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162 classiques de la littérature française

Publié le 07/05/2017
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Cette liste de classiques de la littérature française a pour objectif de donner des idées à des personnes en quête de lectures. 

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Classiques de la littérature française du Moyen Âge

1. La Chanson de Roland | Fin du XIe siècle : chaque écolier connaît cette épopée de 4002 vers ! Le vaillant Roland et son épée Durendal, à la tête de l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne, est massacré par les soldats du roi Marsile, avec l’aide du traître Ganelon. Qu’importe, Roland reste l’incarnation de l’honneur et du courage devant la bassesse et la filouterie.

2. Yvain ou le Chevalier au lion | Chrétien de Troyes | 1177 : Chrétien de Troyes n’invente pas la légende du roi Arthur et de ses chevaliers. Mais il invente le mythe du chevalier errant, en quête d’aventures, au service de l’amour ou sur le chemin de Dieu. Yvain doit ainsi reconquérir, avec le secours d’un lion, le coeur de sa compagne Laudine.

3. Perceval ou le Conte du Graal | Chrétien de Troyes | 1180 (inachevé) : Perceval, autre chevalier errant, part chercher le Graal dans lequel on aurait recueilli le sang du Christ. La quête est ici religieuse et mène la découverte de soi. Même s’ils ont été écrits au Moyen Âge, les romans de Chrétien de Troyes se dévorent toujours comme un Alexandre Dumas !

4. Le Roman de Renart | 1170 – 1250 : Le Roman de Renard est constitué de récits d’auteurs différents racontant la lutte entre Renart (animal que l’on appelait jusque là goupil) et Isengrin le loup. Cette épopée animale est une satire de la société féodale, où les animaux jouent le rôle des hommes (Renart est un baron rusé et malfaisant, le roi Noble est un lion, etc.), et qui eu un énorme succès au Moyen Âge !

5. Les Lais | Marie de France | 1160 – 1180 : les Lais de la poétesse Marie de France (active à la fin du XIIe siècle), sont des chansons assez courtes, inspirées des légendes celtes, et marqués par le thème de l’amour, « sentiment inhérent à la nature de l’être ». Le style général joue sur la brièveté et les non-dits.

6. Le Roman de la Rose | Guillaume de Lorris & Jean de Meung | Vers 1230 & 1275 : roman en deux parties, première par Guillaume de Lorris et deuxième par Jean de Meung. 21 000 vers, œuvre la plus citée et la plus lue en ancien français. La première partie du roman est de style courtois, la deuxième aborde avec Jean de Meung de nombreuses questions philosophiques et scientifiques, parfois subversives !

7. La Cité des Dames | Christine de Pizan | 1405 : Christine de Pisan (vers 1365 – 1430) est la première grande polygraphe française. Arrivée très jeune de Venise, fille de l’astrologue du roi Charles V (1364 – 1380), elle est rapidement veuve du secrétaire du roi Étienne de Castel (morte en 1387) et doit assumer la charge de sa famille. Instruite, proche de la cour et membre de la couche supérieure de la société, elle dirige un atelier de copistes et bénéficie notamment de commandes princières. Elle produit en parallèle une œuvre abondante et variée, de la poésie au traité militaire. Dans ses écrits, elle critique la misogynie d’un Boccace (1313 – 1375) ou celle que l’on perçoit dans la deuxième partie du Roman de la rose. Dans deux livres, La Cité des dames (publié 1405) et Le Livre des trois vertus ou Trésor de la cité des dames (1405-1406), elle présente le rôle effectif et utile des femmes dans la société française et les introduit sur la scène publique. Femme de la guerre de Cent Ans, elle prend le parti du roi (celui des « vrais Français ») et doit se réfugier dans un monastère après la prise de Paris par les Bourguignons en 1418. Une de ses dernières œuvres est un poème en honneur de Jeanne d’Arc.

 

Classiques de la littérature française de la Renaissance

François Rabelais | Classiques de la littérature française

8. Gargantua et Pantagruel | François Rabelais | 1532 & 1534 : Rabelais n’invente pas ces deux célèbres personnages, dont les noms sont entrés dans le langage commun ! Il fait de Gargantua le père de Pantagruel. Ces deux géants ne sont pas que de gros gourmands impétueux, mais aussi des rois puissants qui apprennent à gouverner pacifiquement ! On ne peut passer à côté de ces classiques de l’humanisme français.

9. Les Regrets | Joachim du Bellay | 1558 : Joachim du Bellay (1522 – 1560), avec les autres poètes du mouvement de La Pléiade, veut imiter les formes italiennes de Pétrarque (le sonnet) et fait un effort pour enrichir la langue française. Dans Les Regrets, Du Bellay n’hésite pas à exprimer ses sentiments personnels, dans des élans lyriques qui disent la douleur de l’éloignement avec sa mère patrie. Il y fait en outre la satire de la société romaine où il réside alors.

10. L’Heptaméron | Marguerite de Navarre | 1559 : L’Heptaméron est une œuvre imposante, bien qu’inachevée, composée de 72 nouvelles et devis (entretiens, discussions) sur le modèle du Décaméron de Boccace (1313 – 1375). Marguerite de Navarre (1492 – 1549), sœur de François Ier (règne de 1515 à 1547), y décrit de manière indirect le XVIe siècle français, dénonce l’hypocrisie et les pulsions amoureuses des hommes, etc. Le texte de l’Heptaméron, en français du XVIe siècle, peut être trouvé à cette adresse

11. Essais | Michel de Montaigne | 1580 : grand classique de la littérature française, monument célèbre et lu (malgré sa mise à l’Index jusqu’en 1945), les Essais sont, par bien des aspects, novateurs : par leur forme expérimentale (des notes de lecture), la liberté de l’écriture et la familiarité de leur ton. Fruits de 20 années de pensées, on trouve dans ces causeries de Montaigne, bourrées de références antiques, tout un siècle : celui de l’humanisme.

 

Classiques de la littérature française du XVIIe siècle

12. L’Astrée | Honoré d’Urfé | 1607 – 1627 :le grand roman de la tradition pastorale ! En Gaule, au Ve siècle, dans un cadre bucolique, le berger Céladon et la bergère Astrée, de familles ennemies, se livrent à leurs « amours », c’est-à-dire à une amitié raisonnable loin des plaisirs charnels. De nombreuses autres intrigues émaillent ses 5000 pages. Un classique de la littérature française qui mérite plus qu’une mention dans les manuels de français.

13. Les Tragiques | Agrippa d’Aubigné | 1615 : Agrippa d’Aubigné (1552 – 1630) est un protestant, pétri de culture antique mais surtout biblique, et traumatisé par les violences des guerres de Religion. Les Tragiques, poème épique, dénoncent en VII chants les souffrances de ses coreligionnaires, critiquent les Valois et appellent la colère divine ! Passionné, passionnant et déchirant !

14. Le Cid | Pierre Corneille | 1637 : « La valeur n’attend point le nombre des années », « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! », « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »…est-ce Le Cid qui est une œuvre de la langue française ou la langue française qui est une œuvre du Cid ? À relire bien sûr, ou à lire pour la première fois.

