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Les 10 tics de langage les plus courants à éviter

Publié le 20/06/2017 (m.à.j* le 26/06/2025)
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Les tics de langage à éviter représentent l’un des défis majeurs de la communication moderne. Employées de manière répétitive et inconsciente, ces petites phrases nuisent à la clarté de notre communication.

Tic de langage

Usage problématique

“Du coup” Connecteur logique surutilisé
“Euh” Onomatopée d’hésitation répétitive
“Tu vois” Recherche d’approbation constante
“Genre” Mot-béquille générationnel
“En fait” Correctif systématique sans raison
“Voilà” Conclusion artificielle et vide
“Franchement” Renforcement superflu et répétitif
“Grave” Intensificateur familier inadéquat
“Carrément” Approbation exagérée et systématique
“En mode” Construction anglicisée incorrecte

Qu’est-ce qu’un tic de langage ?

Un tic de langage désigne une expression automatique que l’on utilise de manière répétitive et inconsciente dans nos conversations.

Ces mots, qu’on surnomme “béquilles” ou “tuteurs”, sont là pour meubler et rythmer le discours. Contrairement aux vrais tics neurologiques, ces habitudes langagières relèvent davantage de l’automatisme social que du trouble médical. Ils apparaissent particulièrement lors de situations stressantes, quand nous cherchons nos mots ou souhaitons maintenir l’attention de notre interlocuteur. Leur principale fonction consiste à nous laisser le temps de réfléchir tout en conservant la parole.

“Du coup” : le connecteur logique surutilisé

Exemple : “Un ami m’a parlé des nouveaux casinos en ligne, du coup j’ai voulu voir par moi-même… du coup j’ai un peu accroché.”

Cette tournure, répétée presque machinalement, fait aujourd’hui partie des tics de langage les plus courants. Initialement destinée à marquer une conséquence logique, elle s’est transformée en véritable mot-parasite envahissant toutes les générations. Son usage excessif peut donner l’impression d’un raisonnement artificiel et appauvri.

L’expression “du coup” remplace désormais abusivement des connecteurs plus précis et cette simplification excessive nuit à la richesse de l’expression française et peut agacer l’auditoire par sa répétition systématique.

Comment éviter “du coup” ?

Remplacez cette expression par des alternatives plus précises selon le contexte : “par conséquent” pour une conséquence directe, “ainsi” pour une conclusion, “donc” pour un raisonnement logique, ou “en conséquence” pour un résultat. Parfois, la suppression pure et simple de l’expression améliore la fluidité de la phrase.

“Euh” : l’onomatopée révélatrice d’hésitation

Exemple : “Alors euh… je pense que cette solution euh… pourrait fonctionner, euh… qu’est-ce que vous en pensez ?”

Cette onomatopée d’hésitation représente probablement le tic verbal le plus universel. Elle surgit automatiquement lorsque nous cherchons nos mots, hésitons sur une idée ou ressentons du stress. Sa répétition excessive peut donner une impression de manque de préparation ou de nervosité excessive.

Bien que naturelle, cette habitude devient problématique quand elle parsème chaque phrase de manière compulsive et répétitive. Elle affaiblit le message et capte l’attention sur le malaise du locuteur plutôt que sur ses idées.

Techniques pour éliminer les “euh”

La solution la plus efficace consiste à accepter le silence. Plutôt que de combler chaque pause par cette onomatopée, accordez-vous quelques secondes de réflexion silencieuse. Cette approche donne une impression de maîtrise et de réflexion posée. Respirez profondément et parlez plus lentement pour réduire le stress.

“Tu vois” : la quête d’approbation constante

Exemple : “Hier, j’ai rencontré le directeur, tu vois, et on a parlé du projet, mais il n’était pas très convaincu, tu vois.”

