â Qui es-tu ? Qui demande Ă entrer ici ?
â Je suis Sa MajestĂ© lâEmpereur dâAutriche, Roi de Hongrie.
â Je ne le connais pas ? Qui demande Ă entrer ici ?
â Je suis lâEmpereur François-Joseph, roi apostolique de Hongrie, roi de BohĂȘme, roi de JĂ©rusalem, grand prince de Transylvanie, grand-duc de Toscane et de Cracovie, duc de Lorraine, de SalzbourgâŠ
â Je ne le connais pas. Qui demande Ă entrer ici ?
â Je suis François-Joseph, un pauvre pĂ©cheur et jâimplore la misĂ©ricorde de Dieu.
â Alors, tu peux entrer.
Ce dialogue rituel est rĂ©pĂ©tĂ© Ă la mort de chaque souverain dâAutriche. Celui-ci est prononcĂ© Ă Vienne le 30 novembre 1916, en pleine guerre, par le grand-maĂźtre de cour de la Hofburg et le pĂšre abbĂ© de lâEglise des Capucins. Câest le jour des funĂ©railles de lâempereur François-Joseph (rĂšgne de 1848 Ă 1916), avant-dernier monarque rĂ©gnant de la dynastie des Habsbourg.
Son hĂ©ritier, Charles Ier (r. 1916-1918), pris dans les tourments de la PremiĂšre Guerre mondiale, ne rĂšgne mĂȘme pas deux ans. Il meurt en exil 4 ans plus tard Ă MadĂšre, dans le dĂ©nuement total, laissant seule sa femme Zita, enceinte de leur huitiĂšme enfant.
Triste fin pour une dynastie dont le territoires sâĂ©tendait du PĂ©rou Ă la Hongrie aux heures de sa plus grande gloire. Pourtant, lâhistoire des Habsbourg est indissociable de lâhistoire de lâEurope. Qui ne connaĂźt pas aujourdâhui lâimpĂ©ratrice Sissi ? Dâautres noms portent la gloire des Habsbourg : Charles Quint, Philippe II et François-Joseph, bien sĂ»r.
Rien ne prĂ©disposait pour autant cette modeste maison Ă devenir lâune des plus puissantes dynasties dâEurope.
Les origines de la dynastie des Habsbourg entre Suisse et Alsace

La maison dâAutriche est originaire du sud de lâAllemagne mĂ©diĂ©vale, entre la Suisse alĂ©manique, le Bade-Wurtemberg et lâAlsace. Les Habsbourg tirent dâailleurs leur nom dâun chĂąteau situĂ© en Suisse.
Des cĂ©lĂšbres ancĂȘtres de la dynastie, on connait surtout Gontran le Riche, un noble dâorigine alsacienne du XĂšme siĂšcle ap. J.-C. Cette gĂ©nĂ©alogie apparaissait Ă lâĂ©poque bien peu prestigieuse, en comparaison avec celle dâautres puissantes familles allemandes comme les Staufer ou les WittelsbachâŠ
Une fois devenus empereurs, les Habsbourg tentĂšrent de se doter dâancĂȘtres mythiques et glorieux. Ils prĂ©tendirent ainsi descendre de la gens iulia de la Rome antique, et donc de Jules CĂ©sar. Ils affirmĂšrent aussi descendre des Anicii, la famille du pape Saint GrĂ©goire le Grand (590-604), ou encore la dynastie mĂ©rovingienne.
Bien sĂ»r, rien ne permet de confirmer lâauthenticitĂ© de ces prĂ©tentions. PlutĂŽt que de lâHistoire, elles relĂšvent plutĂŽt dâhabiles opĂ©rations de propagande et de lĂ©gitimation de leurs prĂ©tentions futures Ă gouverner le monde !
Lâascension de la famille
DĂšs le XIĂšme siĂšcle, les comtes de Habsbourg ont lâintelligence de lier leur sort Ă celui dâune des plus grandes familles allemandes : celle des ducs de Souabe, les Hohenstaufen.
Preuve de leur engagement, les Habsbourg prĂȘtent main forte aux Hohenstaufen dans leurs nombreuses campagnes militaires en Allemagne, ou en Italie.
Ils rĂ©cupĂšrent en hĂ©ritage nombre de territoires dont les dynasties avaient Ă©tĂ© anĂ©anties par la politique des empereurs Hohenstaufen. Petit Ă petit, les Habsbourg sâimposent comme des acteurs importants sur la scĂšne politique du Saint-Empire.
Le Saint-Empire romain germanique
FondĂ© par Otton Ier le Grand en 962, le Saint-Empire romain germanique nâest ainsi dĂ©nommĂ© quâau XVĂšme siĂšcle.
Câest au dĂ©part un Empire qui prĂ©tend prendre la succession de lâEmpire romain. Le titre des dirigeants de ses dirigeants a variĂ© au cours des siĂšcle. Par souci de clartĂ©, on nomme en français son dirigeant empereur romain germanique ou empereur des Romains.
JusquâĂ sa mort, en 1806, le Saint-Empire ne parvint jamais Ă constituer un Ătat-nation comme la France ou le Royaume-Uni. CâĂ©tait plutĂŽt un agrĂ©gat dâĂtats qui jouissaient chacun de leur indĂ©pendance. Ă partir du 15Ăšme, les Habsbourg accaparent la dignitĂ© impĂ©riale et en fond un instrument de leur prestige et de leur influence.
Le rĂšgne fondateur de Rodolphe de Habsbourg

Lâhistoire de la dynastie connaĂźt un tournant spectaculaire au XIIIĂšme siĂšcle sous le rĂšgne de Rodolphe de Habsbourg (r. 1273 â 1291).
Câest le premier membre de la famille Ă devenir empereur des Romains en 1273.
Les princes Ă©lecteurs pensent avoir Ă©lu un souverain terne et sans envergure. Sâil est alors lâun des plus puissants seigneurs dâAllemagne du sud, Rodolphe Ier fait manifestement pĂąle figure devant ses prĂ©dĂ©cesseurs Hohenstaufen, FrĂ©dĂ©ric Barberousse, Henri VI ou FrĂ©dĂ©ric IIâŠ

Rodolphe Ier déçoit rapidement ces espoirs et montre sa valeur. Il devient en effet le premier Habsbourg Ă porter le titre de duc dâAutriche. Lâextinction de la famille rĂ©gnante des Babenberg avait entraĂźnĂ© une pĂ©riode dâinstabilitĂ© dans ce pays, au cours de laquelle de nombreux princes sâĂ©taient disputĂ©s le prestigieux duchĂ©.
En 1278, Rodolphe sâimpose dĂ©finitivement en Autriche. La mĂȘme annĂ©e, Ă la bataille de Marchfeld, il vainc le roi de BohĂȘme Ottokar II avec lâaide du roi de Hongrie. Ce succĂšs dĂ©place Ă lâest le centre de gravitĂ© de sa dynastie. Il jette ainsi les bases de la puissance future des Habsbourg dans les rĂ©gions danubiennes.
Rodolphe meurt nĂ©anmoins avant dâavoir pu ĂȘtre couronnĂ© Empereur par le Pape.
Les Habsbourg Ă la conquĂȘte de lâEurope
AccĂšs de FrĂ©dĂ©ric III Ă lâEmpire
Il faut attendre 1440 pour quâun Habsbourg devienne de nouveau empereur. FrĂ©dĂ©ric III (r. 1457 â 1493), qui est le premier dâentre eux Ă monter officiellement sur le trĂŽne.
Les Habsbourg monopoliseront la dignitĂ© impĂ©riale Ă partir de ce rĂšgne â Ă lâexception dâun bref intermĂšde au milieu du XVIIIĂšme siĂšcle â jusquâĂ son abolition en 1806.
FrĂ©dĂ©ric III lui-mĂȘme nâimpressionne pas. Câest un mĂ©diocre chef de guerre. Il est ainsi incapable de mater la rĂ©bellion hussite en BohĂȘme. Ses propres territoires sont mĂȘme envahis par le puissant roi de Hongrie, Matthias Corvin, au cours des annĂ©es 1480.
Il parvient malgrĂ© tout Ă Ă©tendre ses domaines en Allemagne du sud grĂące Ă des hĂ©ritages territoriaux. La famille acquiert le Tyrol, une rĂ©gion riche et stratĂ©gique. Sa politique matrimoniale est Ă©galement un succĂšs : il rĂ©ussit Ă marier son fils Maximilien Ă lâune des femmes les plus courtisĂ©es de son temps, Marie de Bourgogne, hĂ©ritiĂšre de lâune des plus puissantes familles dâEurope.
Maximilien et la puissance matrimoniale

Maximilien Ier (1493 â 1519), empereur de 1493 Ă 1519, parachĂšve lâoeuvre de FrĂ©dĂ©ric III.
DĂšs 1477, il rĂ©cupĂšre le monumental hĂ©ritage bourguignon de sa femme : la Franche-ComtĂ©, la Belgique actuelle ainsi quâune large partie des Pays-Bas. La Bourgogne est cependant annexĂ©e par la France. Ă 18 ans, Maximilien se retrouve Ă la tĂȘte dâimmenses territoires, riches et bien situĂ©s.
En 1490, les Hongrois se retirent de lâAutriche. AprĂšs avoir rĂ©affirmĂ© le pouvoir des Habsbourg sur ces terres, Maximilien lance une ambitieuse politique diplomatique dont le but est de contrecarrer lâaction des rois de France, en Italie notamment.
Les opĂ©rations militaires nâont que de modestes rĂ©sultats, mais Maximilien parvient Ă dĂ©fendre son empire. Surtout, il a lâimmense intelligence de se lier avec les souverains dâEspagne, Isabelle de Castille et Ferdinand dâAragon : en 1496, il marrie son fils Philippe le Beau avec leur fille Jeanne. En mĂȘme temps, la maison dâAutriche conserve des liens familiaux avec les souverains de BohĂȘme et de Hongrie. Cette alliance se rĂ©vĂ©lera capitale par la suite.