15. Clélie | Madeleine de Scudéry | 1654 – 1660 : oubliez Les Précieuses ridicules de Molière ! Parce qu’on s’est tant moqué du style précieux, on se refuse d’aimer Scudéry. Ce serait passer à côté de la finesse d’analyse des subtilités du cœur humain (dont la fameuse carte du Tendre).

16. L’École des femmes | Molière | 1662 : Horace vient contrecarrer les plans d’Arnolphe qui pensait épouser l’innocente Agnès sans jamais devenir cocu. Cette pièce novatrice de Molière élève la comédie à la dignité de la tragédie en évoquant des questions graves comme la place de la femme dans la société, en présentant des personnages complexes, en abordant les questions morales de son temps, etc. Un grand succès qui a suscité une grande querelle.

17. Maximes | François de La Rochefoucauld | 1664 : exprimer des maximes, c’est-à-dire de courtes réflexions piquantes, est au départ un jeu de salon. La Rochefoucauld en fait un genre littéraire où il exprime son pessimisme quant à la nature humaine.

18. Dom Juan ou le Festin de pierre | Molière | 1665 : Dom Juan, l’homme qui défie le ciel ! Assurément, cette pièce jure dans le répertoire de Molière. Elle fut d’ailleurs officieusement censurée. Il faudra attendre la moitié du XIXe siècle pour que la Comédie-Française la joue de nouveau ! Il y a en effet matière à scandale. Ce révolté, qui multiplie les conquêtes amoureuses, refuse de se repentir et finit par subir le châtiment divin…sans qu’il soit vraiment condamné.

19. Andromaque | Jean Racine | 1667 : les passions des hommes, faibles, abandonnés par Dieu et soumis à leur destin. Ah, tragique condition humaine ! Andromaque va-t-elle épouser Pyrrhus pour sauver son fils Astyanax, ou restera-t-elle fidèle à son époux défunt Hector ?

20. Fables | Jean de La Fontaine | 1668 – 1694 : cette liste ne pouvait pas passer à côté de ce grand classique de la littérature française. Les morales de bon sens de La Fontaine sont désormais proverbiales. 

21. Tartuffe | Molière | 1669 : Le faux-dévot Tartuffe, par son hypocrisie, est un véritable danger social ! La pièce fit scandale et fut interdite suite à l’action du parti dévot. Tout une époque, mais aussi un thème d’actualité, comme en témoigne l’entrée du mot Tartuffe dans le langage courant.

22. Oraisons funèbres | Jacques-Bénigne Bossuet | 1669 – 1687 : l’évêque de Meaux prononce ces oraisons à l’occasion de la mort de personnages célèbres, comme Henriette de France ou le Condé. Par un langage simple, des images frappantes, il veut marquer les esprits et souligner la vanité de l’existence. Un sommet du style « Grand Siècle ».

23. Pensées | Blaise Pascal | 1669 : l’homme, « un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout ». Il est misérable et a tout à gagner à parier sur l’existence de Dieu. Ce pilier de la littérature française est en effet une collation de papiers préparatoires à la rédaction d’une apologétique de la religion chrétienne.

24. Le Malade imaginaire | Molière | 1674 : Angélique sera-t-elle mariée au vieux médecin, quand son père Argan, malade imaginaire, l’y pousse, alors qu’elle aime Cléante ? Le Malade imaginaire est la grande comédie de caractère et de mœurs de Molière. Le rire ? Un moyen de corriger les vices de l’homme.

25. L’Art poétique | Nicolas Boileau | 1674 : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – Et les mots pour le dire arrivent aisément. » L’œuvre de Nicolas Boileau a de multiples facettes, où domine celle du théoricien du classicisme, grand styliste dont l’art se fonde sur la rigueur, le travail et la clarté.

26. Phèdre | Jean Racine | 1677 : vantée par l’auteur précédent dans sa VII Épitre, Phèdre est une pièce maîtresse de Racine. Elle met en scène la passion interdite, que vient sceller le crime puis couronner la culpabilité.
« Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J’aime…à ce nom fatal, je tremble, je frissonne. »

Pourraient aussi figurer sur cette liste Britannicus (1669), Bérénice (1670), Iphigénie (1674)…

27. La Princesse de Clèves | Marie-Madeleine de La Fayette | 1678 : l’archétype du roman classique… Mademoiselle de Chartres, le duc de Nemours, des noms qui font encore écho dans notre esprit. Ici, l’héroïne est grandeur toute classique : elle résiste aux passions pour préserver sa vertu.

28. Les Caractères | Jean de La Bruyère | 1688 : l’art de formule tranchante, du portrait railleur, dans la veine des Maximes de La Rochefoucauld, pour dénoncer tout ce qu’il y a de mauvais dans ce monde. « C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. »

29. Les aventures de Télémaque | Fénelon | 1699 : l’évêque de Cambrai, grand pédagogue, reprend l’épopée homérique dans ce roman qui eut un immense succès ! Ce plaidoyer contre la monarchie absolue est-il une première lueur des Lumières qui viennent ? Ou Fénelon est-il un auteur « réactionnaire » ? Comme souvent, on est l’un en voulant être l’autre. 

 

Classiques de la littérature française du XVIIIe siècle

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Dans le Salon de Madame Geoffrin en 1755, Gabriel Lemmonnier, 1812 | Wikimedia Commons | Les 150 classiques de la littérature française à avoir lu !

30. Gil Blas de Santillane | Alain-René Lesage | 1715 – 1735 : ce roman picaresque à la française raconte les aventures d’un jeune débrouillard errant. Un genre, satirique, usant de la parodie et de l’humour, que l’on a peu l’habitude de lire aujourd’hui.

31. Mémoires | Cardinal de Retz | 1717 : un homme du Grand Siècle, mais dont les mémoires n’ont été publiées qu’au siècle suivant. Ces mémoires retracent toute une époque, celle de la Fronde, rébellion contre la croissance du pouvoir monarchique. Amoureux de la politique, des portraits féroces et cyniques, précipitez-vous !

32. Lettres persanes | Montesquieu | 1721 : le siècle des romans épistolaires commence en 1721. Derrière les échanges d’Usbeck et Rica se dessine une critique des moeurs de ce XVIIIe siècle naissant, mais aussi tout le programme des Lumières : critique de l’arbitraire royal, de l’intolérance religieuse, plaidoyer pour la modération, réflexion sur la condition féminine, etc. Un programme toujours en devenir. 

33. Lettres | Madame de Sévigné | 1725 : une écriture naturelle, car ces Lettres ne sont pas une entreprise littéraire, mais une correspondance marquée par la souffrance de Madame de Sévigné due à l’éloignement de sa fille, qui s’est mariée. Mais le style de Madame de Sévigné (1626 – 1696), la « Pétrarque des lettres françaises » selon le mot de Lamartine, n’en est pas moins devenue un modèle de style pour ses successeurs. Madame de Sévigné a vécu au XVIIe siècle, mais ses lettres ont été publiées au siècle suivant. On trouvera des lettres choisies ici.

