« Empirer » ou « s’empirer » : quelle forme choisir ?
On peut écrire : empirer ou s’empirer. Si norme il doit y avoir, elle semble se tourner vers « empirer », forme non pronominale. Cependant, la langue de la vie de tous les jours semble privilégier « s’empirer », sous influence, peut-être, de « s’aggraver » ou de « se détériorer » (la situation s’aggrave, la situation se détériore, la situation s’empire). La forme pronominale donne l’idée d’un processus ou d’un mouvement continu. La forme non pronominale a, quant à elle, une sonorité littéraire. L’Académie française présente « s’empirer », peut-être parce qu’employée par les classiques au XVII et XVIIIe siècles. Le Dictionnaire de Littré (1863) présente le verbe pronominal. Au reste, si la forme transitive était autrefois courante (le remède empire le mal), elle appartient aujourd’hui à une langue littéraire.
Exemples avec « s’empirer »
Sa monomanie s’empire de jour en jour. Aussi, toutes les fois qu’il se présente une exécution, en est-il averti par des émissaires secrets – avant les gentilshommes de la hache eux-mêmes !
Villiers de l’Isle-Adam, Contes cruels, cité par le Grevisse
Le seul changement des viandes leur pouvait animaux : afin que l’homme entende qu’ils sont marquer combien leur état allait s’empirant ;
Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, cité par Littré
La capitale tunisienne est notamment confrontée à un problème de gestion des déchets, qui s’est empiré après 2011.
La ville de New York est la plus touchée et la situation s’empire.
Exemples avec « empirer »
[…] pressé qu’il était de se rendre à l’île d’Elbe, sa maladie empira au point que vers la fin du troisième jour, sentant qu’il allait mourir, il m’appela près de lui.
Dumas, Le Comte de Monte-Cristo
Je reviendrai ce soir, à l’heure où vous m’avez dit que son mal empirait, et je tâcherai de couper encore cette mauvaise fièvre.
Sand, La Petite Fadette
Ce dimanche matin, la situation empire: les frappes redoublent sur toute la ville, s’enchaînent.