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Réduit à portion congrue : définition & origine (expression)

Publié le 08/06/2021 (m.à.j* le 15/03/2024)
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Être réduit à portion congrue signifie : être réduit au minimum, au strict nécessaire, vivre avec très peu de ressources.

Portion congrue : origine de l’expression

Sous l’Ancien Régime, la portion congrue, du latin médiéval portio congrua (ou congruens) était une pension annuelle donnée par le titulaire d’un bénéfice (celui qui jouit du patrimoine ou du revenu associé à une charge ecclésiastique), s’il n’assurait pas lui-même le service, au desservant qui s’en occupait effectivement dans la paroisse. Plus précisément, le décimateur (bénéficiaire de la dîme, impôt sur les récoltes prélevé par l’Église) remet en règle générale une part du produit de la dîme à l’évêque, et une autre, la portion congrue, au prêtre desservant.

 […] n’est-il pas abominable que l’oisiveté soit récompensée par deux cent cinquante mille livres de rente, et que la vigilance d’un pauvre curé de campagne soit punie par une portion congrue de cent écu ?

Voltaire

Le terme congru, qui n’est pas resté dans l’usage, signifie « correct », « juste », « qui convient », tiré du latin congruus, « conforme, convenable ». La portion « congrue » était donc en théorie convenable, mais en réalité insuffisante, comme le laisse deviner le sens actuel de l’expression. Elle a été fixée à 120 livres en 1571, 300 livres en 1629 (Lucien Bély, La France moderne). Le desservant pouvait bénéficier en plus de la portion congrue du « casuel », c’est-à-dire ce qui était donné par les fidèles à l’occasion des cérémonies religieuses, et des revenus de leurs biens propres. La racine « congru » se retrouve dans incongru, « qui ne convient pas », « surprenant ».

Voir ici : prêtre, curé, moine, diacre : quelle différence ?

Exemples

Aussi, dès le premier jour, la servante rationna-t-elle Pascal et Clotilde, supprimant les anciennes douceurs, les crèmes, les pâtisseries, réduisant les plats à la portion congrue.

Zola, Le Docteur Pascal

Un « bébé de la crise », dixit sa fondatrice dans la mesure, où ce cabinet est sorti de terre, en novembre 2020, en pleine deuxième vague, et des rencontres physiques réduites à portion congrue. Un terreau peu fertile, en apparence, pour lancer son activité.

Lesechos.fr

À lire

  • Anne Bonzon, ‎Marc Venard, La Religion dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècles)
  • Michel Feuillet, Vocabulaire du christianisme