Par une politique prudente et patiente, les Habsbourg ont petit à petit constitué un territoire étendu qui, à la fin du XVe siÚcle, leur permet de figurer au premier rang des souverains européens tout en renforçant leur emprise sur le Saint-Empire.
Contrairement Ă une lĂ©gende tenace, ils ont souvent dĂ» guerroyer pour ce faire. Mais il reste que leurs succĂšs doivent Ă©galement beaucoup Ă une diplomatie et une politique matrimoniale trĂšs bien menĂ©es. Câest de cette Ă©poque que date le proverbe, attribuĂ© Ă Matthias Corvin, pour railler son voisin peu belliqueux :
« Bella gerant alii, tu felix Austria nube »
« Les autres font la guerre, toi, heureuse Autriche, tu te maries ».
Les Habsbourg Ă la conquĂȘte du monde

Maximilien nâaura pas le temps de rĂ©colter les fruits de sa sage politique. Son fils, Philippe le Beau (1478 â 1506), mort avant son pĂšre, non plus. Câest au fils de ce dernier, lâempereur Charles Quint (1519 â 1558), quâil appartient finalement de rĂ©gner sur le plus grand empire europĂ©en depuis Charlemagne.
LâhĂ©ritage de Charles Quint

Charles Quint hĂ©rite des Pays-Bas bourguignons (1506), de lâEspagne et de ses territoires italiens (1516), de lâAutriche (1519) et devient empereur du Saint-Empire (1520). Mais son pouvoir ne sâarrĂȘte pas lĂ .
Son prodigieux empire sâagrandit encore au cours du siĂšcle grĂące Ă lâexpansion coloniale de la Castille en AmĂ©rique. Sâappuyant sur ces nombreux territoires, Charles Quint mĂšne toute sa vie des guerres incessantes contre ses rivaux français, François Ier et Henri II et contre lâEmpire ottoman qui occupe alors tout le quart sud-est de lâEurope.
Les ennemis de Charles Quint
Le protestantisme

En 1517, Martin Luther publie ses 95 thĂšses. Un nouvel adversaire des Habsbourg apparaĂźt : le protestantisme. Celui-ci se diffuse rapidement dans le Saint-Empire puis sur le reste du continent.
Cette nouvelle confession menace lâunitĂ© de lâEmpire des Habsbourg, dâautant quâelle sert dâinstrument Ă la volontĂ© dâindĂ©pendance de certains princes allemands. Ă la fin des annĂ©es 1540, le conflit sâenvenime, forçant Charles Quint Ă intervenir militairement en Allemagne afin dây supprimer une insurrection protestante.
DĂ©sormais, la maison dâAutriche sâidentifiera de plus en plus Ă la dĂ©fense de la religion catholique en Europe.
Les Ottomans

En parallĂšle, lâexpansion ottomane en Europe centrale bĂ©nĂ©ficie de maniĂšre indirecte aux Habsbourg : en effet, Ă la bataille de Mohacs en 1526, le roi Louis II de Hongrie est tuĂ© par Soliman le Magnifique, sans laisser dâhĂ©ritier.
Le frĂšre de Charles, Ferdinand Ier (1503 â 1564), revendique les couronnes de Hongrie et de BohĂȘme et parvient Ă lâemporter face Ă ses rivaux en 1529.
Certes, du fait de lâavancĂ©e ottomane, la majeure partie de la Hongrie lui Ă©chappe et ne sera pas conquise avant la fin du XVIIĂšme siĂšcle. LâarmĂ©e turque, redoutable machine de guerre, assiĂšge mĂȘme Vienne en 1529 et la menace Ă nouveau en 1532 !
Toutefois, en rĂ©gnant sur la BohĂȘme, la Hongrie royale, lâAutriche et le Tyrol, Ferdinand pose les bases dâun Empire Habsbourg au centre de lâEurope, un fait majeur dans lâhistoire du continent europĂ©en.
Charles Quint abdique, les Habsbourg se divisent

En 1556 et 1558, Charles Quint, usĂ© par la goutte et des conflits qui nâen finissent pas, abdique de tous les trĂŽnes quâil occupait alors.
Ferdinand Ier (1520 â 1564), son frĂšre, conserve les territoires autrichiens, la BohĂȘme, la SilĂ©sie et la Hongrie royale. Il devient Ă©galement empereur romain germanique.
Le fils de Charles, Philippe II dâEspagne (1527 â 1598) rĂ©cupĂšre tous les autres domaines des Habsbourg : lâEspagne et ses colonies, mais aussi lâItalie du sud, Milan, la Franche-ComtĂ© et les Pays-Bas.
DĂ©sormais, les intĂ©rĂȘts des deux branches de la maison dâAutriche divergent. Le branche allemande est notamment plus conciliante avec le protestantisme. Les Habsbourg dâEspagne sont en outre bien plus puissants que leurs cousins dâEurope centrale.
Philippe II : souverain le plus puissant dâEurope

