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Mosquée de Tsingoni : plus vieille mosquée de France en activité

Publié le 09/09/2022
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La mosquée de Tsingoni est située dans la commune de Tsingoni, au centre de Mayotte, département de France d’outre-mer. C’est une mosquée du XVIe siècle, dont les murs les plus anciens, très épais pour soutenir une terrasse qui servait à récolter les eaux de pluie, sont bâtis en sable et en corail. Son architecture est typique des mosquées swahili, ce dont témoigne sa salle rectangulaire flanquée de d’ailes latérales, et le fait que des tombes, en forme de maison, soient construites à côté, et donc présentes à l’intérieur de la ville (contrairement aux usages des villes arabes où elles sont situées en dehors de la ville). La mosquée a fait l’objet d’un programme d’agrandissement dans les années 1980 (qui a comporté la réalisation d’un patio, et des extensions au nord et à l’ouest du bâtiment), qui lui donne une allure moderne. Une campagne de restauration est effectuée à partir de 2019. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 2017. Son minaret date de 1991 et le bulbe cuivré qui le surmonte, assorti d’un croissant de lune et d’une étoile, date de 2019.

La date de construction du premier bâtiment présent à cet emplacement est indéterminée (XIIIe ou XIVe siècle), mais le Kitab-ı Bahriye de Piri Reis (rédigé entre 1511 et 1521) y indique l’existence d’une mosquée. Des inscriptions présentes sur le mirhab permettent cependant de dater avec certitude la construction de celui-ci. Il a en effet été inaugauré le 14 avril 1538 (an 944 de l’Hégire), lorsqu’elle était la capitale d’un sultanat shirazi, groupe de musulmans d’origine perse présent sur les territoires bordant l’océan Indien. En raison de cette datation, cette mosquée est souvent présentée comme la plus ancienne encore en activité en France, bien que Mayotte ne soit française que depuis 1841. Le mirhab, dont la réalisation est remarquable (baie tréflée, arc en en accolade), témoigne en tout cas du caractère royal de la mosquée de Tsingoni.

Les inscriptions présentes sur le mirhab de la mosquée de Tsignoni ont été relevée partiellement dès l’Essai sur les Comores d’Alfred Gevrey (1870). Masquées par de l’enduit au cours d’une « restauration », elles ont été révelée de nouveau après décapage par l’archéologue Martial Pauly. Écrites en arabe sur deux plaques de corail de 15 cm sur 30, elles célèbrent la réalisation du mirhab par le troisième sultan de Mayotte, ‘Issa ben Mohamed ou Ali ben Mohamed.

Traduite par des correspondants de Martial Pauly en arabe moderne, la première inscription dit :

بنى هذا المحراب السلطان عيسى ابن السلطاب محمد يوم [lacune] الر ابع عشر في شهر ذي القعدة

Ce qui signifie : « ce mihrab a été construit par le Sultan ‘Issa fils du sultan Mohamed, le jour de [lacune] du quatorzième jour de dhi lqi’da »

La seconde inscription dit :

سنة الجمعة بعد(?)أربعة و أربعين و تسعة مئة للهجرة [courte ligne lacunaire] النبو يّة على صاحبها أفضل الصلاة و السلام

Ce qui signifie : « de l’année du Vendredi [après ?] [mot illisible ; peut être shura  quatre / quarante et neuf cent [944] de l’Hégire / [courte ligne lacunaire] sur celui qui l’a accompli les meilleures prières / et le salut. »

Une carte de 1600 indique que la ville de Legatongill (« Tsingoni ») abrite le roi et compte une mosquée qui est réputée pour voir contenir 1000 hommes.

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