42 Vues
Enregistrer

Viols de Mazan : procès · résumé · actualités · tout savoir sur cette affaire historique

Publié le 04/03/2025
0 commentaire
⏳ Temps de lecture : 14 minutes

Un village paisible du Vaucluse, une décennie de crimes dans l’intimité conjugale. L’affaire des viols de Mazan, ou “affaire Pelicot”, s’inscrit comme l’un des dossiers criminels les plus bouleversants de l’histoire judiciaire française récente. Entre 2011 et 2020, Dominique Pelicot a drogué son épouse Gisèle à son insu et convié des dizaines d’hommes à la violer pendant qu’elle gisait inconsciente. Ce scandale a mis au jour une entreprise criminelle méthodique qui a ébranlé la société française dans ses fondements.

Au-delà de l’horreur des faits, cette affaire soulève des questions profondes sur la culture du viol, le consentement et la violence conjugale. Devenue emblématique par l’ampleur des crimes et le courage remarquable de la victime principale, l’affaire continue de connaître des développements judiciaires majeurs en 2025.

Les derniers développements de l’affaire

Report de l’audience sur les intérêts civils

L’audience sur les intérêts civils initialement prévue le lundi 3 mars 2025 au tribunal judiciaire d’Avignon a été reportée au 3 novembre 2025. Ce report, sollicité par les parties civiles – dont Gisèle Pelicot et ses enfants – permettra que cette audience se tienne vers la fin du procès pénal en appel.

Le timing n’est pas fortuit. Cette audience civile se déroulera désormais à l’issue du processus pénal en appel, programmé du 6 octobre au 21 novembre 2025 devant la cour d’assises du Gard à Nîmes. Les victimes pourront ainsi demander des dommages et intérêts aux 51 hommes condamnés en décembre 2024 par la cour criminelle de Vaucluse.

Réduction du nombre d’appelants

Fait marquant dans l’évolution récente de l’affaire : la diminution progressive du nombre de condamnés maintenant leur appel. Initialement, 17 des 50 coaccusés de Dominique Pelicot (lui-même n’ayant pas fait appel) avaient contesté leur condamnation. Au 3 mars 2025, après neuf désistements successifs, ils ne sont plus que huit à vouloir comparaître devant la cour d’assises du Gard.

Pourquoi ce recul ? La perspective d’affronter un jury populaire, potentiellement plus sévère que les magistrats professionnels du premier procès, joue certainement un rôle. La durée du procès en appel pourrait d’ailleurs être revue à la baisse en fonction de ces nombreux désistements.

Genèse de l’affaire : la découverte des viols de Mazan

Une révélation fortuite

L’affaire des viols de Mazan a éclaté de manière totalement accidentelle en 2020. Dominique Pelicot, surpris dans un centre commercial à Carpentras en train de filmer sous les jupes de clientes avec son téléphone portable – pratique connue sous le nom d’upskirting – a été interpellé pour voyeurisme. Son téléphone, saisi puis analysé par les enquêteurs, a révélé l’impensable.

Mazan
Mazan

Les forces de l’ordre ont fait une découverte glaçante : des milliers de photos et vidéos montrant Gisèle Pelicot, inconsciente dans le lit conjugal, violée par de nombreux hommes différents, parfois en présence de son mari. Cette saisie a immédiatement déclenché l’ouverture d’une enquête pour viols aggravés.

L’ampleur révélée par l’enquête

L’investigation a rapidement mis en lumière un système organisé d’une rare perversité. Dominique Pelicot avait archivé méticuleusement les preuves de ses crimes sur des disques durs, classant les vidéos et photos par dates. Les agressions s’étaient déroulées sur près de dix ans, de 2011 à 2020, au domicile du couple à Mazan.

Plus de 20 000 photos et vidéos ont été retrouvées. Ces fichiers ont permis d’identifier 72 hommes venus au domicile pour violer Gisèle Pelicot. Tous recrutés par Dominique Pelicot via des sites de rencontres et forums spécialisés. Sur ces 72 individus, 51 ont finalement été identifiés et poursuivis en justice.

La mécanique des crimes

Le mode opératoire systématique

Le mode opératoire de Dominique Pelicot relevait d’une précision méthodique. Il administrait à son épouse, à son insu, de puissants anxiolytiques mélangés à ses repas ou ses boissons. Une fois Gisèle inconsciente, il contactait des hommes recrutés préalablement sur internet, principalement via des forums et sites de rencontres comme “coco.fr”.

