les verbes de sentiment comme “séduire” et “tenter” suivent la même logique. Le sujet subit l’attraction exercée par un élément extérieur.
L’offre séduit, le dessert tente, le charme séduit. Dans chaque situation, le sujet reçoit l’influence sans être l’agent principal de l’action. Pour vérifier votre orthographe dans d’autres contextes, utilisez notre correcteur d’orthographe.
Distinction avec “laissé tomber”
L’expression “se laisser tomber” présente une particularité. Elle peut selon le contexte exiger l’accord si le sujet accomplit volontairement l’action de tomber.
Cette construction révèle la complexité du participe passé dans certaines structures. L’action de se laisser tomber volontairement diffère de subir une chute.
L’analyse contextuelle détermine votre choix. Si le geste est délibéré et contrôlé, l’accord traditionnel se justifie. Si c’est subi, l’invariabilité prévaut.
Maîtriser ces subtilités vous permet d’éviter les erreurs fréquentes et d’enrichir votre expression écrite. La règle, une fois assimilée, devient un automatisme précieux pour une orthographe soignée.