Cette expression révèle souvent un manque de confiance en soi et une recherche constante d’approbation de la part de l’interlocuteur. Utilisée comme ponctuation automatique, elle peut donner l’impression que l’orateur doute de la clarté de son propos ou cherche à s’assurer de l’attention de son audience.

Employée de manière répétitive, cette locution transforme le discours en une série de questions rhétoriques qui n’attendent pas vraiment de réponse. Elle peut créer un sentiment d’agacement chez l’auditeur et diminuer l’impact du message principal.

Remplacer “tu vois” efficacement

Optez pour des formulations plus affirmatives et confiantes. Remplacez par “comme vous pouvez le constater”, “il apparaît clairement que” ou supprimez simplement l’expression. Si vous souhaitez vérifier la compréhension, posez une vraie question ouverte comme “qu’en pensez-vous ?”

“Genre” : le mot-béquille générationnel

Exemple : “Et si on allait au ciné, genre pour un gros film qui bouge, tu vois le genre, avec bastons et explosions ?”

Particulièrement répandu chez les jeunes générations, ce mot a perdu sa signification originelle pour devenir un mot-béquille universel. Il remplace des expressions plus précises telles que “par exemple”, “comme”, “en quelque sorte” ou sert uniquement à ponctuer le discours sans apporter de sens particulier.

Son utilisation excessive révèle souvent une pauvreté lexicale temporaire ou un conformisme générationnel. Dans un contexte professionnel ou soutenu, cette habitude peut nuire à la crédibilité et donner une impression de négligence linguistique, même si cette pratique s’avère très répandue dans la population.

Alternatives à “genre”

Selon le contexte, remplacez par “par exemple” pour introduire une illustration, “comme” pour une comparaison, “en quelque sorte” pour une approximation, ou “c’est-à-dire” pour une précision. Il suffit parfois de reformuler entièrement une phrase pour que le tic disparaisse de lui-même.

“En fait” : le correctif automatique

Exemple : “En fait, je croyais pas trop à ce plan. Mais en fait, maintenant que j’y pense, ça peut marcher.”

Cette locution adverbiale sert normalement à rectifier ou préciser une information. Une fois utilisée machinalement, elle n’a plus de rôle précis et ne fait qu’alourdir le discours. Son usage abusif peut donner l’impression d’une pensée confuse ou d’une argumentation peu structurée.

Répétée machinalement, l’expression “en fait” peut suggérer que l’orateur se corrige constamment ou manque de clarté dans sa réflexion initiale. Cette habitude nuit à la fluidité du discours et peut lasser l’auditoire par sa récurrence systématique.

Supprimer “en fait” de son vocabulaire

Réservez cette expression à sa fonction première : la rectification d’une information. Pour les autres usages, remplacez par “concrètement”, “précisément”, “en réalité” ou supprimez purement et simplement. Structurez mieux vos idées en amont pour éviter le besoin de corrections répétées.

“Voilà” : la fausse conclusion

Exemple : “Donc nous avons analysé les résultats, voilà, et les conclusions sont intéressantes, voilà, c’est tout ce que j’avais à dire, voilà.”

Utilisé comme mot de conclusion universelle, “voilà” perd souvent sa pertinence et devient une échappatoire facile pour clore artificiellement une idée. Cette habitude peut donner l’impression que l’orateur ne sait pas comment terminer son propos ou qu’il abandonne son argumentation en cours de route.

Employé systématiquement, ce mot peut traduire un manque de conviction ou une réticence à assumer pleinement ses propos. Il transforme des affirmations fermes en propositions hésitantes et diminue l’impact persuasif du discours.

Mieux conclure sans “voilà”

Préparez des conclusions réelles à vos idées. Utilisez “en conclusion”, “pour résumer”, “finalement” ou terminez directement par votre point principal. Si vous utilisez “voilà”, assurez-vous qu’il apporte une vraie valeur de synthèse, comme dans “voilà pourquoi cette solution s’impose”.

