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Écorché vif : définition & origine de l’expression

Publié le 30/08/2021
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Un écorché vif signifie : une personne d’une sensibilité excessive, d’une susceptibilité exacerbée. Synonyme : une personne à fleur de peau (à lire ici).

Écorché vif : origine de l’expression

Comme le note le Dictionnaire d’expressions et locutions : cette locution est une hyperbole (cliquez pour lire un article sur cette figure de style) qui permet de signaler une très forte sensibilité. En effet, il ne faut pas entendre ici le participe passé « écorché » au sens « s’être fait une légère plaie », mais dans un sens plus ancien, « dépouiller de la peau », qui correspond bien à son étymologie (du latin excorticare, « écorcer », retirer l’écorce, l’enveloppe).

Il était littéralement écorché des pieds jusqu’à la tête ; il traînait, à travers les dalles de la chambre, sa peau retournée.

Lautréamont, Chants de Maldoror

Un écorché est d’ailleurs, dans les beaux-arts, la représentation d’un être a qui on a enlevé la peau, pour y représenter son anatomie.

La mule qu’on m’avait assignée pour monture était rasée à mi-corps, ce qui permettait d’étudier sa musculature aussi commodément que sur un écorché.

Gautier, Voyage en Espagne

Un écorché vif, c’est donc quelqu’un qui le corps à nu et qui est alors dépourvu de la couche protectrice que constitue la peau. Il est donc sensible à tout ce qui le touche. Métaphoriquement, il a la sensibilité à nu, rien ne le protège de ce qui le stimule trop vivement. Cette expression apparaît à la fin du XIXe siècle. C’est peut-être cette belle description de Maupassant qui est à l’origine de sa diffusion :

— Aimez-vous la musique, Madame ?

— Beaucoup.

— Moi, elle me ravage. Quand j’écoute une œuvre que j’aime, il me semble d’abord que les premiers sons détachent ma peau de ma chair, la fondent, la dissolvent, la font disparaître et me laissent, comme un écorché vif, sous toutes les attaques des instruments. Et c’est en effet sur mes nerfs que joue l’orchestre, sur mes nerfs à nu, frémissants, qui tressaillent à chaque note. Je l’entends, la musique, non pas seulement avec mes oreilles, mais avec toute la sensibilité de mon corps, vibrant des pieds à la tête. Rien ne me procure un pareil plaisir, ou plutôt un pareil bonheur.

Zola, Mont-Oriol