34. Le Jeu de l’amour et du hasard | Marivaux | 1730 : deux amants ont la même idée : prendre la place de leurs domestiques pour examiner leur homologue. « Marivaudage », double-registre, l’amour triomphe des masques !

  • Ne pas oublier non plus L’Île des esclaves (1725).

35. Manon Lescaut | L’abbé Prévost | 1731 : Manon Lescaut est avant tout le spectacle d’un ravage : celui de la passion destructrice. Des Grieux est condamné à aimer une fille amorale. Telle est la condition humaine : expérimenter la passion, qui est ici vécue à la première personne. Un roman dont la lecture affecte durablement l’esprit. 

36. Mémoires | Louis de Rouvroy de Saint-Simon | Écrits de 1739 à 1750 : « Il faut vivre Saint-Simon […] Personne, sauf Montaigne, n’a eu cette lame en pointe, cette encre noire. La plume de notre duc trouait la feuille. Il « assenait » (le terme est de lui) ses regards.» Jean Cocteau résume en ces mots ce colossal classique de la littérature française. 

37. Zadig ou la Destinée | Voltaire | 1747 : un conte oriental doublé d’un conte philosophique, une lecture où la question de la Providence se dessine déjà : faut-il se soumettre aux caprices du destin ? Ou faut-il conquérir la liberté ? 

38. Candide ou l’Optimisme | Voltaire | 1759 : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice, et le besoin. » En dépit d’un monde de malheurs, où nous ne pouvons pas nous résoudre à nous résigner à l’optimisme de Leibniz, il y a un espoir, « cultiver notre jardin ». La vie est a ses satisfactions, modestes mais bien réelles.

39. Julie ou la Nouvelle Héloïse | Jean-Jacques Rousseau | 1761 : le premier roman romantique ? Rousseau exalte les amours de Saint-Preux et de Julie d’Étanges, raconte le conflit entre passion et vertu, magnifie la nature…Un roman oublié de Rousseau, qui eut pourtant une influence considérable.

40. Le Neveu de Rameau | Denis Diderot | 1762 – 1773 : ni roman, ni pièce de théâtre, un dialogue qui exemplifie le sens de la liberté de Diderot. Cette discussion entre le neveu du musicien Rameau, un cynique sympathique, ressemblant à Diderot, versus Diderot philosophe, nous plonge au coeur du Diderot intérieur. 

41. Le Paysan perverti et La Paysanne pervertie | Nicolas Restif de La Bretonne | 1775 & 1785 : la grande originalité du libertin Restif de La Bretonne est de décrire les classes de la société les moins puissantes depuis l’intérieur. Ces deux paysans découvrent les excès de la vie parisienne et ses perversités. Un auteur qui est aujourd’hui redécouvert.

42. Le Barbier de Séville | Pierre – Augustin Caron de Beaumarchais | 1775 : Beaumarchais fait un théâtre offensif de satire sociale. On le sait. Mais on sait moins que Beaumarchais, cet homme d’affaire repenti, a voulu faire de son théâtre un art total qui mélange tous les genres : comique, fantaisie, réalisme, etc. De là le génie de ses pièces.

43. Jacques le Fataliste | Denis Diderot | 1778 : l’homme est-il est libre ou doit-il se soumettre à sa destinée ? Encore une fois, Diderot se joue des conventions : il n’hésite pas à interpeller son lecteur et à intervenir au cours de cet « anti-roman ».

44. Les Liaisons dangereuses | Pierre Choderlos de Laclos | 1782 : difficile de trouver un lycéen en France qui n’ait pas lu Les Liaisons dangereuses. Ce fait permet de classer d’emblée le plus célèbre des romans épistolaires français dans ces classiques de la littérature française. Si vous ne les connaissez pas, courez vous acoquiner à lire les échanges cyniques de Valmont et Merteuil !

44 bis. Les Confessions | Jean-Jacques Rousseau | 1782 & 1789 : cette autobiographie novatrice laïcise le genre. Rousseau s’adresse et justifie sa vie aux yeux des hommes. Du saint Augustin moderne ! Il donne son programme dans son incipit :  « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi.».

45. Le Mariage de Figaro | Pierre – Augustin Caron de Beaumarchais | 1784 : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. », « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. », « Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. » Un brûlot contre la noblesse, à lire, relire et à mettre en application. 

46. Paul et Virginie | Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre | 1788 : Bernardin de Saint-Pierre, grand voyageur, est aussi un ami et disciple de Rousseau. Paul et Virginie est marqué par les grands thèmes de la pensée rousseauiste : amour de la nature, éloignement de la civilisation, bonheur simple, etc.

 

Classiques de la littérature française du XIXe siècle

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Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich, 1818 | Wikimedia Commons | Les 150 classiques de la littérature française à avoir lu !

47. Mémoires d’outre-tombe | François-René de Chateaubriand | 1803 – 1841 : on se fait une fausse idée de Chateaubriand, et il n’y est pas pour rien. Il est vrai, Chateaubriand est le premier grand romantique français, l’homme mélancolique, obsédé par le temps qui passe et affecté par le mal du siècle. François-René est aussi un grand mystificateur, mais un mystificateur de génie au style magnifique. Dans cette œuvre, il ne se contente pas de raconter le passé, mais de le recréer et de faire de sa vie un destin. Il n’est pas seulement un spectateur de l’histoire, mais un acteur, au même titre que le personnage qui hante toute sa vie : Napoléon.

48. Corinne | Germaine de Staël | 1807 : la fille de Necker a contribué à faire connaître la littérature allemande en France, mais a aussi écrit des romans remarquables, comme Corinne, où elle parle de sa condition féminine : une femme de génie peut-elle s’épanouir dans une société pleine de préjugés ? 

49. Adolphe | Benjamin Constant | 1816 : les amours de l’auteur avec Madame de Staël. L’œuvre littéraire de Constant semble bien pauvre (en quantité) par rapport à son apport à la pensée politique. Mais ne vaut-il pas mieux écrire un seul grand roman plutôt que dix de ratés ? « Il y a des choses qu’on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter. »

50. Iambes | André Chénier | 1819  : « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. » André Chénier, le poète cher à M. Gillenormand dans Les Misérables, veut faire une poésie digne des Anciens. Avant d’être exécuté par la Révolution, il écrit Iambes, des poèmes satiriques contre la Terreur. Peut être admiré au XXIe siècle sans être contre-révolutionnaire .

51. Les Méditations poétiques | Alphonse de Lamartine | 1820

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
            Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
            Des plus beaux de nos jours ! »
Le poème Le Lac, justifierait à lui seul de lire ce recueil si typique du romantisme français. Un vrai classique de la littérature française dont la réputation d’œuvre vieillie n’est pas justifiée.

52. Le Rouge et le Noir | Stendhal | 1830 : les aventures de Julien Sorel, qui a raté de peu l’épopée napoléonienne, et qui se rattrape dans la vie civile, ou religieuse, de la France de la Restauration.

53. Hernani | Victor Hugo | 1830 : on connaît Hugo romancier, Hugo poète mais moins Hugo dramaturge. Pourtant, cette pièce, censurée avant même sa représentation, donna lieu à une vraie bataille entre les « moderne » et les « classiques »! Hernani, qui consacre le drame romantique, abandonne les fameuses unités de lieu et de temps, préfère la prose aux vers, etc.