“Franchement” : l’intensificateur surabondant

Exemple : “Franchement, je trouve que cette situation est franchement inacceptable.”

Cet adverbe, destiné à marquer la sincérité ou l’intensité, devient problématique par sa répétition excessive. Son usage systématique peut paradoxalement faire douter de l’authenticité du discours et suggérer que l’orateur ne s’exprime pas naturellement avec franchise.

La surutilisation de “franchement” peut également donner une tonalité artificielle au discours et agacer l’interlocuteur par sa récurrence mécanique. Cette habitude nuit à la spontanéité de l’échange et peut créer une distance avec l’audience.

Modérer l’usage de “franchement”

Réservez cet adverbe aux situations où vous souhaitez réellement marquer votre sincérité. Alternez avec “sincèrement”, “honnêtement”, “véritablement” ou exprimez directement votre opinion sans préambule. La vraie franchise se manifeste davantage par le contenu que par les formules d’annonce.

“Grave” : le renforçateur familier inapproprié

Exemple : “C’était grave bien cette soirée, grave sympa, j’ai grave kiffé !”

Détourné de son sens premier, cet adjectif est devenu un intensificateur familier particulièrement populaire chez les jeunes. Utilisé pour renforcer n’importe quel propos, il peut créer un décalage de registre dans certains contextes professionnels ou formels.

Son emploi répétitif révèle souvent une limitation du vocabulaire expressif et peut nuire à la précision du message. Dans un environnement professionnel, cette habitude peut être perçue comme un manque de sérieux ou de maturité linguistique.

Remplacer “grave” par des alternatives appropriées

Selon le contexte et l’intensité souhaitée, optez plutôt pour d’autres mots de la langue française comme “vraiment”, “extrêmement”, “particulièrement”, “remarquablement” ou “considérablement”. Ces formulations ajoutent de la clarté et se prêtent mieux aux contextes formels ou familiers.

“Carrément” : l’approbation automatique

Exemple : “Tu veux venir au restaurant ? – Carrément ! Ça te tente ? – Carrément ! On y va maintenant ? – Carrément !”

Transformé en synonyme systématique de “oui” ou “absolument”, cet adverbe perd sa spécificité et devient un automatisme d’approbation. Son usage répétitif peut donner l’impression d’un acquiescement machinal plutôt que d’une véritable adhésion réfléchie.

À force d’être utilisé compulsivement, “carrément” efface les nuances et appauvrit l’expression. Cette habitude peut lasser l’interlocuteur par sa prévisibilité systématique.

Varier les expressions d’approbation

Diversifiez vos marqueurs d’accord selon l’intensité et le contexte : “absolument”, “effectivement”, “tout à fait”, “précisément”, “exactement” ou “je partage votre avis”. Cette variété enrichit l’échange et témoigne d’une écoute plus attentive.

“En mode” : l’anglicisme mal intégré

Exemple : “Aujourd’hui, je suis en mode détente, hier j’étais en mode travail, demain je serai en mode sport.”

Cette construction, inspirée de l’usage technique anglophone, s’est répandue pour exprimer un état ou une manière d’être. Souvent issue d’un calque de l’anglais, cette formulation pose problème autant sur le fond que sur la forme.

Son utilisation systématique peut témoigner d’un conformisme linguistique ou d’une recherche artificielle de modernité. Dans un contexte soutenu, cette expression peut nuire à la qualité perçue du discours et révéler un manque de maîtrise des registres appropriés. Comme le souligne l’Académie française dans sa rubrique “Dire, Ne pas dire”, cette vigilance linguistique constitue un investissement durable dans notre capacité collective à communiquer avec précision et élégance.

Éliminer “en mode” de son expression

Remplacez par des constructions françaises appropriées : “dans un état de”, “sur le mode de”, “à la manière de”, ou reformulez directement avec un adjectif (“il était nerveux” plutôt que “il était en mode stress”). Ces alternatives respectent mieux la logique syntaxique française.