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12 surnoms de villes françaises (et leurs origines !)

Publié le 15/03/2021 (m.à.j* le 24/08/2022)
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Les surnoms de villes françaises sont des périphrases. Cet article ne présente que les plus employés. Ce sont surtout les journalistes, phobiques des répétitions, qui les font vivre. Si vous constatez un manque, n’hésitez pas à le signaler des les commentaires !

 

12 surnoms de villes françaises (et leurs origines)

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Albi | Photo de lecreusois

1. Albi : la rouge, ou la ville rouge. Du nom de la brique rouge et orange (l’argile rouge du Tarn) avec laquelle de nombreux bâtiments ont été construits, notamment la cathédrale.

2. Amiens : la petite Venise du Nord. La capitale de la Picardie, traversée par la Somme, a gagné ce surnom grâce à ses hortillonnages, anciens marais convertis en cultures et en jardins parcourus par un réseau de canaux.

3. Avignon : la cité des papes. La ville a été le siège de la papauté au XIVe siècle (neuf papes, dont deux pendant le Grand Schisme). L’héritage le plus célèbre de cette période est le Palais des papes.

4. Lille : la capitale des Flandres. Lille était la capitale de la province d’Ancien Régime de la Flandre française. C’est aujourd’hui une des plus importantes aires urbaines de France, et la ville la plus importante du Nord de la France.

5. Lyon : la capitale des Gaules ou la cité des Gones. Auguste (63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.), premier empereur romain, a divisé la Gaule chevelue, conquise par César, en trois provinces qui relevaient directement de lui, la Lyonnaise, l’Aquitaine et la Belgique. Lyon (Lugdunum) devint la « capitale » Gaules, c’est-à-dire de ces trois nouvelles provinces (symbole de la primauté passée de Lyon, l’archevêque de Lyon porte le titre honorifique de « primat des Gaules »). Le fidèle lieutenant d’Auguste, Agrippa, avait fait de Lyon le cœur du réseau routier des Gaules, organisé en étoile (voir Pierre Cosme, Auguste). Y siégeait le sanctuaire des trois Gaules.Un gone est, en argot lyonnais, un jeune enfant. La paronymie entre « Gaules » et « Gones » a dû jouer dans la formation de locution « la cité des Gones ».

6. Marseille : la Cité phocéenne. Des Grecs de la cité de Phocée (aujourd’hui en Turquie, près d’Izmir) ont fondé Marseille (Massalia) vers 600 av. J.-C. comme port d’étape vers l’Espagne, et comme comptoir commercial.

7. Monaco : le Rocher. La principauté de Monaco est un État indépendant, mais bien sûr lié étroitement à la France. Monaco tient son surnom du fait que la vieille ville (Monaco-Ville) est bâtie sur un promontoire rocheux.

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Le « Rocher » est à gauche / Photo de Julien Lanoy

8. Nantes : la Cité des ducs. Nantes a été à certaines époques la capitale du duché de Bretagne, lorsque la région formait un État indépendant. Ainsi, François II (règne de 1458 à 1488) a siégé à Nantes, tout comme Anne de Bretagne (1488 – 1514). Voir ici : quelle est la capitale de la Bretagne ?Nantes garde un château des ducs de Bretagne, devenu la résidence des rois de France en Bretagne après l’intégration du duché au royaume de France. (Voir ici : 15 chateaux de la Loire à découvrir !)