54. Notre-Dame de Paris | Victor Hugo | 1831 : vous connaissez probablement le dessin animé de Disney, ou la comédie musicale et ses chansons qui ne veulent pas sortir de votre tête (« Il est venu le temps des cathédrales ! »). Mais avez-vous lu ce roman gothique classique ? Ce combat hugolien entre le généreux Quasimodo et le vicieux Frollo ? Le livre a été au centre de l’attention après l’incendie de la cathédrale en 2019.

55. La Fée aux miettes | Charles Nodier | 1832 : Charles Nodier est un vrai romantique, un passéiste, un homme qui n’aime pas l’univers du progrès industriel triomphant. Son refuge ? Le rêve, l’imaginaire. Si vous souhaitez accompagner Nodier dans ses magnifiques évasions, lisez ses fantastiques contes !

56. Le Père Goriot | Honoré de Balzac | 1834 : ce roman est en quelque sorte la porte d’entrée de La Comedie humaine. Il raconte l’abandon d’un vieillard dans une pension par ses deux filles ingrates. Ce roman est surtout celui d’une ambition naissante, celle de Rastignac. « À nous deux, Paris ! »

57. Volupté | Sainte-Beuve | 1834 : attaqué par Hugo (« Sainte-Bave ») et par Proust, Sainte-Beuve ne laisse que l’image d’un fâcheux à ceux qui n’ont pas pris le temps de s’intéresser à lui, prêt à démolir la carrière du premier scribouillard qui prétendrait mener une carrière d’écrivain. Image trompeuse, comme en témoigne Volupté, transcription des amours de l’auteur avec la femme d’Hugo.

58. Lorenzaccio | Alfred de Musset | 1834 : inspiré par son séjour dans l’Italie des Médicis avec George Sand, Musset a écrit ici une pièce complexe où les personnages et les actions sont multiples. Qu’importe, tout culmine dans le destin aussi superbe que vain de Lorenzo !

59. On ne badine pas avec l’amour | Alfred de Musset | 1834 : dans Lorenzaccio comme dans On ne badine pas avec l’amour, Musset garde une grande liberté d’écriture : on assiste plus à une succession de tableaux que d’actes. Là encore, le jeu des masques est dénoncé : le paraître qui libère finit par se confondre avec l’être.

60. Chatterton | Alfred de Vigny | 1835 : une pièce qui voudrait justifier à elle seule l’existence du ministère de la Culture. Le société ne laisse aucune place au génie d’un poète qui ne peut se permettre de se soucier de considérations mercantiles. Un drame romantique qui insuffle dans la conscience nationale le sentiment qu’il faut lever les obstacles à la création artistique.

61. La Confession d’un enfant du siècle | Alfred de Musset | 1836 : Musset et ses amours avec George Sand transposés dans ce roman autobiographique. Le roman vaut aussi pour son incipit, où l’analyse du mal-être d’une jeunesse post-révolutionnaire en proie au scepticisme prend aujourd’hui des accents particuliers . 

62. Illusions perdues | Balzac | 1837 – 1843 : un écho au livre précédent. L’histoire des revers de Rubempré donne à Balzac l’occasion de produire ce qui est peut-être son maître-livre. Illusions perdues recrée toute une société, celle de la jungle parisienne du début du XIXe siècle. Un classique de la littérature française.

63. La Chartreuse de Parme | Stendhal | 1849 : le style de Stendhal refroidit moins les contempteurs dans La Chartreuse de Parme. Pourquoi ? Pour l’Italie ; l’amour que lui portait Stendhal s’y sent. Pour son ironie mordante, ses interventions incessantes. Pour Fabricio à Waterloo.

64. Les Mystères de Paris | Eugène Sue | 1842 – 1843 : certes, on lui a reproché son optimisme un peu béat, la psychologie un peu simple de ses personnages. Mais on ne lui reprochera plus rien du tout : Eugène Sue et ses Mystères de Paris sont tombés au fin fond d’une grotte étroite de l’histoire de la littérature française. Pourtant, ce roman-feuilleton a eu une succès gigantesque au XIXe siècle, annonçant l’avènement de la culture de masse. Derrière ses noires intrigues, une préoccupation : celle du progrès social des ouvriers, prostituées et autres misérables qui peuplent les grandes villes.

65. Le comte de Monte-Cristo | Alexandre Dumas | 1844 : un grand roman d’aventure, doublé d’un roman historique (Empire, Restauration), triplé d’un roman métaphysique (Monte-Cristo, 33 ans, main vengeresse de Dieu). En faut-il plus pour vous convaincre de lire ce grand classique de la littérature française ? 

66. Les Trois Mousquetaires | Alexandre Dumas | 1844 : tellement classique que certains n’ont pas envie de l’ouvrir. Oui, on a en effet l’impression de l’avoir lu avant même de le lire. Cette impression est trompeuse. Cette lecture bouleverse. On y entre méfiant, on en sort passionné. 

67. Carmen | Prosper Mérimée | 1845 : comment rendre exotiques des régions qui nous sont bien connues ? Tel est l’exploit de Mérimée. Des coutumes et des superstitions, on arrive rapidement au fantastique, dans un style sec et vigoureux. 

68. La Mare au diable | George Sand | 1846 : contrairement à Balzac, George Sand se veut l’avocate volontariste d’une réconciliation sociale. La nature de La Mare au diable adoucit le réel. Sand y célèbre la vie aux champs. Le roman idéaliste en somme. « L’art n’est pas une étude de la réalité positive, c’est une recherche de la vérité idéale. »

69. La Dame aux camélias | Alexandre Dumas fils | 1851 : les nombreuses adaptations au théâtre (par l’auteur lui-même), à l’opéra ( La Traviata) ou au cinéma (Le Roman de Marguerite Gautier avec Greta Garbo) ont fait oublier ce roman pourtant formidable et admiré par les plus grands.

70. Les Chimères | Gérard de Nerval | 1854 : Nerval est le romantique du rêve, de la folie, des hallucinations, du mystère. Le lire, c’est essayer de vivre avec lui une expérience qui s’aventure au-delà du réel !

71. Les Contemplations | Victor Hugo | 1856 : les poèmes de l’exil. Les poèmes d’un homme en deuil, qui souffre de la perte de Léopoldine, sa fille. Le lyrisme, mais aussi la sensibilité aux grandes questions qui agitent la société. La Légendes des siècles (1859 – 1883) aurait bien sûr sa place ici.

72. Madame Bovary | Gustave Flaubert | 1857 : un livre sur l’enchantement impossible, et sur la victoire des désenchantés  (Homais).

73. Les Fleurs du mal | Charles Baudelaire | 1857 & 1861 : « il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre.»

74. Les Malheurs de Sophie | Comtesse de Ségur | 1858 : deuxième tome d’une trilogie (avec Les Petites Filles modèles et Les Vacances), Les Malheurs de Sophie, publié dans la bibliothèque rose illustrée, est le plus célèbre roman pour enfants de la Comtesse de Ségur (1799 – 1874). Il narre les aventures, d’inspiration autobiographique, d’une jeune fille têtue, Sophie, qui multiplie les bêtises, et qui finit par être punie. Chaque histoire se termine par une morale. Peut être lu en ligne ici.

