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Boire le calice jusqu’à la lie : définition & origine

Publié le 04/05/2021 (m.à.j* le 20/12/2023)
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Boire le calice jusqu’à la lie signifie : supporter une épreuve dans toute son étendue, souffrir des malheurs et des humiliations jusqu’à ce qu’elles se terminent. Exemple : « Il fallut que les supporters boivent le calice jusqu’à la lie quand les grands rivaux historiques s’imposèrent par le score humiliant de cinq à zéro ».

Voir ici : pourquoi dit-on « séparer le bon grain de l’ivraie » ?

 

Boire le calice jusqu’à la lie : origine de l’expression

Le calice, du latin calix « coupe, vase à boire », bu jusqu’à la lie, c’est-à-dire les dépôts de vin amers au fond du récipient, est une image biblique. Elle se trouve à plusieurs reprises dans l’Ancien testament.

Le SEIGNEUR tient en main une coupe,
il verse un vin âpre et fermenté :
ils le boiront, ils en laperont même la lie,
tous les impies de la terre.

Traduction œcuménique de la Bible, Psaumes, LXXV, 9

La présence de la lie dépend des traductions, mais l’image reste la même.

Resurgis, resurgis, mets-toi debout, Jérusalem,
toi qui as bu de la main du SEIGNEUR
le calice de sa fureur ;
la coupe du calice de vertige
tu l’as bue, tu l’as vidée.

Ésaïe, LI, 17

L’image est réemployée dans le Nouveau Testament. La coupe ou le calice devient celui de la Passion qui s’annonce.

Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui, avec ses fils, et elle se prosterna pour lui faire une demande. 

Il lui dit : « Que veux-tu ? » – « Ordonne, lui dit-elle, que dans ton Royaume mes deux fils que voici siègent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. »
Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. »
Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder : ce sera donné à ceux pour qui mon Père l’a préparé. »

Matthieu, XX, 20

Alors Jésus arrive avec eux à un domaine appelé Gethsémani et il dit aux disciples : « Restez ici pendant que j’irai prier là-bas. » Emmenant Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. » Et allant un peu plus loin et tombant la face contre terre, il priait, disant : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux ! »

Matthieu, XXVI, 36

Avant de se fixer, l’expression a connu des variations. Le Dictionnaire de Furetière (1690) dit ainsi :

On dit proverbialement, qu’il faudra boire le calice, pour dire, qu’il faudra souffrir constamment, ou faire quelque chose pour laquelle nous avons grande aversion. 

Chez Chénier (1762 – 1794) :

Souvent, las d’être esclave et de boire la lie
De ce calice amer que l’on nomme la vie.
Las du mépris des sots qui suit la pauvreté,
Je regarde la tombe, asile souhaité ;

Élégies, XIII

Chateaubriand (1768 – 1848) :

M’éloigner en silence, me laisser oublier, m’ensevelir pour jamais, tel est le devoir qui m’est imposé et que j’espère avoir le courage d’accomplir. Si le calice est trop amer, une fois oubliée rien ne me forcera de l’épuiser en entier, et peut-être que tout simplement ma vie ne sera pas aussi longue que je le crains.

Mémoires d’outre-tombe

Exemple contemporain

  • Le chef de ce groupe accepta de boire le calice jusqu’à la lie en cédant une partie de son territoire à ses adversaires, à la suite d’un accord qui préservait néanmoins l’essentiel de ses intérêts.

Il faut boire le calice jusqu’à la lie. Autrement dit, subir année après année les statistiques du recul du français au Québec.

L’inexorable baisse du français, l’universitaire Charles Castonguay, statisticien entêté, un missionnaire en quelque sorte, l’a décrite en analysant les résultats de tous les recensements de Statistique Canada parus depuis 50 ans. Il fait paraître cette semaine son ouvrage, Le français en chute libre : la nouvelle dynamique des langues au Québec.

Journaldemontreal.com