Du dĂ©but de son rĂšgne en 1556 Ă sa mort en 1598, Philippe II est le souverain le plus puissant dâEurope.
Il profite notamment des guerres de religion en France, aux Pays-Bas et en Angleterre pour se poser en champion du catholicisme sur le continent, au moment oĂč les Habsbourg dâAutriche se montrent plutĂŽt tiĂšdes en matiĂšre de religion.
Ses armĂ©es parviennent Ă reprendre le sud des Pays-Bas (mais pas le nord), occupent le Portugal en 1580 â Philippe ayant hĂ©ritĂ© du trĂŽne suite Ă la mort du roi portugais â et interviennent en France Ă plusieurs reprises pour empĂȘcher un succĂšs protestant.
Sa marine contribue puissamment Ă la dĂ©faite de lâEmpire ottoman Ă LĂ©pante en 1571 mais elle est dĂ©faite au large de lâAngleterre en 1588 (Ă©pisode de la lâInvincible Armada). Enfin, lâempire colonial espagnol continue de sâĂ©tendre en AmĂ©rique ainsi quâen Asie avec la colonisation des Philippines.

Si la fin de la vie de Philippe II est marquĂ©e par des revers en France ou en Angleterre, ils ne remettent guĂšre en cause la puissance hĂ©gĂ©monique de lâEspagne, crainte par lâensemble des autres pays europĂ©ens.
Au mĂȘme moment, les Habsbourg dâAllemagne ont du mal Ă dĂ©fendre leurs territoires face aux Ottomans. Leurs offensives pour reconquĂ©rir la Hongrie Ă©chouent. Leur pouvoir rĂ©el sur les Ătats du Saint-Empire reste largement thĂ©orique : de nombreux princes allemands sont indĂ©pendants dans les faits.
Ferdinand et son fils, Maximilien II (1564 â 1576), font preuve de prudence. Ils mĂ©nagent volontiers les protestants et Ă©vitent soigneusement toute guerre de religion dans lâespace impĂ©rial. Cette politique prendra cependant fin au dĂ©but du XVIIĂšme siĂšcle, Ă lâheure oĂč lâĂglise lance la contre-rĂ©forme catholique en Europe centrale.
Décadence en Espagne, succÚs en Europe centrale
Au XVIIĂšme siĂšcle, la roue tourne pour les deux branches Habsbourg. Pour la branche espagnole, câest la dĂ©cadence, pour la branche autrichienne, câest lâascension.
La dĂ©cadence des Habsbourg dâEspagne
La guerre de Trente Ans (1618-1648) voit les Habsbourg espagnols voler au secours de leurs cousins allemands. Ce terrible conflit signe lâĂ©chec de la maison dâAutriche Ă rĂ©tablir une autoritĂ© pleine et entiĂšre sur le Saint-Empire contre les princes protestants. Avec les traitĂ©s de Westphalie (1648), les princes allemands acquiĂšrent une pleine souverainetĂ© sous protection de la France.
Pour les Habsbourg dâEspagne, câest le chant du cygne. Ils sont affaiblis par leurs Ă©checs face aux Français, par lâindĂ©pendance du Portugal et par des crises Ă©conomiques Ă rĂ©pĂ©tition qui secouent lâEspagne. Avec le traitĂ© des PyrĂ©nĂ©es de 1659, Habsbourg et CapĂ©tiens mettent fin Ă leur conflit, mais câest la France qui devient la puissance prĂ©pondĂ©rante sur le continent.

La deuxiĂšme partie du siĂšcle confirme le dĂ©clin de la branche espagnole. Charles II (1665-1700), dit lâEnsorcelĂ©, ne peut pas diriger le royaume. Fruit des nombreux mariages consanguins des Habsbourg, il est faible, chĂ©tif, attardĂ© et stĂ©rile. Une catastrophe.
En quelques dĂ©cennies, la glorieuse monarchie espagnole devient un Etat de second rang. Elle est incapable de sâopposer aux visĂ©es hĂ©gĂ©moniques de Louis XIV. Le jeune roi sâimpose alors avec fracas sur le théùtre europĂ©en avec la guerre de DĂ©volution de 1667-1668.
Plus grave encore : Charles II, stĂ©rile, nâa pas dâhĂ©ritier. Louis XIV veut placer sa famille Ă la tĂȘte de son voisin ibĂ©rique. AprĂšs la guerre de succession dâEspagne (1701-1714), la maison dâAutriche perd dĂ©finitivement le pays, qui passe aux mains de la dynastie des Bourbons avec lâaccession au trĂŽne de Philippe V.
Lâascension des Habsbourg dâAutriche

Alors que la branche espagnole finit par disparaĂźtre, la branche allemande des Habsbourg monte en puissance.
AprĂšs lâĂ©chec de la guerre de Trente ans, Ferdinand III puis son successeur, LĂ©opold Ier (1640 â 1705), mobilisent les princes du Saint-Empire pour lutter contre lâhĂ©gĂ©monie française. Fort de ce soutien, lâAutriche participe activement aux guerres de Hollande (1672-1678), de la Ligue dâAugsbourg (1688-1697) et de Succession dâEspagne, sous la direction du prince EugĂšne de Savoie.
Surtout, les Autrichiens parviennent Ă mettre fin Ă lâexpansion des Ottomans en Europe. En 1683, le siĂšge de Vienne par les Turcs Ă©choue.
Sâils ne parviennent pas Ă conserver lâEspagne dans leur giron, les Habsbourg gagnent nĂ©anmoins de nombreux territoires en Italie ainsi que les anciens Pays-Bas espagnols.
Ă lâest, les victoires contre les Ottomans leur permettent dâagrandir considĂ©rablement leur territoire. De 1664 Ă 1718, ils intĂšgrent ainsi la Hongrie centrale, la Transylvanie et le nord de la Serbie (qui sera ensuite majoritairement reprise par les Turcs).
La crĂ©ation dâun Ătat Habsbourg

