Des bonobos capables de repérer l’ignorance humaine : une découverte fascinante

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Les bonobos, ces primates fascinants et proches des humains, sont bien plus astucieux qu’on ne pourrait le penser. Une étude récente menée par l’équipe de l’université Johns Hopkins a révélé qu’ils peuvent identifier l’ignorance humaine et ajuster leur comportement en conséquence. Une capacité qui nous rappelle que la frontière entre l’intelligence humaine et celle des autres grands singes pourrait être plus floue qu’on ne l’imagine.

Une expérience inédite pour tester l’intuition des bonobos

L’expérience menée par les chercheurs a eu lieu à Ape Initiative, un centre de recherche qui se spécialise dans l’étude des grands singes. Trois bonobos mâles – Nyota, Kanzi et Teco – ont participé à des tests où ils ont dû interagir avec un humain. Ce dernier, Luke Townrow, doctorant à Johns Hopkins, cachait une friandise sous l’un de trois gobelets, soit en étant observé, soit sans. Ensuite, il demandait à l’un des bonobos : “Où est le raisin ?” et attendait une réponse.

Des bonobos qui devinent l’ignorance humaine

Les résultats de l’expérience ont été fascinants. Lorsqu’il avait vu où se trouvait la friandise, Luke Townrow recevait une aide passive des bonobos, qui attendaient tranquillement qu’il trouve la réponse. Mais dès qu’il n’avait pas observé la scène, leur comportement changeait radicalement. Les bonobos désignaient rapidement le bon gobelet, certains insistant avec des gestes clairs. Un des bonobos, Kanzi, allait même jusqu’à tapoter plusieurs fois pour attirer l’attention de l’humain.

Cette réaction démontre non seulement que les bonobos sont capables de comprendre la situation, mais aussi qu’ils peuvent percevoir l’ignorance de leur interlocuteur et ajuster leur comportement pour combler ce manque de savoir. Une capacité surprenante et révélatrice de leur intelligence sociale.

Une prise de conscience cognitive avancée

L’étude remet en question l’idée selon laquelle la “théorie de l’esprit” — la capacité de comprendre que l’autre peut ne pas savoir ce que nous savons — serait uniquement humaine. Les bonobos ne se contentent pas de réagir à des stimuli externes ; ils sont capables d’adapter leur comportement en fonction de ce qu’ils perçoivent des connaissances d’autrui. Selon Chris Krupenye, professeur adjoint en sciences psychologiques et cérébrales à Johns Hopkins, ce type de comportement est au cœur de nos interactions sociales les plus complexes, y compris la coopération et la communication.

D’autres primates, comme les chimpanzés, ont montré qu’ils étaient capables de modifier leurs avertissements en fonction de ce que leurs congénères savaient, ce qui prouve que cette aptitude à comprendre ce que l’autre sait ou ignore existe bel et bien dans le monde animal. Ce qui était auparavant considéré comme une capacité purement humaine semble donc être partagé par nos plus proches cousins.

L’intelligence sociale des bonobos : un miroir de la nôtre ?

Cette découverte ne remet pas seulement en cause nos certitudes sur l’intelligence animale, mais elle soulève une question plus profonde : jusqu’où va notre singularité en tant qu’espèce ? Si les bonobos sont capables de détecter l’ignorance d’un autre être humain et d’y répondre de manière ciblée, cela suggère que certaines de nos capacités cognitives, telles que l’empathie et la coopération, pourraient avoir des racines communes avec ces animaux.

L’équipe de Johns Hopkins souhaite désormais approfondir cette question en étudiant si les bonobos, au-delà de simplement ajuster leurs actions, cherchent à influencer l’état mental de leur interlocuteur. Est-ce une forme de manipulation ou simplement un désir d’orienter l’action de l’autre ? Les réponses à ces questions pourraient bouleverser notre compréhension de l’intelligence animale et de la manière dont elle est partagée entre les différentes espèces.

Une avancée qui ouvre de nouvelles perspectives

Cette étude vient enrichir notre vision des capacités cognitives des bonobos et des autres grands singes. Elle illustre une nouvelle fois l’importance de reconnaître la complexité de ces animaux, capables de plus de subtilités que ce que l’on imagine. Si la frontière entre notre intelligence et celle des bonobos se rétrécit, il est possible que nos perceptions de l’intelligence animale évoluent profondément dans les années à venir.

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