L’accord peut s’imposer ou non. On peut ainsi écrire « elle s’est vu » ou « elle s’est vue ». Cet article vous présente les différentes règles qui concernent ce point. Comprendre cette nuance relève de la maîtrise des accords du participe passé avec l’auxiliaire “être”, particulièrement lorsque le pronom réfléchi entre en jeu.
Ce qu’il faut retenir
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L’accord dépend du rôle du sujet : Est-il acteur ou spectateur ?
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L’infinitif déclenche l’accord seulement si le sujet agit (« Elle s’est vue grandir » ✅).
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Le participe passé s’accorde toujours avec le COD (« Elle s’est vue élue » ✅).
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Test décisif : Remplacer « se voir » par « voir soi-même ». Si logique, accord obligatoire.
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Piège fréquent : Les verbes d’opinion (« Elle s’est vu compétente » ⛔ → incorrect).
Mécanismes fondamentaux de l’accord
L’accord dépend exclusivement de la fonction grammaticale du pronom “s'”. Deux cas se présentent :
- Le pronom est complément d’objet direct (COD) de “voir”
- Le pronom est complément d’objet indirect (COI) ou autre fonction
Dans le premier cas seulement, l’accord s’impose avec le sujet. Cette distinction explique toutes les variations.
Suivi par un infinitif, le participe passé « vu » s’accorde au féminin avec le pronom « elle » si ce sujet fait l’action exprimée par l’infinitif. Exemple :
- Elle s’est vue trébucher du haut du muret.
- C’est bien « elle » qui « trébuche » du haut du muret.
Cet accord s’explique par le fait que le pronom réfléchi « s’ » est complément d’objet direct de « voir » ➢ Elle a vu elle-même trébucher du haut du muret.
Phrases correctes avec « elle s’est vue » (accord) :
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« Elle s’est vue promue directrice après ses résultats. »
(Attribut du COD : “promue” se rapporte à “elle”) -
« Elle s’est vue grandir en confiance durant ce projet. »
(Sujet acteur de “grandir”) -
« Elle s’est vue désignée porte-parole de l’équipe. »
(Participe passé attributif) -
« Elle s’est vue perdre ses illusions rapidement. »
(Sujet actif de “perdre”)
Phrases correctes avec « elle s’est vu » (invariabilité) :
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« Elle s’est vu confisquer son passeport à la frontière. »
(Action subie : “confisquer” agit sur “passeport”) -
« Elle s’est vu attribuer un nouveau bureau spacieux. »
(Bénéficiaire indirect) -
« Elle s’est vu refuser l’accès au laboratoire. »
(Action dirigée vers autre chose)
Cas particuliers (les deux formes possibles selon le sens) :
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Accord : « Elle s’est vue confier le dossier sensible. »
(Insistance sur son état : elle est chargée du dossier)Invariabilité : « Elle s’est vu confier le dossier sensible. »
(Insistance sur l’action de confier)
Cas limites fréquents
Certaines constructions génèrent des hésitations légitimes. Observez ces situations :
Justification : “grandir” agit directement sur “elle”
Erreur : “elle” subit ici sa propre transformation
En revanche, si le sujet n’effectue pas l’action du verbe exprimé par l’infinitif, il ne faut pas accorder.
Distinction infinitif vs participe passé
La nature du verbe qui suit “se voir” change radicalement la règle d’accord. Cette table comparative l’illustre :
Construction | Fonction grammaticale | Exemple correct |
---|---|---|
Infinitif | COD du verbe principal | Elle s’est vue maigrir |
Participe passé | Attribut du COD | Elle s’est vue transformée |
Suivi par un participe passé, le participe passé « vu » s’accorde. Exemple :
- Elle s’est vue foudroyée par la terrible nouvelle.
Le pronom réfléchi « s’ » est le COD de « voir ». Elle a vu qui ? Elle a vu « s’ », c’est-à-dire elle-même. L’accord s’impose. « Foudroyée » est un attribut du COD, et l’accord s’impose.
Nuances stylistiques
La langue française permet parfois des variations expressives :
Ici “confier” agit sur “projet”, non sur “elle”
Variante mettant l’accent sur l’état de la personne
Remarque : on pourrait très bien écrire « elle s’est vu foudroyer par la terrible nouvelle ». Selon la théorie, on insiste plus sur le résultat de l’action lorsque l’infinitif suit « se voir » qu’avec le participe passé. Cependant, la tournure infinitive semble moins naturelle.
Autre exemple :
- Elle s’est vue dépouillée de ce qui la rendait
heureuse.
- Elle a vu elle-même dépouillée de ce qui la rendait heureuse.
Le participe passé est possible après « s’est vue » si et
seulement s’il est attribut du pronom réfléchi « s’ », le COD. On
ne pourrait pas dire, ainsi, « elle s’est vue achetée une
paire de chaussure ».
Pièges courants à éviter
Certains contextes sémantiques induisent systématiquement des erreurs :
Correction nécessaire : “Elle s’est vue féliciter”
Le COD est “prix”, non “elle”
Règle mnémonique
Pour ne plus douter, appliquez cette transformation :
Remplacer mentalement “se voir” par “voir + soi-même”. Si la phrase conserve son sens, l’accord est obligatoire.
Cette règle s’appuie sur les principes d’accord du participe passé définis par l’Académie française. Pour les cas complexes, utilisez notre correcteur d’orthographe.
Variations historiques et régionales
L’usage a évolué depuis le XVIIe siècle. Les grammairiens comme Vaugelas recommandaient initialement l’invariabilité systématique. Aujourd’hui :
- La Belgique et la Suisse privilégient souvent l’accord
- Le français canadien admet les deux formes
- L’Académie française tranche par la fonction grammaticale
L’essentiel ? Identifier si le pronom réfléchi subit directement l’action. Cette analyse grammaticale lève toute ambiguïté.
C’est intéressant mais on pourrait améliorer
“Elle s’est vu arrêter un manifestant” et “Elle s’est vu arrêter par un manifestant” ??
Dans la 1ère proposition elle est active, mais dans la seconde, non . Alors pourquoi conserver l’infinitif au verbe arrêter !?
Merci pour vos réponses !
Elle s’est vue arrêtée par un manifestant,pas d’infinitif
Mais comment écririez vous “elle s’est vu(e?) récolter une amende”par exemple. Elle récolte certes l’amende mais c’est l’agent de police qui la lui administre. Dans ce cas précis les 2 orthographes sont elles possibles? Quelqu’un peut-il préciser comment doit se faire l’accord?
Mais comment écririez vous “elle s’est vu(e?) récolter une amende”par exemple. Elle récolte certes l’amende mais c’est l’agent de police qui la lui administre. Dans ce cas précis les 2 orthographes sont elles possibles? Quelqu’un peut-il préciser comment doit se faire l’accord?
récolter, c’est elle qui récolte…
elle s’est vue prendre une pomme dans l’arbre et non prise une pomme…