Le nouvel ensemble de territoires constitués par les Habsbourg en Europe centrale présente toutefois des fragilités.
Elles se rĂ©vĂšlent sous le rĂšgne de Charles VI (1711-1740), mĂ©cĂšne exceptionnel, mais piĂštre politique. Des dĂ©faites Ă rĂ©pĂ©tition lui font perdre Belgrade face aux Ottomans et le sud de lâItalie, rĂ©cupĂ©rĂ© par les Bourbons dâEspagne. Il se montre surtout incapable de rĂ©former les institutions trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes de ses territoires dâEurope centrale et dây dâĂ©tablir une administration moderne.
Celle qui lui succĂšde, Marie-ThĂ©rĂšse dâAutriche (1740 â 1780), paiera cher cet affaiblissement.
La perte de la Silésie

En 1740, coup de tonnerre ! Le jeune FrĂ©dĂ©ric II (1712 â 1786) de Prusse fait valoir ses ambitions. La Prusse envahit par surprise la SilĂ©sie, au nord de lâEmpire. La nouvelle souveraine, Marie-ThĂ©rĂšse dâAutriche, nâa guĂšre de forces Ă lui opposer sauf des armĂ©es dangereusement affaiblies. La France sâen mĂȘle. Elle intervient en Allemagne avant de pousser jusquâen BohĂȘme, tandis que la BaviĂšre revendique la dignitĂ© impĂ©riale.
AprĂšs plusieurs annĂ©es difficiles pour les Habsbourg, la Guerre de Succession dâAutriche prend fin en 1748. Marie-ThĂ©rĂšse a perdu la SilĂ©sie, mais elle a rĂ©ussi Ă dĂ©fendre le reste de ses territoires tout en mettant fin aux prĂ©tentions bavaroises sur lâEmpire.
Les réformes de Kaunitz

Marie-ThĂ©rĂšse est consciente des faiblesses de sa monarchie. Elle lance avec lâaide dĂ©cisive du chancelier Wenzel von Kaunitz (1711 â 1794) une ambitieuse politique de rĂ©formes pour renforcer son armĂ©e, rationaliser lâorganisation de ses ministĂšres et Ă©tablir une administration plus solide dans ses territoires.
Cette politique cimente les territoires hĂ©tĂ©rogĂšnes des Habsbourg dans un ensemble qui servira de socle Ă un empire unifiĂ© au XIXĂšme siĂšcle. Peu Ă peu, ces territoires deviennent une entitĂ© autonome, sĂ©parĂ© dâun SaintâEmpire dĂ©sormais vidĂ© de sa substance.
Ces rĂ©formes consolident la position de lâAutriche : au cours de la guerre de Sept Ans (1756-1763), Marie-ThĂ©rĂšse fait bonne figure face Ă la Prusse, sans parvenir cependant Ă reprendre la SilĂ©sie.
Lâempereur Joseph, despote Ă©clairĂ©

Le fils de Marie-ThĂ©rĂšse, Joseph II (1780 â 1790), devient empereur dĂšs 1765. Il lui faut nĂ©anmoins attendre la mort de sa mĂšre en 1780 pour pouvoir pleinement appliquer son propre programme de rĂ©forme.
TrĂšs influencĂ© par les LumiĂšres, il met en Ćuvre une politique de modernisation radicale, fondĂ© sur une centralisation administrative, une plus grande tolĂ©rance religieuse et la lutte contre lâinfluence de lâEglise catholique dans la vie sociale et Ă©conomique du pays.
En 1784, Joseph II fait de lâallemand la langue administrative de son empire multinational. Parmi ses nombreuses rĂ©formes, il rĂ©duit le nombre de sĂ©minaires et supprime des congrĂ©gations religieuses. Il instaure le mariage civil, supprime les jurandes, abolit le servage. RĂ©forme audacieuse pour lâĂ©poque, il instaure un impĂŽt par tĂȘte payable par tous les propriĂ©taires, sans exception.
Toutefois, ses rĂ©formes mĂ©contentent la noblesse et de nombreux sujets attachĂ©s Ă leurs traditions. En 1789, les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle) entrent en rĂ©volte contre leur souverain. Lâagitation gagne la Hongrie. Lorsquâil meurt en 1790, Joseph II a ainsi dĂ» abroger la plupart des mesures quâil avait prises au cours de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente.
Le temps des Habsbourg conservateurs

