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« Messie » : définition et étymologie (origine du mot)

Publié le 08/03/2019 (m.à.j* le 16/10/2024)
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Étymologie

Messie vient de l’hébreu biblique mashiah, « l’oint, le consacré », dérivé du verbe mashakh, « passer la main sur quelque chose, oindre ». « Oindre » signifie « enduire d’une substance grasse ». La Septante, la traduction en koïnè de la Bible (l’état de la langue grecque à la période hellénistique et sous l’Empire romain), traduit « messie » par christos (Χριστο ́ς). C’est pourquoi les chrétiens appellent Jésus « le Christ ».

 

Qu’est-ce qu’un messie ? Origine de la notion

Dans l’Ancien Testament, « messie » désigne un personnage élu par Dieu et investi d’une mission divine. Le messie n’est pas celui qui apporte le salut, mais un personnage choisi par la divinité, comme le grand prêtre ou le roi d’Israël. L’huile d’olive, utilisée dans le Proche-Orient ancien pour ses vertus médicinales, servait aussi lors des rituels de consécration des prêtres et des rois. Mais la notion de messie se transforme au cours de l’évolution de l’histoire d’Israël. Ainsi, le prophète Jérémie donne au « messie » une dimension eschatologique : un roi idéal, droit et juste, viendra sauver Israël. Jr 23, 5-6 :

Voici venir des jours – oracle de Yahvé –
où je susciterai à David un germe juste ; 
un roi régnera et sera intelligent,
exerçant dans le pays droit et justice.
En ses jours, Juda sera sauvé
et Israël habitera en sécurité. 
Voici le nom dont on l’appellera :
« Yahvé-notre-Justice. »

Le temple de Jérusalem est détruit par les Babyloniens en 587 av. J.-C. Le royaume de Juda n’existe plus et les Juifs sont exilés à Babylone. Il n’y a donc plus de temple ni de roi sur qui peut s’appliquer la qualité de messie. Cependant, le roi de Perse Cyrus II (559 – 530 av. J.-C.) conquiert Babylone en 539 av. J.-C. et met fin à l’exil des Juifs. Libérateur, il est l’oint de Yahvé : il a libéré les Juifs car il était l’instrument de Dieu. Is 45, 1 :

Ainsi parle Yahvé à soin oint,
à Cyrus dont j’ai saisi la main droite,
pour faire plier devant lui les nations
et désarmer les rois,
pour ouvrir devant lui les vantaux,
pour que les portes ne soient plus fermées. 

Peu à peu, le venue du messie, roi idéal, est associée à l’émergence d’un règne universel de la paix. Za 9, 9-10 :

Le Messie

Exulte avec force, fille de Sion !
Crie de joie, fille de Jérusalem !
Voici que ton roi vient à toi :
il est juste et victorieux,
humble, monté sur un âne
sur un ânon, le petit d’une ânesse. 
Il retranchera d’Éphraïm la charrerie [le troupes montées sur char]
et de Jérusalem les chevaux ;
l’arc de guerre sera retranché. 
Il annoncera la paix aux nations. 
Son empire ira de la mer à la mer
et du Fleuve aux extrémités de la terre. 

La théorie de la venue de deux messies est développée plus tard par les Esseniens : ils attendent un messie royal et un messie sacerdotal, né de Lévi.

Les auteurs du nouveau testament reprennent le concept de Messie et l’appliquent à Jésus, berger, fils de David, donc nouveau roi. Jn 1, 40-41

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et suivi Jésus. Il trouve d’abord son propre frère, Simon, et lui dit : « Nous l’avons trouvé, le Messie » – ce qui veut dire Christ

Selon Paul Mattei (Le Christianisme antique de Jésus à Constantin), Jésus ne prétendait pas lui-même être le Messie. Mc 8, 30 :

Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe, et en chemin il posait à ses disciples cette question : « Qui suis-je, au dire des gens ? » Ils lui dirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres, un des prophètes » – « Mais pour vous, leur demandait-il, qui suis-je ? » Pierre lui répond: « Tu es le Christ. »Alors il leur enjoignit de ne parler de lui à personne.

À lire ici :  la différence entre chapelle, église, cathédrale et basilique.

 

À lire : Thomas Römer, Les 100 mots de la Bible