Il leur transmettait l’adresse du domicile conjugal avec des instructions précises : arriver en silence, suivre ses directives, disparaître sans laisser de traces. Nombre de ces hommes parcouraient de longues distances, parfois depuis l’autre bout de la France, spécifiquement pour participer à ces viols organisés.

La stratégie de recrutement

Dominique Pelicot utilisait plusieurs profils en ligne sous des pseudonymes comme “Le Pelican” ou “Cocufieur”. Dans ses annonces, il présentait sa femme comme consentante mais “jouant” à être endormie. Cette fausse prétention de jeu de rôle a servi de défense à plusieurs accusés lors du procès. Les vidéos et l’état d’inconscience manifeste de la victime ont pourtant démenti ces allégations.

Les messages échangés entre Dominique Pelicot et ses complices, retrouvés par les enquêteurs, révèlent une planification minutieuse. Il exigeait souvent des photos des futurs agresseurs. Il vérifiait leur hygiène corporelle. Il leur imposait des règles strictes pour ne pas réveiller sa femme.

Les victimes

Gisèle Pelicot, victime principale devenue symbole

Gisèle_Pelicot
Gisèle Pelicot

Gisèle Pelicot, aujourd’hui âgée de 71 ans, n’a découvert les viols qu’elle avait subis qu’au moment de l’enquête, en 2020. Contrairement à de nombreuses victimes d’agressions sexuelles qui préfèrent l’anonymat, elle a fait le choix courageux de renoncer à ce droit et de demander un procès public.

Son objectif déclaré : “mettre un visage sur cette affaire” et contribuer à transformer le regard de la société sur les victimes de viols. Sa décision de témoigner à visage découvert et sa force tout au long du procès ont fait d’elle un véritable symbole de la lutte contre les violences sexuelles en France.

L’impact sur la famille Pelicot

Les viols de Mazan ont également eu des conséquences dévastatrices sur l’ensemble de la famille. Les trois enfants du couple – Caroline, Florian et David – ainsi que les petits-enfants ont été profondément traumatisés par la révélation des crimes commis par Dominique Pelicot.

Ils se sont constitués parties civiles aux côtés de Gisèle Pelicot. Certains ont témoigné lors du procès, décrivant la destruction de leur cellule familiale et le choc émotionnel ressenti. Leur présence et leur soutien indéfectible à Gisèle ont marqué toute la procédure judiciaire.

Le procès en première instance

Une audience historique

Le procès des viols de Mazan s’est tenu de septembre à décembre 2024 devant la cour criminelle du Vaucluse à Avignon. Il a duré près de quatre mois, durée exceptionnelle pour un procès criminel en France. 51 accusés ont comparu : Dominique Pelicot et 50 hommes venus violer Gisèle Pelicot à son domicile.

Ce procès a été qualifié d’historique pour plusieurs raisons :

  • Le nombre inhabituel d’accusés (51)
  • La durée exceptionnelle des débats (près de 4 mois)
  • La décision de la victime principale de témoigner publiquement
  • L’ampleur médiatique nationale et internationale

Les stratégies de défense des accusés

Face à l’accablante masse de preuves (vidéos, photos, témoignages, analyses médico-légales), les stratégies de défense des accusés ont pris diverses formes :

  • Certains ont plaidé l’ignorance, affirmant avoir cru à un jeu de rôle entre époux consentants
  • D’autres ont invoqué des problèmes psychologiques ou des addictions sexuelles
  • Quelques-uns ont reconnu partiellement leur culpabilité tout en minimisant leur responsabilité
  • Dominique Pelicot, lui, a reconnu l’intégralité des faits dès le début du procès

Ces lignes de défense se sont heurtées aux preuves visuelles montrant sans équivoque l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot, qui rendait impossible tout consentement.

Le verdict et les condamnations

Le 19 décembre 2024, après plusieurs jours de délibéré, la cour criminelle du Vaucluse a prononcé son verdict :

  • Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers
  • Les 50 coaccusés ont écopé de peines allant de 3 ans de prison dont 2 avec sursis (pour le moins impliqué, reconnu coupable d’agression sexuelle et non de viol) à 15 ans de réclusion criminelle (pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot)

Ces peines, bien que significatives, étaient globalement inférieures aux réquisitions du ministère public, qui avait demandé jusqu’à 18 ans de prison pour certains accusés et 20 ans pour Dominique Pelicot. Cette relative clémence a suscité des critiques de la part de certaines associations féministes.