LĂ©opold II (1790 â 1792) fait le bilan de la parenthĂšse josĂ©phiste. Pragmatique, le nouveau monarque comprend la difficultĂ© Ă appliquer des rĂ©formes radicales dans un ensemble aussi hĂ©tĂ©rogĂšne que lâEmpire dâAutriche. Il choisit la voie dâun conservatisme mesurĂ© malgrĂ© ses propres sympathies pour les LumiĂšres.
Son fils, François Ier dâAutriche (1792 â 1835) se montre nettement plus hostile aux Ă©volutions politiques de son Ă©poque.
Lorsque la France rĂ©volutionnaire dĂ©clare la guerre Ă lâAutriche en 1792, les Habsbourg font face Ă un ennemi mortel. Ils deviennent les champions de lâabsolutisme et sâopposent avec acharnement aux idĂ©es nouvelles.
De 1792 Ă 1815, lâAutriche est presque constamment en guerre avec la France, au pĂ©ril de sa propre existence. Elle manque de peu le dĂ©pĂšcement aux traitĂ©s de Presbourg (1805) et Schönbrunn (1809). Pourtant, sous lâimpulsion du chancelier Klemens von Metternich (1773 â 1859), elle participe activement aux campagnes de 1813-1815 qui provoquent la chute de lâEmpereur français.
LâEurope du congrĂšs de Vienne

En reconnaissance de ce rĂŽle, câest Vienne qui accueille, Ă partir de 1814, le grand congrĂšs chargĂ© de poser les bases du nouvel ordre europĂ©en suite Ă la fin du rĂ©gime napolĂ©onien : le CongrĂšs de Vienne.
De 1815 Ă 1848, lâEmpereur François et Metternich imposent un ordre trĂšs conservateur aussi bien Ă lâintĂ©rieur des frontiĂšres de leur Empire que sur le continent europĂ©en. LâarmĂ©e autrichienne intervient plusieurs fois en Italie pour y Ă©craser des rĂ©voltes libĂ©rales ou populaires. Dans les territoires autrichiens, la censure fait rage afin dâĂ©viter toute agitation due aux idĂ©es politiques nouvelles. En effet, le dĂ©veloppement du libĂ©ralisme politique et des nationalismes menacent lâantique monarchie autrichienne et son Ătat plurinational.
MalgrĂ© son conservatisme, François ne restaure pas le Saint-Empire supprimĂ© par NapolĂ©on en 1806. Il prĂ©fĂšre rĂ©gner en tant quâEmpereur dâAutriche. François reste toutefois le maĂźtre des affaires allemandes, en tant que prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration germanique. Il doit toutefois composer avec un Royaume de Prusse sorti renforcĂ© des guerres napolĂ©oniennes.
Le dernier monarque de la vieille Ă©cole : lâempereur François-Joseph

Lâordre conservateur imposĂ© par le pouvoir impĂ©rial se fissure avec le printemps des peuples de 1848. Des manifestations ont ainsi lieu Ă Vienne et Ă Prague. En Italie, en Pologne ce sont des rĂ©voltes. En Hongrie, câest une rĂ©volution contre le pouvoir Habsbourg !
LâarmĂ©e autrichienne doit intervenir pour restaurer lâautoritĂ© du souverain. Il faut attendre 1849 et lâaide dâun corps expĂ©ditionnaire russe pour faire cesser tous les troubles en Hongrie.
Câest dans ce contexte difficile que lâempereur François-Joseph Ier (1830 â 1916) accĂšde au pouvoir en 1848. Dans les annĂ©es 1850, une fois les rĂ©voltes populaires matĂ©es, le nouveau souverain mĂšne une politique « nĂ©o-absolutiste » et centralisatrice, faisant de son Empire un Etat unitaire administrĂ© par une puissante bureaucratie.
Cette pĂ©riode autoritaire est Ă©galement marquĂ©e par une vraie prospĂ©ritĂ© Ă©conomique mais elle sâachĂšve par une succession de dĂ©faites contre la France (1859) et la Prusse (1866) qui font perdre Ă lâAutriche ses territoires italiens et son influence prĂ©pondĂ©rante en Allemagne.
De lâEmpire dâAutriche Ă lâAutriche-Hongrie

Suite Ă ces graves revers, lâEmpire autrichien se retrouve rĂ©duit Ă ses territoires dâEurope centrale. Surtout, François-Joseph est dĂ©sormais convaincu de la nĂ©cessitĂ© de mettre fin Ă sa politique absolutiste et dâobtenir un compromis avec la Hongrie, toujours en proie Ă lâagitation nationaliste.
Câest chose faite en 1867 avec un accord qui prĂ©voit lâinstauration dâune double monarchie austro-hongroise ainsi quâune large autonomie accordĂ©e au Royaume de Hongrie. LâEmpire dâAutriche devient lâAutriche-Hongrie.
En revanche, les institutions impĂ©riales continuent Ă prendre en charge les affaires communes : la diplomatie, la guerre ou encore lâadministration de la Bosnie-HerzĂ©govine Ă partir de son invasion en 1878. Le parlementarisme est instaurĂ© dans les deux parties de lâEtat des Habsbourg, sans que les prĂ©rogatives de lâEmpereur en soient fondamentalement remises en cause.

