Signification
Une épée de Damoclès signifie : un danger qui menace à tout moment, un péril permanent, une menace qui empêche de s’épanouir, un élément qui rend une situation précaire.
Exemples
- Pour relancer son entreprise qui périclitait, il s’était accablé d’un lourd prêt qui pendait au-dessus de son avenir comme une épée de Damoclès.
- La blessure est l’épée de Damoclès des sportifs.
- Puis, elle aime ce danger imminent, cette épée de Damoclès, suspendue au-dessus de sa tête par vous-même, préférant ainsi les délirantes agonies d’une passion à cette inanité conjugale pire que la mort, à cette indifférence qui est moins un sentiment que l’absence de tout sentiment.(Balzac, Physiologie du mariage)
Traductions
- Anglais : sword of Damocles.
- Espagnol : espada de Damocles.
- Italien : spada di Damocle.
Épée de Damoclès : origine de l’expression
Cette expression vient d’une histoire rapportée Cicéron (106 – 43 av. J.-C.) dans ses Tusculanes. Il y raconte l’histoire de Denys, tyran de Syracuse « sobre, actif, capable de gouverner; mais d’un naturel malfaisant et injuste; et par conséquent, si l’on en juge avec équité, le plus malheureux des hommes. » Paranoïaque, Denys craint en permanence de perdre son pouvoir. Il est enfermé dans son palais, et ne se fait raser que par ses filles pour ne pas confier sa tête à un barbier. Un jour, un flatteur survient : Damoclès.
Un de ses flatteurs, nommé Damoclès, ayant voulu le féliciter sur sa puissance, sur ses troupes, sur l’éclat de sa cour, sur ses trésors immenses, et sur la magnificence de ses palais, ajoutant que jamais prince n’avait été si heureux que lui : Damoclès, lui dit-il, puisque mon sort te paraît si doux, serais-tu tenté d’en goûter un peu, et de le mettre en ma place? Damoclès ayant témoigné qu’il en ferait volontiers l’épreuve, Denys le fit asseoir sur un lit d’or, couvert de riches carreaux, et d’un tapis dont l’ouvrage était magnifique. Il fit orner ses buffets d’une superbe vaisselle d’or et d’argent. Ensuite ayant fait approcher la table, il ordonna que Damoclès y fît servi par de jeunes esclaves, les plus beaux qu’il eût, et qui devaient exécuter ses ordres au moindre signal. Parfums, couronnes, cassolettes, mets exquis, rien n’y fut épargné. Ainsi Damoclès se croyait le plus fortuné des hommes, lorsque tout d’un coup, au milieu du festin, il aperçut au-dessus de sa tète une épée nue, que Denys y avait fait attacher, et qui ne tenait au plancher que par un simple crin de cheval. Aussitôt les yeux de notre bienheureux se troublèrent : ils ne virent plus, ni ces beaux garçons, qui le servaient, ni la magnifique vaisselle qui était devant lui : ses mains n’osèrent plus toucher aux plats : sa couronne tomba de sa tête. Que dis-je? Il demanda en grâce au tyran la permission de s’en aller, ne voulant plus être heureux à ce prix. Pouvez-vous désirer rien de plus fort, rien qui prouve mieux que Denys lui-même sentait qu’avec de continuelles alarmes on ne goûte nul plaisir ? Mais il n’était plus le maître de rentrer dans la voie de la justice, en rendant à ses citoyens leurs droits et leur liberté, parce que dès sa jeunesse, et à un âge où il n’examinait pas quelles seraient les suites de ses démarches, il s’était comporté de manière à ne pouvoir cesser d’être injuste, sans mettre sa vie en danger.
Cette histoire est bien sûr une allégorie de la précarité du pouvoir : celui qui est un tyran, c’est-à-dire, celui qui a , selon les critères de l’Antiquité, usurpé le pouvoir dans une cité libre et qui ne fonde son pouvoir que sur la force, voit sa vie suspendue à un fil.
L’« épée de Damoclès » est donc devenue un symbole. Ce dernier s’est formé à partir de cette histoire. Cependant, l’expression n’apparaît en français que progressivement au XVIIIe siècle, pour ne devenir plus courante qu’au XIXe siècle (cf. Google ngram, ou Gallica, 33 résultats pour le XVIIIe siècle, 3379 pour le XIXe siècle).
Cependant, l’homme petit & lâche perçait toujours au travers de cet extérieur de patriotisme : comme Auguste voyait toujours l’épée de Damoclès suspendue par un fil sur sa tête […]
Jean-Baptiste-Claude Delisle de Sales, Histoire nouvelle de tous les peuples du monde, 1779-1785
On la trouve notamment dans De l’Allemagne (1813) de Madame de Staël (1766 – 1817).
Les souvenirs des convenances de société poursuit en France la talent jusque dans ses émotions les plus intimes ; et la crainte du ridicule est l’épée de Damoclès, qu’aucune fête de l’imagination ne peut faire oublier.
L’expression apparaît dans d’autres européennes au début du XIXe siècle également.
À lire en cliquant ici : quelle est l’origine de l’expression un « lit de Procuste » ?
C’est très intéressant et instructif et de plus bien documenté avec des exemples d’usage dans des textes classiques.
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