75. Le Roman de la momie | Théophile Gautier | 1858 : « Le magicien ès lettres françaises » (selon Baudelaire) livre ici un roman qui précède son propre voyage. Qu’importe, Gautier a l’art de faire renaître dans un style magnifique les époques perdues. 

76. Les Misérables | Victor Hugo | 1862 : un roman-fleuve, avec certains des personnages les plus célèbres de la littérature française (Cosette, Marius, Jean Valjean, Javert, les Thénardier). C’est une grande aventure, qui fait de petites gens des héros, et qui aime digresser aussi.

77. Poèmes barbares | Charles Leconte de Lisle | 1862le chef de l’École parnassienne a développé un art rigoureux admiré par ses contemporains, qui puise dans l’Antiquité son idéalisme détaché du présent, qui exalte les formes et fusionne les cultures.

78. Voyage au centre de la Terre | Jules Verne | 1864 : « La science est faite d’erreurs , mais d’erreurs qu’il est bon de commettre, car elles mènent peu à peu à la vérité. »

79. Poèmes saturniens | Paul Verlaine | 1866:

Nature, rien de toi ne m’émeut, ni les champs
Nourriciers, ni l’écho vermeil des pastorales
Siciliennes, ni les pompes aurorales,
Ni la solennité dolente des couchants.

Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales,
Et je vois du même œil les bons et les méchants.

Je ne crois pas en Dieu, j’abjure et je renie
Toute pensée, et quant à la vieille ironie,
L’Amour, je voudrais bien qu’on ne m’en parlât plus.

Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille
Au brick perdu jouet du flux et du reflux,
Mon âme pour d’affreux naufrages appareille.

80. L’Éducation sentimentale | Gustave Flaubert | 1869 : l’apprentissage de Frédéric Moreau, la révolution de 1848, des personnages mémorables comme Sénécal. « Rien n’est plus humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l’on échoue.»

81. Les Chants de Maldoror | Lautréamont | 1869 :  « Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve sans se désorienter, son chemin abrupte et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poisons. » Vous êtes prévenu : suivre les pas de Maldoror, c’est se laisser emporter dans une épopée du mal. 

82. Poésies | Arthur Rimbaud | 1870 – 1886 : « J’ai de mes ancêtres gaulois l’œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.

Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d’herbes les plus ineptes de leur temps.

D’eux, j’ai : l’idolâtrie et l’amour du sacrilège ; – Oh ! tous les vices, colère, luxure, – magnifique, la luxure ; – surtout mensonge et paresse.

J’ai horreur de tous les métiers. […] »

83. Le tour du monde en quatre-vingt jours | Jules Verne | 1872 : Philéas Fogg, aidé de Passepartout, réussira-t-il son pari de faire le tour du monde en quatre-vingt jours ? Il semble que vous ayez déjà la réponse… Un témoignage de la foi des hommes du XIXe siècle dans la science et dans le progrès. Avant que son auteur ne sombre lui même dans l’inquiétude et le pessimisme. 

84. Les Diaboliques | Jules Barbey d’Aurevilly | 1874 : Barbey d’Aurevilly essaiera de vous montrer que oui, le surnaturel existe toujours dans notre monde moderne. Si vous souhaitez lire un auteur au style déroutant, attiré par Satan, dirigez-vous vers ce recueil de nouvelles !

85. L’Assommoir | Émile Zola | 1876 – 1877 : on trouve rarement un titre qui donne une si bonne idée du tempérament d’un livre. Un procès-verbal sur les ravages de l’ivrognerie. Un alambic comme figure centrale.

86. Contes cruels | Philippe-Auguste Villiers de L’Isle-Adam | 1883 : combien la contemption du monde moderne donne d’écrivains ! Aussi Villiers de L’Isle-Adam, de vieille souche aristocratique, tourne-t-il en dérision la sottise contemporaine, l’amour de l’argent, le progrès et toutes ces choses modernes. Avec un humour noir loin d’être déplaisant. 

87. Au bonheur des Dames | Émile Zola | 1883 : l’histoire du grand magasin, l’un des visages du grand bouleversement économique sous le IIe Empire et de son patron Octave Mouret, dans lequel on pourrait reconnaître Boucicaut.

88. À rebours | Joris-Karl Huysmans | 1884 : l’expérience de Des Esseintes, esthète hypersensible qui ne supporte pas la laideur du monde moderne, et s’enferme en compagnie de la littérature et des parfums.

89. Bel-Ami | Guy de Maupassant | 1885 : un classique de la littérature française que l’on peut lire en une nuit blanche hallucinée : l’ascension de la « crapule » Duroy happe tout l’esprit du lecteur. Duroy est tout ce qu’il y a de mauvais dans la nature humaine, mais ne fascine-t-il pas plus qu’il ne dégoûte ? 

90. Pêcheur d’Islande | Pierre Loti | 1886 : quand l’époque propose surtout un naturalisme peu avenant, Loti vient avec l’aventure et l’exotisme. Pêcheur d’Islande nous envoûte dans un paysage singulier, mais ne nous trompons pas : il y a de la mélancolie derrière ces décors, celle d’un exilé qui finit étranger à lui-même. 

91. Le Désespéré | Léon Bloy | 1887 : le dernier décadent de notre liste, après Barbey d’Aurevilly, Villiers de l’Isle-Adam et Huysmans. Ce roman nouvellement réédité vaut pour son style aussi riche que violent et pour le caractère réactionnaire et révolté, c’est-à-dire très exotique aujourd’hui, de son héros, Caïn Marchenoir.

92. Germinal | Émile Zola | 1885 : un roman à plusieurs dimensions, mais le grand roman politique de Zola : la lutte des mineurs en grève contre leur entreprise, monstre froid et invisible. Inspiré par la grève des mineurs d’Anzin de la même année.

93. Les Complaintes | Jules Laforgue | 1885 : il est drôle d’apprendre que Montevideo a vu naître trois de nos plus grands poètes, Lautréamont, Laforgue et Supervielle. Les deux premiers sont morts jeunes, à 24 et 27 ans. L’œuvre de Laforgue ne se place pas sous le signe du mal, mais de l’ennui, de la tristesse, comme le titre de ce recueil, Les Complaintes, le laisse entendre.

94. Poésies | Stéphane Mallarmé | 1887 : admirateur de Baudelaire, Mallarmé est, ne mentons pas, difficile d’accès. En quête d’absolu, il vit sa poésie comme une véritable aventure métaphysique, au mépris même de sa santé. Êtes-vous prêt à affronter sa densité ?

95. Les Trophées | José-Maria de Heredia | 1893 : 118 poèmes à la gloire du sonnet. De Heredia retrace dans Les Trophées l’histoire de l’humanité, en passant par les Grecs, Rome, le Moyen Âge, la Bretagne et surtout, les Conquistadores dont il descend !