Sâil stabilise la monarchie danubienne pour un temps, ce compromis déçoit toutefois les autres peuples de lâEmpire qui espĂ©raient une fĂ©dĂ©ralisation de celui-ci. Il sĂšme ainsi les germes de conflits futurs, dâautant que lâĂ©lite hongroise se lance dans une politique controversĂ©e de « magyarisation » de leurs minoritĂ©s ethniques.
Le développement économique
Le long rÚgne de François-Joseph ( presque 68 ans ! ) est celui de la fin des illusions impériales.
ExpulsĂ©e dâItalie, marginalisĂ©e en Allemagne aprĂšs lâunification du pays par la Prusse (1871), lâAutriche-Hongrie ne peut plus sâĂ©tendre que dans les Balkans. Elle apparaĂźt surclassĂ©e par le formidable dĂ©veloppement industriel de lâEmpire allemand, ainsi quâun Empire russe bien plus peuplĂ© quâelle. De maniĂšre significative, lâAutriche nâa guĂšre dâambition coloniale et sa marine reste relativement faible.
François-Joseph est un homme attachĂ© aux traditions et peu intĂ©ressĂ© par les innovations du siĂšcle. La Cour des Habsbourg est toujours marquĂ©e par une solennitĂ© et une pompe dâun autre Ăąge, malgrĂ© les extravagances de lâimpĂ©ratrice Sissi.
Pour autant, le bilan du « dernier monarque de la vieille école » est loin de se résumer à un déclassement, ou à une décadence.
LâAutriche-Hongrie connaĂźt un dĂ©veloppement Ă©conomique important. Elle sâindustrialise rapidement, surtout Ă lâOuest, grĂące Ă une forte intĂ©gration commerciale des diffĂ©rents territoires. La sociĂ©tĂ© civile de lâEmpire se rĂ©vĂšle dynamique, particuliĂšrement dans ses territoires occidentaux.
LâĂąge dâor de Vienne

Vienne connaĂźt un vĂ©ritable Ăąge dâor Ă©conomique et culturel vers la fin du rĂšgne de François-Joseph. Ville cosmopolite de plus de 2 millions dâhabitants, elle est au cĆur de mouvements artistiques cĂ©lĂšbres tels le Jugendstil (art nouveau) ou la SĂ©cession viennoise, portĂ©e par des artistes de renom tels que Gustav Klimt ou Egon Schiele.
La scĂšne littĂ©raire de la capitale autrichienne se dĂ©veloppe Ă©galement sous lâimpulsion de grands auteurs comme Karl Kraus ou Arthur Schnitzler. Si la prĂ©pondĂ©rance viennoise en Europe centrale est incontestable, dâautres villes connaissent aussi un essor important Ă cette Ă©poque, comme Prague ou Budapest.
La chute des Habsbourg
Cette atmosphĂšre brillante disparaĂźt brutalement avec la Grande Guerre.
Une armée faible

Câest lâassassinat de lâhĂ©ritier au trĂŽne dâAutriche, lâarchiduc François-Ferdinand (1863 â 1914), et de sa femme, le 28 juin 1914, par un nationaliste serbe, par Gavrilo Princip, qui cause lâenchaĂźnement fatal qui va entraĂźner lâEurope toute entiĂšre dans une guerre sanglante par un complexe jeu dâalliances : lâAutriche-Hongrie, alliĂ©e de lâAllemagne, finit par dĂ©clarer la guerre Ă la Serbie, appuyĂ©e par la Russie, elle-mĂȘme alliĂ©e Ă la FranceâŠ
La Grande Guerre sera fatale Ă lâempire plurisĂ©culaire des Habsbourg. LâarmĂ©e austro-hongroise est plus courageuse et motivĂ©e quâon a pu le dire. Mais, mal Ă©quipĂ©e, mal commandĂ©e, elle devient rapidement dĂ©pendante de son homologue allemande.
Les forces austro-hongroises peuvent pourtant se prĂ©valoir de quelques beaux succĂšs, souvent obtenus grĂące Ă lâaide de lâarmĂ©e allemande : la dĂ©fense de lâIsonzo en Italie, lâoffensive de Galicie de 1915, lâinvasion de la Roumanie en 1916 (dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral allemand von Mackensen) et la bataille de Caporetto en 1917.
La décomposition

