« Faire chabrot » ou « faire chabrol » signifie : verser du vin rouge dans un reste de soupe ou de bouillon avant de l’avaler.

Faire chabrot : origine de l’expression

Faire chabrot (ou chabrol) est emprunt à l’occitan du sud-ouest de la France (peut-être du Périgord, fa chabroù). Chabrot/Chabrol (etc.), de chabroù est dérivé du latin capra, chèvre. Boire à l’assiette, c’est donc faire comme la chèvre. Cette pratique faisait notamment partie des habitudes gastronomiques périgourdine, à côté de la consommation des miques, les châtaignes, l’enchaud, etc. (voir Coulon Christian, « Des différentes manières de croquer le Périgord », dans : Julia Csergo éd., Voyages en gastronomies. L’invention des capitales et des régions gourmandes). Elle est associée aux mœurs paysannes. Alphonse Daudet, gardois d’origine, a peut-être contribué à diffuser l’expression en-dehors de sa région d’origine :

Jack ne cherche pas, ne comprend plus ; et je ne sais comment cela se fait, les voilà encore réunis tous les trois dans un cabaret où ils s’attablent devant une énorme soupe à l’oignon, dans laquelle on renverse plusieurs litres. Ce breuvage singulier s’appelle « faire chabrol ».

Jack, Mœurs contemporaines, 1876

On le trouve aussi dans le roman auvergnat Gaspard des Montagnes (1922 – 1931) d’Henri Pourrat :

Chaque matin, il faisait chabrol, vidait une chopine de rouge sur le bouillon, dans son écuelle. Rien de tel pour reprendre vigueur. Il put pousser jusqu’aux Escures.

Le terme est parfois substantivé : le chabrot/chabrol.

Exemples

Après avoir bu, le porte-balle nous offrit de la soupe encore, et, personne n’en voulant plus, il s’en servit une autre pleine assiette, après quoi il fit un second copieux « chabrol », comme nous appelons le coup du médecin, bu dans l’assiette avec un reste de bouillon.

Eugène Le Roy, Jacquoi le Croquant, 1899

L’heure du dîner approche. Charles extirpe de sa poche un rectangle de bois. Il y lit le menu du soir : soupe de vermicelles, légumes, fromage. « Je note chaque repas sur ce morceau de bois, et je passe auprès des résidents pour le leur annoncer. C’est une habitude que j’ai prise, comme une autre » dit-il. Christiane surenchérit : « A l’heure de la soupe, on peut rajouter de la crème fraîche, mais ces messieurs préfèrent faire chabrot ».

France3-regionsn.francetvinfo.fr