96. Poil de Carotte | Jules Renard | 1894 : Poil de Carotte, roman autobiographique, est teinté d’une vive sensibilité derrière un humour froid mais lucide sur la nature humaine. « Dès qu’on nous embrasse, il est bon de prévoir tout de suite l’instant où nous serons giflés. »

97. Ubu roi | Alfred Jarry | 1896 : ce qui était au départ une farce de Jarry et de ses camarades de lycée est devenu cette pièce qui annonce par certains aspects le surréalisme, l’absurde, et peut-être, par Ubu, les crimes du XXe siècle.

98. Cyrano de Bergerac | Edmond Rostand | 1897 : l’un des derniers dramaturges romantiques, mais très singulier : existe-t-il une autre pièce qui peut prétendre incarner si bien le sentiment national et le panache à la française ? « Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! »

 

Classiques de la littérature française du XXe siècle : l’âge des extrêmes

classiques de la littérature française du XXe siecle
Les classiques de la littérature française à avoir lu !

99. Les Nourritures terrestres | André Gide | 1897 : un livre qui eut une influence considérable (dans sa deuxième édition de 1927). Les Nourritures terrestres, œuvre orientaliste et biblique, est un manuel sur l’art de goûter à la vie. Mais ce n’est pas un appel matérialiste, plutôt une apologie d’une morale du renoncement, du dénuement qui mène à la liberté !

100. Les Déracinés | Maurice Barrès | 1897 : le roman d’une génération, oublié aujourd’hui. Et pourtant : « Je sais bien que M. Zola est un grand écrivain ; j’aime son œuvre qui est puissante et belle. Mais on peut le supprimer de son temps par un effort de pensée ; et son temps sera le même. Si M.Barrès n’eût pas vécu, s’il n’eût pas écrit, son temps serait autre et nous serions autres. Je ne vois pas en France d’homme vivant qui ait exercé, par littérature, une action égale ou comparable. » (Léon Blum).

101. Journal d’une femme de chambre | Octave Mirbeau | 1900 : un livre transposé de nombreuses fois au théâtre et au cinéma (Renoir, Buñuel…), mais un collégien ou un lycéen pourrait passer à côté sans jamais en avoir entendu parler. Pourtant, Mirbeau est un auteur révolté, qui met toute sa verve au service de la dénonciation des antagonismes sociaux, ici entre maîtres et domestiques.

102. Claudine à l’école | Colette | 1900 Claudine à l’école est une introduction à l’œuvre très riche de Colette (1873 – 1954), figure importante du monde intellectuel de son temps, restée dans les mémoires pour sa liberté et son anticonformiste. Elle y compte, dans un style neuf, presque parlé, à partir de ces souvenirs, l’histoire d’une adolescente de quinze dans une école de campagne, à l’âge où les facéties de l’enfance cèdent peu à peu aux voluptés de l’âge adulte.

103. Jean-Christophe | Romain Rolland | 1904 – 1912 : Romain Rolland, l’homme de la justice universelle et de la communion entre les hommes, a écrit un roman singulier, un roman musical composé comme une symphonie, mais aussi un roman-fleuve historique qui décrit l’Europe en marche vers la guerre de 1914.

104. Le Grand Meaulnes | Alain-Fournier | 1913 : un roman entre merveilleux et réalisme. Dans le Cher, le Grand Meaulnes, dont l’histoire est racontée par François, vit une aventure hors du commun, et poursuit dans l’adolescence et à l’âge adulte l’enchantement de l’enfance.

105. À la recherche du temps perdu | Marcel Proust | 1913 – 1927 : non pas seulement faire renaître un passé perdu, mais le recréer teinté d’une vision singulière du monde. La vraie vie, c’est l’art et la littérature.

106. Alcools | Guillaume Apollinaire | 1913 : l’esthétique totalement nouvelle des poèmes d’Apollinaire traduit une ambition : que la poésie s’empare du monde moderne. Mais Alcools est aussi le recueil d’un « mal-aimé ».

107. Le Feu | Henri Barbusse | 1916 : le journal d’une escouade, qui vaut pour la retranscription fidèle « du parler » des soldats dans les tranchées.

107 bis. Les Croix de bois | Roland Dorgelès | 1919 : autre grand roman français de la Première Guerre, qui livre un témoignage des horreurs cachées de la guerre et qui est, de fait, un plaidoyer pacifiste. 

108. Les Thibault | Roger Martin du Gard | 1920 – 1944 : œuvre de facture classique mais très documentée et qui ne se refuse pas à aborder des thèmes modernes, ce roman retrace à travers les déchirements d’une famille l’histoire de la France d’avant 1914.

109. Le Diable au corps | Raymond Radiguet | 1923 : talent précoce, éternellement jeune, Radiguet a voulu égaler les grands classiques dans l’analyse des complexités du sentiment amoureux. Cette œuvre a choqué par les thèmes sulfureux qu’elle aborde.

110. Les Faux-monnayeurs | André Gide | 1925 : une mise en abyme, un roman dans lequel un personnage veut écrire un roman nommé Les Faux-monnayeurs. Vaut pour la très grande originalité de sa construction : des personnages multiples qui expriment autant de points de vue.

111. Nadja | André Breton | 1928 : vivez avec Nadja l’expérience surréaliste, croisez la beauté convulsive, jouez avec la folie et changez votre vie par la puissance de la poésie !

112. Le Soulier de Satin | Paul Claudel | 1929 :le théâtre est le genre dans lequel Claudel fait montre de son écriture la plus foisonnante. Cette dernière est à l’image de la grandeur des sentiments que l’auteur entend mettre en scène : ceux de l’amour qui ne se sublime que dans le renoncement.

113. Le Chien jaune | Georges Simenon | 1931 : il fallait choisir un titre des 430 œuvres de Simenon. Ou peut-être ne fallait-il en choisir aucun, car l’auteur est…belge, bien sûr. Passons : il fallait que celui qui a donné ses lettres de noblesse au roman policier soit ici présent.

114. Le Nœud de Vipères | François Mauriac | 1932 : l’histoire d’un vrai chrétien, trop pur, jusqu’à s’aveugler parfois.

115. Voyage au bout de la Nuit | Céline | 1932 : « L’homme nu, dépouillé de tout, même de sa foi en lui. C’est ça mon livre. ». L’absurdité régit le monde célinien. Mais ce qui en fait, peut-être, le plus grand roman du XXe siècle, malgré la réputation sulfureuse de l’auteur est la révolution stylistique qu’opère son auteur et qui vaut à elle seule la lecteur de l’ensemble de son œuvre.

116. La Condition humaine | André Malraux | 1933 : les hommes tentent de se libérer de la question du sens de leur vie dans l’engagement collectif, ici l’action révolutionnaire. Malraux s’inspire du cinéma pour structurer son roman, en privilégiant la focalisation interne. Vaut aussi pour son incipit. 

117. La Guerre de Troie n’aura pas lieu | Jean Giraudoux | 1935 : si, si, la guerre entre Troie et les Grecs aura bien lieu. Comprendre : la guerre entre la France et l’Allemagne aura bien lieu. L’homme libre n’évite pas toujours la fatalité.