1918, câest lâannĂ©e terrible. LâAutriche-Hongrie glisse sur la pente fatale de la dĂ©composition. LâEmpire ploie sous les nationalismes ethniques, encouragĂ©s par les puissances ennemis. En octobre, les multiples minoritĂ©s de lâEmpire proclament leur indĂ©pendance. De nombreux soldats de lâarmĂ©e impĂ©riale dĂ©sertent pour aller dĂ©fendre leurs patries respectives, menacĂ©es par une offensive franco-serbe dans les Balkans.
Les troupes italiennes, aidĂ©es par ses alliĂ©es, Ă©crasent lâarmĂ©e autrichienne Ă la bataille Vittorio Veneto. En mars 1919, Charles Ier (1887 â 1922), le âdernier des Habsbourgâ, doit fuir son pays.
En 1920, le TraitĂ© de Trianon consacre la fin dĂ©finitive de lâAutriche-Hongrie et du rĂšgne des Habsbourg en Europe centrale.
LâhĂ©ritage de la monarchie danubienne
Lâempire des Habsbourg a longtemps eu mauvaise presse.
Il a ainsi Ă©tĂ© accusĂ© dâĂȘtre une « prison des peuples » ayant entravĂ© les aspirations nationales et dĂ©mocratiques des diffĂ©rents peuples qui y habitaient.
Cette mauvaise rĂ©putation est aujourdâhui remise en cause. De nombreux historiens (François Fetjö, Jean-Paul Bled, etc.) estiment ainsi que la chute de la double monarchie a pĂ©nalisĂ© le dĂ©veloppement Ă©conomique de lâEurope centrale en y crĂ©ant de nouvelles frontiĂšres, et a favorisĂ© lâexpansion de lâAllemagne nazie puis celle de lâUnion soviĂ©tique dans cette rĂ©gion.
En outre, ils relĂšvent un effort limitĂ© mais rĂ©el de dĂ©mocratisation des institutions impĂ©riales, avec le dĂ©veloppement du parlementarisme et dâĂ©lections locales sous le rĂšgne de François-Joseph. Les consĂ©quences de cette dĂ©mocratisation nâont pas toutes Ă©tĂ© heureuses : en atteste lâĂ©lection Ă rĂ©pĂ©tition de lâantisĂ©mite Karl Lueger comme maire de Vienne entre 1895 et 1909.
La mĂ©moire de lâEmpire des Habsbourg aujourdâhui

LâEurope centrale et les Balkans ont souffert des guerres du XXĂšme siĂšcle et de multiples nettoyages ethniques. Ces souffrances ont contribuĂ© Ă rĂ©habiliter la mĂ©moire de lâempire multinational des Habsbourg, en discrĂ©ditant le nationalisme ethnique qui avait provoquĂ© sa chute.
Si elle nâa guĂšre de relai politique, il existe dans la rĂ©gion une nostalgie de lâĂšre impĂ©riale et de ses fastes. Elle renvoie Ă une Ă©poque oĂč lâEurope centrale, largement unifiĂ©e, connaissait un rayonnement Ă©conomique et culturel qui suscitait lâadmiration de nombreux observateurs Ă©trangers.
Lâuniversitaire et Ă©crivain italien Claudio Magris a, par ailleurs, notĂ© une forte influence de la mĂ©moire de lâempire Habsbourg sur lâidĂ©al europĂ©en, lui-mĂȘme fondĂ© sur la volontĂ© dâun dĂ©passement des nationalismes.
Stefan Zweig, dans Le monde dâhier, dit toute sa douleur dâavoir perdu sa Vienne cosmopolite.
Quant à Joseph Roth, inconsolable de la perte de sa patrie, il écrivait en préface de son plus célÚbre roman, La Marche de Radetzky (1932) :
Une volontĂ© cruelle de lâHistoire a rĂ©duit en morceaux ma vieille patrie, la Monarchie austro-hongroise. Je lâai aimĂ©e, cette patrie, qui me permettait dâĂȘtre en mĂȘme temps un patriote et un citoyen du monde, un Autrichien et un Allemand parmi tous les peuples autrichiens. Jâai aimĂ© les vertus et les avantages de cette patrie, et jâaime encore aujourdâhui, alors quâelle est dĂ©funte et perdue, ses erreurs et ses faiblesses. Elle en avait beaucoup. Elle les a expiĂ©es par sa mort.
Bibliographie
- Histoire de lâAutriche, Jean BĂ©renger
- Histoire de lâEmpire des Habsbourg, Jean BĂ©renger (Lâacheter)
- Histoire de lâEspagne, Joseph PĂ©rez (Lâacheter)
- Marie-ThĂ©rĂšse dâAutriche, Jean-Paul Bled (Lâacheter)
- François-Joseph, Jean-Paul Bled (Lâacheter)
- Danubio, Claudio Magris
- Requiem pour un empire défunt, François Fetjö
- Le monde dâhier, StĂ©phane Zweig
les HABSBOURG ne sont pas ce quâon croit âŠ.
Bonjour, aprĂšs avoir lu tous vos articles ainsi que le livre de Jean des Cars âLa saga des Habsbourg â ainsi quâun voyage Ă Vienne, je suis Ă la recherche de rĂ©fĂ©rences de livres concernant la vie quotidienne Ă la cour. Aurriez vous des lectures Ă me conseiller? Merci pour votre page
Je remercie vivement ClĂ©ment Chapon pour ce vaste, clair et nuancĂ© panorama de lâhistoire des Habsbourg qui se dĂ©roule sous nos yeux et sâimprime aussi dans la mĂ©moire, chose plus rare!
Câest la lecture dâun roman-saga dâErnst Lothar: âMĂ©lodie de Vienneâ, histoire dâune famille viennoise de facteurs de pianos , depuis la mort du prince hĂ©ritier Rodolphe jusquâĂ lâentrĂ©e dâHitler, qui mâa poussĂ©e Ă une recherche sur cette
dynastie.Je ne pouvais mieux tomber.
Parfait.
magnifique document rien Ă redire