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Comprendre l’enjeu : pourquoi opposer « séfarade » et « ashkénaze » ?
Dès que l’on évoque le judaïsme, deux grandes familles se distinguent : les Séfarades et les Ashkénazes. Mais derrière ces différences, la racine commune demeure forte. Il faut donc comprendre leurs origines, les distinguer par la culture, les rituels, la cuisine et la langue, mais aussi lever les clichés persistants.
Ce qu’il faut retenir
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Les séfarades viennent d’Espagne/Portugal, les ashkénazes d’Europe de l’Est.
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Langues traditionnelles distinctes : yiddish pour ashkénazes, ladino pour séfarades.
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Cuisine épicée méditerranéenne chez les séfarades, mets doux côté ashkénaze.
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Différences visibles dans les rites religieux et l’agencement des synagogues.
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Aujourd’hui, la mixité enrichit les deux traditions au cœur du judaïsme français.
Histoire et géographie : deux parcours millénaires
Deux exodes, deux mondes
Les Ashkénazes trouvent leurs racines en Europe centrale et orientale. Le terme « Ashkenaz » provient d’une région identifiée dans les textes hébraïques pour désigner l’Allemagne puis, par extension, toute l’Europe de l’Est. Imaginez une famille juive s’installant à Prague au Moyen Âge et transmettant des contes en yiddish.
En contraste, les Séfarades sont historiquement issus de la Péninsule Ibérique. Le mot « Sefarad » désigne l’Espagne dans la tradition biblique. Après l’expulsion d’Espagne en 1492, la diaspora séfarade rayonne vers l’Empire ottoman, l’Afrique du Nord ou encore les Balkans. Ainsi, une recette de poisson mijotée à Tanger porte en filigrane une histoire d’exil.
Rites religieux et synagogues : mêmes fondations, nuances subtiles
Les textes : même livre, différentes voix
Chaque groupe puise dans les mêmes textes fondamentaux du judaïsme (Talmud, Torah). Pourtant, la liturgie diffère :
- Les Séfarades privilégient le Talmud de Babylone, leurs chants sont portés par des accents méditerranéens.
- Les Ashkénazes conservent un rituel rythmé par le Talmud de Jérusalem et l’influence des chantres d’Europe de l’Est.
Les synagogues se démarquent par l’agencement : arche de prière au centre chez les Séfarades, au fond chez les Ashkénazes. La symbolique est forte : chez les Séfarades, tout tourne autour du collectif, de la parole. Les Ashkénazes valorisent la structure, l’intimité dans la prière.
Langues, cuisine et culture : deux univers du quotidien
Quand la langue façonne l’identité
Les Ashkénazes ont historiquement parlé le yiddish, fusion entre l’allemand, l’hébreu et des idiomes slaves. Les Séfarades utilisaient le ladino (judéo-espagnol) ou le judéo-arabe selon les régions d’accueil après l’exil.
Exemple original : Une blague ashkénaze se comprend uniquement en yiddish, car son humour repose sur un jeu de sons germaniques et hébraïques. Tandis qu’une berceuse séfarade mélange allègrement hébreu, arabe et castillan, évoquant la nostalgie d’Andalousie.
Cuisine : la mémoire au bout de la fourchette
| Séfarade | Ashkénaze | |
|---|---|---|
| Plat emblématique | Poisson frit à la séfarade | Carpe farcie (gefilte fish) |
| Pain traditionnel | Pita ou hallah épicée | Challah douce tressée |
| Épices/marques de goût | Coriandre, cumin, citron confit | Aneth, oignon, poivre noir |
Exemple inédit : Imaginez un repas de fête : chez les Séfarades du Maroc, le couscous garni d’herbes côtoie des dattes farcies. Chez les Ashkénazes, le bœuf mijote au four et les bagels s’empilent, prêts à être tartinés de hareng.
Identité en mouvement : mariages, musique, mixité
De la séparation à l’entrelacement
Aujourd’hui, de nombreux mariages mélangent les cultures. Un mariage dit « ashkéfarade » peut réunir la houppa séfarade portée par un chant en yiddish. Les musiques se croisent : la klezmer ashkénaze dialoguant avec les romances séfarades.
Pratique originale : À Tel-Aviv, un boulanger ashkénaze intègre du zaatar séfarade à ses bagels, créant un pont entre deux mondes.
5 personnalités publiques françaises ashkénazes
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Serge Gainsbourg (auteur-compositeur-interprète)
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Simone Veil (femme politique, académicienne)
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Léon Blum (homme d’État, ancien Premier ministre)
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Dominique Strauss-Kahn (économiste, homme politique)
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Claude Lanzmann (cinéaste, journaliste)
5 personnalités publiques françaises séfarades
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Patrick Bruel (chanteur, acteur)
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Richard Attias (homme d’affaires, organisateur d’événements)
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Joël Mergui (président du Consistoire central israélite de France)
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Élie Kakou (humoriste, comédien)
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Gad Elmaleh (humoriste, acteur)
FAQ
Qu’est-ce qui distingue vraiment un séfarade d’un ashkénaze ?
L’origine géographique et l’histoire du groupe : les Séfarades viennent de la péninsule ibérique (Espagne/portugal), les Ashkénazes d’Europe centrale et orientale. Cela se traduit par des différences de langue, de cuisine, et de coutumes religieuses.
Peut-on reconnaître un rite à la synagogue ?
Oui : la place de l’arche, le style musical, la prononciation de l’hébreu ou même certains ustensiles sur la table du Shabbat permettent souvent de deviner la tradition d’une communauté.
Existe-t-il encore des tensions entre les deux groupes ?
Si des rivalités ont existé par le passé, aujourd’hui la mixité est la norme, surtout en Israël, en France, en Amérique du Nord. Les différences deviennent source de richesse, pas de séparation.
Certains plats typiques sont-ils devenus universels ?
Oui, certains plats comme le houmous, d’origine orientale, ou la challah tressée sont aujourd’hui appréciés par les deux communautés, preuve que les traditions évoluent en s’inspirant mutuellement.
En synthèse : deux expressions, un même judaïsme
Être Séfarade ou Ashkénaze, c’est porter une histoire, des souvenirs familiaux, parfois une saveur ou une manière de prier. Mais l’essentiel demeure commun : la fidélité à la tradition et la capacité à s’adapter, se mêler, innover.










Clair et concis,
Pas de bla-bla