118. Journal d’un curé de campagne | Georges Bernanos | 1936 : le roman chrétien dans toute sa splendeur. D’Ambricourt n’arrive plus à prier. Son journal est le témoin des tensions de l’univers du chrétien, de ses douleurs physiques et morales, mais aussi de ses exaltations.

119. Cahier d’un retour au pays natal | Aimé Césaire | 1939 : le Cahier d’un retour au pays natal est l’acte fondateur de la négritude, concept qui renvoie au fait d’être noir, à l’affirmation culturelle des personnes noires. Aimé Césaire, né en Martinique, produit une œuvre originale qui oscille entre poésie et prose (un « Cahier »), portée par une inventivité lexicale, et dans laquelle il appelle à une décolonisation de politique et culturelle des Antilles.

120. Gilles | Pierre Drieu la Rochelle | 1939 : « La sincérité désarmée » d’un homme désabusé, Gilles, qui ne croit plus en rien. La sublimation littéraire du parcours d’une génération, celle qui vient après la Première Guerre, dont le destin culmine dans la solitude, la mort et le fascisme. 

121. Tropismes | Nathalie Sarraute | 1939 : Ouvrage peut-être fondateur d’un mouvement littéraire porté par les Éditions de minuit à l’après-guerre, le « Nouveau Roman ». Ouvrage novateur certainement, composé de vingt-quatre textes courts, qui cassent la narration traditionnelle, dans une écriture dépouillée et froide, à l’image de son titre. Les Tropismes, mot tiré de la science, ce sont, selon l’auteur, des « mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir ».

123. L’Homme pressé | Paul Morand | 1941 : trois auteurs compromis pendant la Guerre, ce classement devient sulfureux. Il était cependant difficile d’exclure Paul Morand (admiré par François M.), dont l’art de l’instantané et l’écriture nerveuse, le tout dans une certaine légèreté justifient de placer L’Homme pressé parmi les classiques de la littérature française ! 

124. Le parti pris des choses | Francis Ponge | 1942 : au revoir le lyrisme ! Francis Ponge veut tirer tout le jus des mots pour décrire en prose les choses : abricot, cageot, huître, etc.

125. L’Étranger | Albert Camus | 1942 : nous vous renvoyons bien volontiers aux extraits publiés dans cet article.

126. Le Silence de la mer | Vercors | 1942 : c’est la guerre. Un officier allemand, cultivé, francophile, si proche de nous, tente de dialoguer avec ceux qui l’hébergent, mais se heurte à un silence implacable. Toute fraternisation avec l’ennemi, même amical, est en effet impossible.

127. La Reine morte | Henri de Montherlant | 1942 : auteur qui insuffle à ses œuvres une énergie virile, Montherlant contraint ici ses personnages à accomplir un devoir difficile, fait émerger leur grandeur morale des contradictions qui les déchirent, et communique finalement sa vision pessimiste de l’existence.

128. Le Passe-muraille | Marcel Aymé | 1943 : Marcel Aymé, « La Fontaine du XXe siècle » qui n’utilise pas des animaux pour faire passer une morale, mais des êtres normaux, banals. On peut voir une statue de ce bêta de Passe-muraille sur la butte Montmartre, place Marcel Aymé, à Paris.

129. Le Petit Prince | Antoine de Saint-Exupéry | 1943 : le livre français le plus traduit au monde ! Ce conte au symbolisme marqué aborde sous les dehors d’une histoire pour enfants les grandes questions morales chères à l’auteur.

130. Antigone | Jean Anouilh | 1944 : un pessimiste, encore ! Mais un pessimiste qui ne dit pas non à la vie. Les jeunes héros idéalistes d’Antigone acceptent les compromissions de la vie avec désenchantement : « Je comprends seulement maintenant combien c’était simple de vivre… ».

131. Aurélien | Louis Aragon | 1944 : le plus lu des romans d’Aragon, dans lequel transparait une condamnation idéologique du monde bourgeois et de ses valeurs. Aurélien, être socialement déterminé, est un individu pris dans l’Histoire. Et Aurélien trouve Bérénice franchement laide.

132. Huis clos | Jean-Paul Sartre | 1944 être par le regard des autres, tel est le châtiment en l’enfer. Dans le théâtre de Sartre, les personnages sont jugés sur leurs actes et n’existent que par leurs actes. À lire ici : « L’enfer c’est les autres. »

133. J’irai cracher sur vos tombes | Boris Vian | 1946 : violence, sexualité… Le pastiche de roman noir américain de Vernon Sullivan, alias Boris Vian, fait scandale, même s’il est avant tout un puissant pamphlet contre le racisme. Et quel titre !

134. La Peste | Albert Camus | 1947 : ce roman prend la suite de L’Étranger. Enfermés dans Oran, voyant la mort venir, les hommes se sentent appartenir à la même humanité et luttent ensemble. Voir des extraits choisis ici

135. L’Écume des jours | Boris Vian | 1947 :calembours, contrepèteries…Vian se joue des mots et de leurs sens, en prenant à la lettre certaines figures de style, en créant d’étranges mots-valises (« pianocktail »), dans un univers à la fois tendre et cruel.

136. Un roi sans divertissement | Jean Giono | 1947 : le Trièves, en hiver, dans un village, un hêtre où sont cachés des cadavres…Le mystérieux enquêteur Langlois…Et la fascination pour le Mal ! « […]un roi sans divertissement est un homme plein de misères », disait Pascal.

137. Les Bonnes | Jean Genet | 1947 : entrer dans le monde Genet, c’est entrer dans un monde où la perversion est maîtresse. Son œuvre est servie par une langue d’une incroyable richesse où l’écriture a presque valeur de rédemption. 

138. Fureur et Mystère | René Char | 1948 : une poésie d’un certain hermétisme, intransigeante, mais grande et révoltée contre les meurtrissures du monde. René Char construit son art au contact des philosophes, Heidegger notamment. 

139. Vipère au poing | Hervé Bazin | 1948 : Brasse-Bouillon martyrisé par Folcoche la marâtre, autobiographie désespérée sous le signe de la haine entre mère et son fils. Le roman de l’enfance difficile. 

140. Le Hussard bleu | Roger Nimier | 1950 : Nimier, un hussard gouailleur, désinvolte, fauché trop tôt par un accident de voiture, écrit le roman qui baptise d’ailleurs cette génération d’écrivains, les Hussards, comptant Déon, Blondin et Laurent. Un exercice de style, des monologues désabusés résumés par une formule : « Tout ce qui est humain m’est étranger. »

141. Mémoires d’Hadrien | Marguerite Yourcenar | 1951 : « Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore, dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un. »

142. Le Rivage des Syrtes | Julien Gracq | 1951 : le roman de l’attente, magique, dont le cours tranquille n’est dérangé ni par son intrigue, réduite, ni ses personnages mystérieux et perdus aux lisières du monde.