Les accusés du procès Mazan

Profil des hommes impliqués

Les 50 coaccusés de Dominique Pelicot présentaient des profils étonnamment variés, constituant un échantillon troublant de la société française. Âgés de 27 à 74 ans au moment du procès, ils venaient de tous milieux sociaux et professionnels :

  • Des retraités
  • Des cadres et professions libérales
  • Des ouvriers et employés
  • Un ancien policier et un ancien militaire
  • Des pères de famille et hommes mariés
  • Des célibataires

Cette diversité a particulièrement marqué l’opinion publique. Elle révélait que les agresseurs sexuels ne correspondent pas aux stéréotypes habituels. Comme l’a souligné l’une des avocates des parties civiles : “Ces hommes auraient pu être vos voisins, vos collègues ou vos proches.”

Le rôle central de Dominique Pelicot

Parmi tous les accusés, Dominique Pelicot occupait une place singulière. Décrit comme le “chef d’orchestre” de ces crimes, il en a assumé l’entière responsabilité dès le début du procès. Âgé de 72 ans lors des audiences, cet ancien commercial et agent immobilier à la retraite a reconnu avoir drogué son épouse pendant près d’une décennie.

Son comportement durant le procès a fasciné autant qu’il a glacé. Calme, méthodique dans ses explications, il a décrit son système avec un détachement effroyable. Ses motivations déclarées – une vengeance contre son épouse qu’il soupçonnait d’infidélité et une obsession pour le “candaulisme” – ont été analysées par les experts psychiatres comme relevant d’une perversion profonde.

Les autres affaires impliquant Dominique Pelicot

Le meurtre d’une agente immobilière en 1991

L’affaire des viols de Mazan n’est pas l’unique dossier criminel impliquant Dominique Pelicot. Il est également mis en examen pour le meurtre avec viol d’une agente immobilière à Paris en 1991. Cette affaire, longtemps non résolue, a connu un rebondissement lorsque des éléments issus de l’enquête sur les viols de Mazan ont conduit à réexaminer ce cold case.

Contrairement aux viols de Mazan qu’il a entièrement reconnus, Dominique Pelicot nie toute implication dans ce meurtre. L’instruction de cette affaire suit son cours et pourrait aboutir à un procès distinct.

La tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999

Une autre affaire concerne une tentative de viol survenue en Seine-et-Marne en 1999. Dans ce dossier, Dominique Pelicot a été confondu par son ADN et a reconnu les faits. Cet épisode témoigne d’un comportement criminel s’étendant sur plusieurs décennies, bien avant les viols de Mazan.

Ces multiples affaires dessinent le portrait d’un prédateur sexuel au parcours criminel beaucoup plus étendu et complexe que ce que l’affaire de Mazan avait initialement dévoilé. Elles soulèvent également la question d’éventuels autres crimes non encore découverts.

Le procès en appel à venir

Organisation et particularités

Justice en marche. Le procès en appel se tiendra du 6 octobre au 21 novembre 2025 devant la cour d’assises du Gard à Nîmes. Contrairement au premier procès jugé par une cour criminelle composée uniquement de magistrats professionnels, ce second procès se déroulera devant une cour d’assises traditionnelle, incluant un jury populaire.

Cette différence est significative car :

  • Les jurés populaires, citoyens tirés au sort, peuvent avoir une approche différente de celle des magistrats professionnels
  • La présence d’un jury populaire modifie la dynamique des débats et des plaidoiries
  • Historiquement, les jurys populaires sont parfois considérés comme potentiellement plus sévères dans les affaires de crimes sexuels

Le rôle de Dominique Pelicot lors du procès en appel

Bien que Dominique Pelicot n’ait pas fait appel de sa condamnation à 20 ans de réclusion criminelle, il devrait être présent lors du procès en appel, mais uniquement en qualité de témoin. Selon les déclarations de son avocate, Me Béatrice Zavarro, il a renoncé à faire appel car il « refuse de contraindre Gisèle à une nouvelle épreuve ».

Sa présence en tant que témoin sera néanmoins cruciale pour le procès des huit hommes qui ont maintenu leur appel. Son témoignage pourrait influencer significativement les débats. Comme une pierre jetée dans l’eau, il créera des remous. Particulièrement concernant la connaissance qu’avaient les accusés de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.

Les enjeux pour les appelants

Pour les huit hommes qui comparaîtront en appel, les enjeux sont considérables. Ils espèrent obtenir une réduction de leur peine. Mais ils s’exposent également à un risque d’aggravation. Le principe de « l’appel circulaire » permet au ministère public de demander des peines plus lourdes.

Les stratégies de défense pourraient évoluer par rapport au premier procès. Certains accusés ayant pu tirer des enseignements de l’échec de leur ligne de défense initiale. La question centrale restera celle de leur connaissance de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot et de leur intentionnalité.

L’impact sociétal de l’affaire

Un tournant dans la perception des violences sexuelles

L’affaire des viols de Mazan a provoqué un électrochoc dans la société française. Au-delà du caractère exceptionnel des faits, c’est la manière dont Gisèle Pelicot a transformé son statut de victime en celui de porte-parole qui a marqué les esprits. En choisissant de témoigner à visage découvert et de demander un procès public, elle a imposé une réflexion collective sur les violences sexuelles.

Comme l’a souligné son avocat, Me Antoine Camus : « Ce qu’a voulu Gisèle Pelicot en ouvrant les portes de la salle d’audience, c’est avant tout donner à voir et à entendre, livrer suffisamment de matière pour que la société tout entière puisse s’en saisir et se poser les bonnes questions. »

La question du consentement au cœur des débats

L’affaire a remis au centre des débats la question fondamentale du consentement dans les relations sexuelles. Tel un miroir tendu à notre société, elle nous force à regarder en face des vérités parfois dérangeantes. Elle a permis de rappeler plusieurs principes essentiels :

  • Une personne inconsciente ne peut, par définition, donner son consentement
  • Le consentement doit être libre, éclairé et peut être retiré à tout moment
  • L’absence de réaction physique ne signifie pas consentement

Ces rappels, qui peuvent sembler évidents, ont pourtant été contestés par certains accusés, révélant la persistance de conceptions problématiques sur le consentement sexuel dans la société.

L’émergence d’une figure symbolique

Gisèle Pelicot est devenue, malgré elle, une figure emblématique de la lutte contre les violences sexuelles en France. Son courage, sa dignité et sa détermination tout au long du procès ont été salués unanimement. Ils ont contribué à faire évoluer le regard porté sur les victimes de viols.

Refusant la posture de victime silencieuse, elle a utilisé sa parole pour dénoncer non seulement les crimes dont elle a été victime, mais aussi le système social qui les a rendus possibles. Sa phrase « La honte doit changer de camp » est devenue un slogan repris par de nombreuses associations féministes.

Chronologie des événements

2011-2020 : La période des viols

Durant cette décennie, Dominique Pelicot a régulièrement drogué son épouse et fait venir des dizaines d’hommes pour la violer. Les faits se sont déroulés principalement au domicile conjugal à Mazan, petite commune du Vaucluse. Un lieu ordinaire transformé en théâtre de l’horreur. Les enquêteurs ont établi que certains hommes sont venus à plusieurs reprises, jusqu’à six fois pour l’un d’entre eux.

Novembre 2020 : L’arrestation et la découverte

L’affaire éclate lorsque Dominique Pelicot est arrêté en flagrant délit d’upskirting (prise de photos sous les jupes des femmes) dans un centre commercial de Carpentras. L’analyse de son téléphone révèle les viols organisés contre son épouse. Gisèle Pelicot découvre alors avec effroi ce qu’elle a subi pendant des années.

2021-2023 : L’instruction et l’enquête

Les enquêteurs passent au crible les milliers de photos et vidéos pour identifier les agresseurs. Un travail aussi minutieux que celui d’un archéologue reconstituant un vase brisé en mille morceaux. Grâce à ce travail méticuleux, ils parviennent à retrouver 51 hommes impliqués. L’instruction est marquée par la complexité de l’affaire et le nombre important de mis en cause.

Septembre à décembre 2024 : Le procès en première instance

Le procès s’ouvre le 2 septembre 2024 à Avignon. Pendant quatre mois, la cour criminelle du Vaucluse examine les faits. Gisèle Pelicot témoigne avec courage, suivie par les 51 accusés. Le verdict tombe le 19 décembre : Dominique Pelicot est condamné à 20 ans de réclusion, les autres accusés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison.

Janvier-Mars 2025 : Les appels et désistements

Dans les jours suivant le verdict, 17 des 50 coaccusés font appel. Dominique Pelicot, lui, renonce à cette possibilité. Entre janvier et mars 2025, neuf des appelants se désistent, réduisant à huit le nombre d’hommes qui seront rejugés.

Octobre-Novembre 2025 : Le procès en appel

Le procès en appel est programmé du 6 octobre au 21 novembre 2025 devant la cour d’assises du Gard à Nîmes. Gisèle Pelicot a fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats qu’elle se tenait prête à affronter cette nouvelle épreuve judiciaire « avec la même combativité et la même détermination ».

Aspects juridiques spécifiques

La qualification pénale des faits

Les viols de Mazan ont soulevé plusieurs questions juridiques complexes :

  • La qualification de viol (et non d’agression sexuelle) a été retenue pour la majorité des accusés, car le Code pénal définit le viol comme “tout acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise”
  • La surprise a été particulièrement centrale dans cette affaire, puisque Gisèle Pelicot était inconsciente
  • La circonstance aggravante de viol commis en réunion a été appliquée pour les séances où plusieurs hommes étaient présents simultanément

Les enjeux de l’audience sur les intérêts civils

L’audience sur les intérêts civils, reportée au 3 novembre 2025, représente un enjeu important pour les victimes. Elle permettra de statuer sur les dommages et intérêts que les condamnés devront verser à Gisèle Pelicot et à sa famille.

Cette procédure civile est distincte du procès pénal et vise à réparer le préjudice subi par les victimes. Si le montant exact des demandes n’a pas été révélé, il pourrait s’agir de sommes importantes au regard de la gravité des faits et de leurs conséquences durables sur la vie des victimes.

La question de la prescription

L’affaire des viols de Mazan a également soulevé la question de la prescription pour les faits les plus anciens. En France, le délai de prescription pour les crimes de viol est de 20 ans à compter de la majorité de la victime. Dans le cas de Gisèle Pelicot, adulte au moment des faits, la prescription est de 20 ans à compter de la commission des faits.

Cependant, dans cette affaire, la victime n’a eu connaissance des faits qu’en 2020, ce qui a soulevé la question du “point de départ glissant” de la prescription. La jurisprudence tend à considérer que le délai ne commence à courir qu’à partir du moment où la victime a connaissance des faits, ce qui a permis de poursuivre l’ensemble des crimes commis depuis 2011.

Réactions et couverture médiatique

Un retentissement médiatique mondial

L’affaire des viols de Mazan a connu un retentissement médiatique exceptionnel, dépassant largement les frontières françaises. Des médias du monde entier ont couvert le procès, notamment grâce à la décision de Gisèle Pelicot de témoigner publiquement.

Cette couverture médiatique a contribué à faire de cette affaire un symbole de la lutte contre les violences sexuelles. Un phare dans la nuit qui éclaire des zones d’ombre trop longtemps ignorées. Elle a également permis de mettre en lumière des problématiques souvent invisibilisées comme la soumission chimique ou les violences au sein du couple.

Les réactions des associations féministes

Les associations féministes ont salué le courage de Gisèle Pelicot et ont utilisé cette affaire pour alerter sur l’ampleur des violences sexuelles en France. Elles ont également critiqué certains aspects du procès, notamment :

  • La relative clémence des peines par rapport aux réquisitions
  • La persistance de questions inappropriées posées à la victime
  • Le traitement médiatique parfois sensationnaliste de l’affaire

Ces associations ont aussi souligné l’importance de ce procès pour faire évoluer les mentalités concernant le consentement et la culture du viol.

L’impact sur les victimes de violences sexuelles

L’affaire des viols de Mazan a eu un impact significatif sur les victimes de violences sexuelles en France. De nombreuses associations ont rapporté une augmentation des signalements et des demandes d’aide après la médiatisation du procès.

La démarche de Gisèle Pelicot a également contribué à déstigmatiser la parole des victimes. Elle a montré qu’il est possible de témoigner dignement et d’être entendue par la justice, même dans des circonstances extrêmement difficiles.

Conclusion

L’affaire des viols de Mazan restera dans les annales judiciaires françaises comme un procès historique, tant par l’ampleur des crimes commis que par la manière dont il a été mené. Au-delà du cas particulier de Gisèle Pelicot et des 51 accusés, cette affaire a provoqué une onde de choc dans la société française, forçant une réflexion collective sur le consentement, la culture du viol et les violences sexuelles.

Le procès en appel prévu pour l’automne 2025 et l’audience sur les intérêts civils représentent les prochaines étapes de ce feuilleton judiciaire. Mais d’ores et déjà, l’impact sociétal de cette affaire est indéniable. Par son courage et sa détermination, Gisèle Pelicot a transformé son traumatisme personnel en un combat collectif, contribuant à faire évoluer les mentalités et, peut-être, à prévenir de futurs crimes.

Comme l’a déclaré son avocat, Me Antoine Camus : « Ce procès n’est pas seulement celui de Dominique Pelicot et de ses coaccusés, c’est aussi celui de notre société tout entière face aux violences sexuelles. » Une société qui, espérons-le, saura tirer les leçons de cette affaire pour mieux protéger les victimes et prévenir de tels crimes à l’avenir.

FAQ

Quand ont eu lieu les viols de Mazan ?

Les viols de Mazan se sont déroulés sur une période d’environ dix ans, entre 2011 et 2020, au domicile du couple Pelicot dans la commune de Mazan, dans le Vaucluse. Une décennie de souffrances cachées derrière les murs d’une maison ordinaire.

Comment l’affaire des viols de Mazan a-t-elle été découverte ?

L’affaire a été découverte fortuitement en novembre 2020, lorsque Dominique Pelicot a été arrêté pour des faits d’upskirting (prise de photos sous les jupes de femmes) dans un centre commercial de Carpentras. L’analyse de son téléphone portable a révélé la présence de vidéos et photos des viols organisés contre son épouse. Un hasard qui a mis fin à des années d’horreur invisible.

Combien d’hommes ont été condamnés dans cette affaire ?

Au total, 51 hommes ont été condamnés lors du procès en première instance à Avignon en décembre 2024 : Dominique Pelicot (condamné à 20 ans de réclusion) et 50 coaccusés (condamnés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison).

Pourquoi Gisèle Pelicot a-t-elle choisi de témoigner publiquement ?

Gisèle Pelicot a expliqué avoir choisi de témoigner à visage découvert pour “mettre un visage sur cette affaire” et contribuer à changer le regard de la société sur les victimes de viol. Elle a souhaité que “la honte change de camp” et que cette affaire serve à sensibiliser le public aux problématiques des violences sexuelles. Son témoignage est devenu, tel un phare dans la nuit, un guide pour d’autres victimes.

Combien d’hommes seront jugés lors du procès en appel ?

À la date du 3 mars 2025, huit hommes seront jugés lors du procès en appel. Initialement, 17 des 50 coaccusés avaient fait appel, mais neuf d’entre eux se sont désistés entre janvier et mars 2025.

Dominique Pelicot sera-t-il présent lors du procès en appel ?

Oui, Dominique Pelicot devrait être présent lors du procès en appel, mais uniquement en qualité de témoin puisqu’il n’a pas fait appel de sa condamnation. Son témoignage pourrait avoir une influence significative sur le déroulement du procès.

Quand aura lieu le procès en appel ?

Le procès en appel est prévu du 6 octobre au 21 novembre 2025 devant la cour d’assises du Gard à Nîmes.

Quel est l’enjeu de l’audience sur les intérêts civils ?

L’audience sur les intérêts civils, reportée au 3 novembre 2025, permettra de déterminer les dommages et intérêts que les 51 condamnés devront verser à Gisèle Pelicot et à sa famille pour réparer le préjudice subi. Une réparation financière qui, bien que symbolique face à l’ampleur des souffrances endurées, constitue une reconnaissance officielle du préjudice.

Quelques sources utilisées pour cet article

  1. Le Monde, “Affaire des viols de Mazan : chronique d’un procès hors norme”, décembre 2024.
  2. Le Figaro, “Procès des viols de Mazan : huit des dix-sept appelants se désistent”, mars 2025.
  3. Libération, “Gisèle Pelicot, du statut de victime à celui de symbole”, janvier 2025.


    😃 Soutenez La Culture Générale en nous offrant un café ☕
    cards