9. Paris : Paname, la Ville-Lumière. L’origine du surnom Paname reste peu claire. Le terme pourrait être lié au scandale du Panama, ou au chapeau du même nom. La locution Ville-Lumière apparaît à la fin du XIXe siècle selon le Dictionnaire historique d’Alain Rey. Cette locution est souvent associée à Victor Hugo (1802 – 1885) :

  • Il lui paraît plus inadmissible encore qu’on ose donner des conseils à Paris, la ville-lumière, et à M. Victor Hugo, le sénateur réverbère. (Le Figaro, 18 février 1876)
  • On a qu’à lever la tête et à regarder les monuments de cette ville-lumière devant laquelle Victor Hugo se met à plat ventre. (Le Gaulois, 16 juillet 1877)
  • Victor Hugo, qui a tant adulé Ta grande ville, et qui a réussi à lui plaire par tant d’élogieuses métaphores, l’a appelé un jour la Citê sainte. Je suis porté à croire que cette appellation a fait sourire Paris, et qu’il a été plus reconnaissant au poète de l’avoir nommé Sparte et la Ville-Lumière. (Adolphe-Basile Routhier, À travers l’Europe)
  • Vers le temps où Victor Hugo, dans l’élan d’un enthousiasme poétique décernait à la capitale de son pays le surnom « de Ville-Lumière », un prédicateur Anglais, du haut de la chaire, dénonçait en elle, la « Babylone moderne ». (Coubertin, Chronique de France, 1902)
  • Recevez l’hommage de la ville que vous appeliez la ville-lumière […] (Bulletin de la société Victor Hugo, 1909)

La métaphore de la lumière a probablement un lien avec l’idée hugolienne que Paris était un « phare de la civilisation ». Paris a bien sûr nombre d’autres surnoms (la ville de l’amour par exemple).

10. Reims : la Cité des sacres. Reims a été la ville de la plupart des sacres des rois capétiens à partir d’Henri Ier (1031 – 1060). Le choix d’organiser cette cérémonie politico-religieuse de légitimation à Reims renvoie au sacre de Clovis au tournant des Ve et VIe siècles. La ville a une célèbre cathédrale gothique, endommagée pendant la Première Guerre mondiale. Le dernier roi de France a y avoir été sacré est Charles X (1824 – 1830).

11. Saint-Malo : la Cité corsaire. Saint-Malo était un port d’armement de bateaux de corsaires, marins pratiquant la « course », c’est-à-dire la capture de navires marchands ennemis. Cet engagement s’affirme notamment à partir du règne de Louis XIV (1643 – 1715) au détriment de la grande pèche morutière (Caroline Le Mao, Les Villes portuaires maritimes dans la France moderne). Certains grands corsaires sont restés dans les mémoires, comme Duguay-Trouin (1673 – 1736) ou Surcouf (1773 – 1827). L’image de « cité corsaire » apparaît à la fin du XIXe siècle, et est bien sûr utilisée par le marketing touristique de la ville.

12. Toulouse : la Ville rose. Selon l’histoirienne Luce Barlangue, le surnom « la Ville rose », lié à la couleur de la brique de construction des bâtiments de la ville, est récent (tournant des XIXe et XXe siècles), née sous la plume de poètes des Jeux floraux. Son succès s’explique par le « marketing » du premier syndicat d’initiative de la ville, qui voulait développer l’image d’une ville à l’ambiance singulière, afin de retenir les touristes qui ne s’y attardaient pas lorsqu’ils voyageaient vers les Pyrénées. Pierre Noual insiste dans un fil Twitter sur le caractère quelque peu « artificiel » de ce surnom : la brique donne plutôt à Toulouse des teintes rouge et orange. Le rose de Toulouse n’existe pas chez les écrivains du XIXe siècle, comme Stendhal, ou Taine, qui n’hésitent pas d’ailleurs à dénigrer la ville : 

Toulouse apparaît, toute rouge de briques, dans la poudre rouge du soir. Triste ville, aux rues caillouteuses et étranglées. L’hôtel de ville, nommé Capitole, n’a qu’une entrée étroite, des salles médiocres, une façade emphatique et élégante dans le goût des décors de fêtes publiques. (Taine, Voyage aux Pyrénées, 1855)

Il faut noter au rester que le rose ne se retrouve pas sur le blason du Stade Toulousain (rouge, blanc et noir) ni sur le logo de la mairie (la croix occitane jaune sur fond rouge). 

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Photo de Siddhant Kumar