143. En attendant Godot | Samuel Beckett | 1953 : la pièce d’un nouveau monde désordonné, celui des camps et de la bombe atomique. Le théâtre est déconstruit, les personnages désossés, l’univers baigne dans le rêve. Beckett laisse le lecteur et le spectateur donner un sens à son oeuvre : « […]je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qui leur arrive. Je ne sais pas qui est Godot […] ».

144. Les Gommes | Alain Robbe-Grillet | 1953 : une parodie de roman policier. Le lecteur peut attendre, mais jamais il n’entrera dans la conscience de Wallas l’enquêteur. Se cache derrière cette entreprise l’ambition de Robbe-Grillet de « désubjectiver » la description : on ne projette ainsi plus de sens sur le monde. 

145. Bonjour tristesse | François Sagan | 1954 : Sagan a encore dix-huit ans lorsque Bonjour tristesse est publié. Le livre connaît alors un grand succès et fait l’objet d’un étrange scandale, peut-être pour la liberté charnelle de son héroïne.

146. Les Mandarins | Simone de Beauvoir | 1954 : Simone de Beauvoir, connue comme l’auteur du Deuxième sexe (1949), a obtenu le prix Goncourt en 1954 pour Les Mandarins, une autofiction, dédiée à son amant, l’écrivain américain Nelson Algren (1909 – 1981), dans laquelle elle restitue l’atmosphère de l’immédiat après-guerre, à travers les milieux intellectuels, notamment de gauche (« Les Mandarins »), qui débattent alors du communisme. « Une page d’histoire : histoire politique, histoire intellectuelle, histoire des moeurs de la période postérieure à la Libération. » selon André Billy, dans Le Figaro.

147. Histoire d’O | Dominique Aury | 1954

Histoire d’O, publié sous le pseudonyme de Pauline Réage, est un roman érotique et sado-masochiste qui fit scandale dans une France encore puritaine. Le roman connut un grand succès, inspirant Régine Deforges pour qui l’héroïne, O, trouve dans la servitude la grandeur pour dominer son amant

« Enfin une femme qui avoue ! Qui avoue quoi ? Ce dont les femmes se sont de tout temps défendues (mais jamais plus qu’aujourd’hui). Ce que les hommes de tout temps leur reprochaient : qu’elles ne cessent pas d’obéir à leur sang ; que tout est sexe en elles, et jusqu’à l’esprit. Qu’il faudrait sans cesse les nourrir, sans cesse les laver et les farder, sans cesse les battre. Qu’elles ont simplement besoin d’un bon maître, et qui se défie de sa bonté… » Jean Paulhan, Préface au livre

148. Les Rois maudits | Maurice Druon | 1955 – 1977 : le XXe siècle a inventé la malédiction prononcée par Jacques de Molay à l’endroit de Philippe le Bel et Druon en a tiré un chef-d’oeuvre. G.R.R. Martin, le créateur de Game of Thrones, admire en effet Druon (et Dumas) duquel il a sûrement tiré la substance de ses livres qui angoissent (et fascinent) le monde !

149. Éthiopiques | Léopold Sédar Senghor | 1956 : recueil de poèmes de Léopold Sédar Senghor (1906 – 2001), baptisé d’un néologisme qui renvoie à l’Éthiopie antique (État africain qui a longtemps résisté à la colonisation), à la culture africaine, et qui étudie, par la langue française, les relations de pouvoir, l’étrangeté à soi, en voguant sur le concept de négritude, qu’il a développé avec Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas.

150. La Modification | Michel Butor | 1957 : vous n’avez jamais lu de roman écrit uniquement à la deuxième personne du pluriel  ? Vous voulez être baratté entre passé et futur, entre analepse et anticipation ? Alors lisez La Modification !

151. La Gloire de mon père | Marcel Pagnol | 1957 : l’enfance provençale de Pagnol, un grand roman populaire.

152. Le Lion | Joseph Kessel | 1958 : roman moderne de l’exotisme, celui d’un écrivain-voyageur si pittoresque. Tout y est : le lion King, les Maasaï, le Kilimandjaro, le Kenya. Un roman mystique, celle de la chasse au lion.

153. Zazie dans le métro | Raymond Queneau | 1959 : « […]un délire tapé à la machine par un romancier idiot. » En réalité, un grand roman expérimental où même l’orthographe est renversée : « Doukipudonktan ! »

154. La Promesse de l’aube | Romain Gary | 1960 : un exilé, peu sûr de son identité, sans père mais avec une mère trop présente, Romain Gary ou Émile Ajar, écrivain humaniste, dénonce et tente de guérir, par l’amour, seul remède, les blessures laissées par les monstruosités autodestructrices de l’espèce humaine.   

155. La Route des Flandres | Claude Simon | 1960 : un roman sur le passé qui revient en mémoire, où la trame narrative classique est sapée. Passé, présent et futur se mélangent dans une écriture sans ponctuation, constamment interrompue, reflétant la coexistence de mémoires qui s’entremêlent dans nos consciences.

156. Rhinocéros | Eugène Ionesco | 1960 : Malheur ! Toute la population d’une ville entière se transforme en rhinocéros ! Non, pas toute la population, Bérenger résiste à cette déshumanisation ! Le théâtre de l’absurde contre le totalitarisme. 

157. Les Mots | Jean-Paul Sartre | 1964 : autobiographie à succès de Sartre et surtout, histoire de la construction du « projet de soi », c’est-à-dire la fabrique d’un écrivain, avec une certaine autodérision. 

158. Les Choses | Georges Perec | 1965 : écrivain d’un grande technicité, il raconte ici, dans une narration impersonnelle, le quotidien de Jérôme et de Svlvie, régi par le désir de posséder « des choses ». Une critique de la société de consommation en pleine période des Trente Glorieuses. 

159. Vendredi ou les Limbes du Pacifique | Michel Tournier | 1967 : une apologie de la vie sauvage. Michel Tournier reprend le mythe de Robinson mais inverse ici les rapports classiques : le sauvage prend vite le dessus sur le civilisé. 

160. La Bicyclette bleue | Régines Deforges | 1981: ce premier tome d’une longue saga à succès nous présente Léa Delmas, qui est encore une jeune fille de dix-sept ans de la région de Bordeaux, en 1939, avant l’occupation allemande. Elle vivra des aventures à travers le monde racontées sur dix livres, avec son amant, François Tavernier. Si les péripéties prennent une place importante, l’auteur ne renonce pas à l’érotisme auquel on l’associe.

161. L’Amant | Marguerite Duras | 1984 : l’Amant est le plus célèbre roman de Marguerite Duras (1914 – 1996), récompensé par le prix Goncourt, et par un très grand succès commercial. Construit à partir des souvenirs de l’enfance indochinoise de l’autrice, il raconte l’histoire d’une transgression sociale, celle d’une jeune fille de quinze ans et demi qui trouve un riche Chinois pour amant, et qui vit des rapports singuliers avec sa mère, et ses deux frères. Ce thème indochinois est une reprise d’un roman antérieur, Un barrage contre le Pacifique (1950), et sera à nouveau repris dans L’Amant de la Chine du Nord (1991).

 

Addenda

Article écrit à l’aide de La littérature française de A à Z et d’un Mémento de la littérature française.