« For intérieur » ou « fort intérieur » ? orthographe & définition
On écrit : for intérieur. En mon/ton/son for intérieur signifie : dans le jugement intime de ma/ta/sa conscience, dans ma/ta/sa pensée intime.
For intérieur : origine de l’expression
Le for, dérivé du latin forum (« place publique », « marché »), a été employé, rarement, pour désigner les tribunaux de justice sous autorité de l’Église : on disait un for ecclésiastique ou un for extérieur/externe. Le privilège du for permettait aux clercs de n’être jugés que devant les tribunaux ecclésiastiques. C’est, par usage figuré, le « le tribunal des hommes ».
Il est vray que dans le for extérieur on juge qu’une volonté sans effet n’a pas été véritable.
Un empêchement est dit dirimant quand il rend incapable de contracter validement mariage ; même s’il ne frappe qu’une seule partie, il rend le mariage invalide (cceo, c. 790, § 2). S’il peut être prouvé au for externe, l’empêchement est public
Dominique Le Tourneau, Le Droit canonique
Par inversion, en théologie, le for intérieur est le tribunal de la conscience (la faute en est le péché, la punition la pénitence).
L’Ame acquiesce pour répondre à cette parole, & sans faire de bruit dans le for interieur, se contente d’un consentement tres doux & tres efficace.
C’est d’ailleurs le seul emploi survivant de « for », ce qui explique la confusion avec « fort » : la conscience de quelqu’un peut-être assimilée à une forteresse bien protégée où les pensées intimes peuvent être gardées secrètes.
On a utilisé cette même piste à l’origine pour le poème tiré de Dylan Thomas qui est à la fin de l’album et qui s’appelle « Do not gentle into that good night« . Mais il y avait trop de mots et je n’avais pas envie de prendre trop de place, il me fallait une idée simple venue de mon fort intérieur« .
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Exemple d’emploi
En dernier résultat, tout m’étant égal, je n’insistais pas ; un comme vous voudrez m’a toujours débarrassé de l’ennui de persuader personne ou de chercher à établir une vérité. Je rentre dans mon for intérieur, comme un lièvre dans son gîte : là je me remets à contempler la feuille qui remue ou le brin d’herbe qui s’incline.
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe