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100 grandes idées philosophiques

Publié le 25/02/2018
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[no_toc]Avertissement de l’auteur : cette compilation est bien évidemment subjective (comment ne pourrait-elle pas l’être ?). Cette liste doit être considérée comme un guide permettant de s’orienter dans l’histoire de la philosophie, et plus largement dans celle de la pensée, tout comme l’est la liste des 150 classiques de la littérature française pour la littérature.

Dans le détail, les principaux critères qui ont guidé la sélection sont leur poids dans le panthéon occidental des idées et dans l’univers académique français ; la possibilité, plus ou moins grande, de les résumer simplement (d’où un biais favorable à la philosophie politique, notamment) ; et enfin, bien sûr, de manière au moins inconsciente, les préférences personnelles de l’auteur.

Chaque idée de cette liste est liée à un auteur. Bien sûr, celui-ci ne doit pas toujours être considéré comme le seul à avoir présenté et travaillé l’idée, mais comme un penseur important associé à l’idée. L’ordre de la compilation est déterminé par la date de naissance de l’auteur (du plus ancien au plus récent).

Cette compilation d’idées philosophiques est tirée du site 1000 idées de culture générale, fondé par Romain Treffel, coauteur du manuel éponyme.

 

La philosophie antique en 21 idées


1. La réalité mathématique (Porphyre | Vie de Pythagore)

Dans la perspective de Pythagore, la force motrice du monde est le mouvement, qui est une mécanique réductible aux mathématiques, de telle sorte que tout, dans la réalité, peut se compter ou se calculer.

 

2. L’unité de l’être (Parménide | De la nature)

L’Être est indivisible et de toute éternité identique, il n’est sujet à aucune évolution.

 

3. L’ignorance radicale (Platon | L’Apologie de Socrate)

Socrate situe le point de départ de toute recherche philosophique authentique en la reconnaissance, par le sujet, de sa propre ignorance (« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »).

 

4. L’introspection (Platon | Le Banquet )

Socrate affirme que philosopher consiste à apprendre à mettre en question les certitudes et les valeurs qui dirigent notre propre vie (cf. la fameuse maxime socratique « Connais-toi toi-même. », gravée sur le fronton du temple de Delphes).

 

5. Le matérialisme (Démocrite | Fragments)

La réalité est exclusivement composée d’une infinité de petits corpuscules, les atomes, qui sont invisibles, indivisibles, pleins, éternels, et de formes infiniment diverses.

 

6. L’hédonisme (Diogène Laërce | Vie d’Aristippe)

Aristippe conçoit le bonheur comme la jouissance des plaisirs – même honteux – dans l’instant présent, car le plaisir et la douleur sont les seuls critères possibles du souverain bien.

 

7. Le monde des Idées  (Platon | La République)

Le monde sensible maintient l’homme dans l’illusion, tandis que la vérité réside dans le monde séparé des Idées, accessible grâce à l’exercice de la philosophie.

 

8. La société idéale (Platon | La République)

Un État bien constitué comporte trois catégories de citoyens : les gardiens, qui gouvernent la République ; les auxiliaires, des guerriers qui protègent la communauté ; et les producteurs. Cette tripartition correspond aux trois vertus que sont la prudence, du courage, et de la tempérance, garantes de la justice et de l’harmonie dans la Cité.

 

9. L’amour (Platon | Le Banquet)

Selon Aristophane, le sentiment amoureux se manifeste lorsque sont réunies deux personnes qui constituaient jadis un seul homme-boule, avant que Zeus ne le coupe en deux pour punir cette humanité antérieure d’avoir osé défier les dieux (cf. le mythe des « hommes-boules »).

Selon Socrate, l’amour mène du désir des choses sensibles (les corps, surtout des jeunes garçons) au désir des choses intelligibles. Ce cheminement mène à la sagesse (la vie de philosophie) et au bonheur. 

 

10. Le cynisme (Diogène Laërce | Vie de Diogène le Cynique)

Diogène le Cynique prône le mépris des biens matériels, des statuts sociaux, et de la morale comme la formule de l’indépendance suprême.

 

11. L’animal politique (Aristote | Politiques)

La nature ne faisant rien en vain, la capacité humaine au discours rationnel (le logos) constitue la preuve que « l’homme est un animal politique », en vertu de quoi des valeurs communes émergent dans la Cité par le débat.

 

12. La justification de l’esclavage (Aristote | Politiques)

L’esclavage exprime une inégalité naturelle, car certains hommes naissent capables de se gouverner, de prendre des initiatives, et donc d’exercer une citoyenneté en tant qu’hommes libres et maîtres. D’autres, en revanche, naissent incapables de se conduire seuls – il serait dès lors dangereux de les laisser livrés à eux-mêmes.

 

13. Le scepticisme (Diogène Laërce | Vie de Pyrrhon)

Selon Pyrrhon, la vérité existe peut-être, mais il est impossible de la connaître, parce que la raison humaine est incapable de comprendre la substance ou l’essence de la réalité.

 

14. Le sens du plaisir (Épicure | Lettre à Ménécée)

L’excès de plaisir, dans la surenchère ou le raffinement, menace de se transformer en souffrance ; c’est pourquoi la sagesse consiste à doser le plaisir au nom même du plaisir.

 

15. L’humanisme (Cicéron | Les Devoirs)

L’individu accède véritablement à la dignité humaine en recevant une formation universelle, fondée sur la culture de l’esprit par les humanités et la philosophie, qui accouchera d’une perfection morale.

 

16. L’ataraxie (Lucrèce | De la nature)

Le philosophe peut atteindre l’ataraxie (l’absence de trouble) en délivrant son âme de toute passion, de tout attachement superflu, ainsi que du poids des superstitions.

 

17. Le bonheur illusoire (Sénèque | De la vie heureuse)

Les hommes mènent leur vie en fonction d’une idée fallacieuse du bonheur valorisant les biens de belle apparence, qui suscitent l’envie et l’admiration d’autrui, mais dont la possession est en réalité dénuée de sens.

 

18. L’amour inconditionnel (La Bible | Évangile selon saint Matthieu)

Jésus-Christ affirme que les actions humaines doivent être entièrement tournées vers l’amour du prochain, et rejeter toute violence, y compris en matière de représailles, où il faut au contraire « tendre l’autre joue ».

 

19. Le détachement (Épictète | Manuel)

Attentif à l’ordre de la nature, le philosophe (stoïcien) se focalise uniquement sur les choses qui dépendent de lui et ne s’encombre pas l’esprit avec celles sur lesquelles il n’a pas prise.

 

20. La suspension du jugement (Sextus Empiricus | Esquisses pyrrhoniennes)

La sagesse requiert de suspendre son jugement (épochè) et d’accepter les phénomènes dans leur présentation afin d’atteindre la tranquillité de l’âme (ataraxia), une fois débarrassée des illusions de l’interprétation.

 

21. La prédestination (Saint Augustin | La Prédestination des saints)

Les hommes qui iront au paradis et pourront y jouir de tous ses bienfaits ont déjà été choisis par Dieu, dans le secret et pour l’éternité. Par conséquent, le libre arbitre n’est qu’une illusion ; il ne rend pas l’homme capable de mériter son sort.

 

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22. L’existence de Dieu (Saint Thomas d’Aquin | Somme théologique)

L’observation empirique de la création permet de mettre en évidence cinq preuves de l’existence de Dieu : le mouvement, la nécessité d’une cause première, la contingence du monde, la perfection, et la finalité.

 

23. La virtu  (Machiavel | Le Prince)

La virtu du gouvernant consiste à ne se soucier de la morale qu’en apparence, et à dompter la fortune (l’aléa des événements combiné à l’esprit du temps) en s’y adaptant de manière pragmatique – tantôt par la force, comme un lion, tantôt par la ruse, comme un renard.

 

24. La souveraineté étatique (Bodin | Les Six Livres de la République)

La souveraineté de l’État moderne est sa raison d’être : elle signifie qu’il ne peut être subordonné à nulle institution ni individu, car il détermine lui-même, et lui seul, les limites de son pouvoir.

 

25. La servitude volontaire (Étienne de la Boétie | Discours de la servitude volontaire)

Ce n’est pas le pouvoir qui crée l’obéissance, mais l’obéissance qui génère le pouvoir, car la domination de la majorité par une minorité ne dépend, en dernière instance, que de l’assentiment et de la servilité de la multitude.

 

26. La barbarie (Montaigne | Les Essais)

Connotant la sauvagerie et la cruauté, la barbarie n’est en réalité que la caricature de l’altérité, car les jugements et les valeurs expriment forcément les préjugés d’un milieu social et d’une culture (« […] chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. »).

 

Cette compilation d’idées philosophiques est tirée du manuel 1000 idées de culture générale.

 

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27. Les « idoles » (Bacon | Novum Organum)

Le progrès de la connaissance demande de s’affranchir des « idoles » qui entravent la science dans sa démarche : les préjugés collectifs, les préjugés individuels, ceux inhérents au langage, et enfin les pensées philosophiques ou scientifiques traditionnellement acceptées.

 

28. L’hostilité originelle  (Hobbes | Le Léviathan)

« L’homme est un loup pour l’homme » parce que la nature humaine est fondamentalement mauvaise, portée à la domination et à la méfiance, ce qui explique que l’état de nature soit une « guerre de tous contre tous ».

 

29. La nécessité de l’État (Hobbes | Le Léviathan)

Les hommes remédient à l’insécurité de l’état de nature en renonçant à leur liberté naturelle par un contrat qui confie le monopole de la contrainte physique, et donc la charge de la sécurité publique, à l’État.

 

30. Le doute (Descartes | Discours de la méthode)

Principe fondamental de la quête de la vérité, le doute est d’abord un réflexe quotidien (le doute empirique) ; il permet ensuite, sur le plan de la connaissance, de fonder la certitude (le doute méthodique) ; il risque enfin de croître en un doute volontairement porté à l’excès (le doute hyperbolique), jusqu’à paradoxalement remettre en cause les principes mêmes qui sous-tendent les connaissances.

Le doute mène à un savoir indubitable, fondement de la pensée : le cogito, « je pense, donc je suis ».

 

31. La méthode scientifique (Descartes | Discours de la méthode)

Le progrès de la connaissance repose sur une méthode de raisonnement composée de quatre règles à appliquer successivement : celle de l’évidence (éviter le préjugé) ; celle de l’analyse (simplifier les données du problème) ; celle de l’ordre (classer les éléments) ; et enfin celle du dénombrement (passer en revue tous les éléments).

 

32. Le divertissement (Pascal | Pensées)

Les hommes se divertissent par la conversation, le jeu, la lecture, et maints autres moyens afin d’éviter d’interroger le sens de l’existence, ce qui est source d’un insupportable ennui.

 

33. L’esprit géométrique et l’esprit de finesse (Pascal | De l’Esprit géométrique)

Appartenant à l’art de la démonstration, l’esprit géométrique consiste à raisonner par principes et enchaînements logiques. Propre notamment à l’homme du monde, l’esprit de finesse consiste en revanche à bien voir spontanément les éléments d’un problème, sans progrès de raisonnement.

 

34. La propriété  (Locke | Traité du gouvernement civil)

La loi divine de conservation de l’homme légitime la propriété en tant que droit d’usage, c’est-à-dire à condition qu’elle soit travaillée et qu’elle réponde à un besoin.

 

35. Le désir (Spinoza | L’Éthique)

En tout être vivant, il existe une force qui le fait persévérer dans son être et le meut dans le sens de son propre accroissement : le conatus (« effort », en latin).

 

36. La théodicée (Leibniz | Essais de Théodicée)

Le mal se justifie en tant que moyen intermédiaire d’un bien ultérieur supérieur, ou alors en tant qu’effet éventuel de la liberté humaine ; c’est pourquoi Dieu doit en être acquitté.

 

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37. L’idéalisme absolu (Berkeley | Principes de la connaissance humaine)

Les perceptions issues des sens – ce que l’homme goûte, ce qu’il sent, touche, etc. – sont des représentations sans correspondance matérielle (« esse est percipi » : « être c’est être perçu »), créées par l’action directe de Dieu, qui est donc indirectement la cause de toutes les idées de l’homme.

 

38. La séparation des pouvoirs (Montesquieu | De l’esprit des lois)

Comme une autorité a tendance à abuser de ses prérogatives, il est essentiel « que le pouvoir arrête le pouvoir » : cet équilibre s’obtient par la séparation des pouvoirs législatif, exécutif, et judiciaire.

 

39. La tolérance (Voltaire | Traité sur la tolérance)

Inspirée par l’intolérance de la religion chrétienne, la tolérance consiste à garantir la liberté de conscience afin de retrouver la morale authentique et, en même temps, de favoriser la prospérité.

 

40. L’empirisme (Hume | Enquête sur l’entendement humain)

L’expérience sensible est la source exclusive de la connaissance humaine, car la vie de l’esprit consiste entièrement en perceptions – soit vives (les impressions), soit atténuées (les idées) – dont l’association spontanée est à l’origine de toutes les opérations mentales.

 

41. Le progrès corrupteur (Rousseau | Discours sur les sciences et les arts)

Le progrès des sciences et des arts entraîne le recul de la moralité, mais il n’est pas possible, ni même souhaitable de revenir en arrière.

 

42. L’origine de l’inégalité (Rousseau | Discours sur l’origine de l’inégalité )

Absente à l’état de nature, mais contenue en puissance dans la nature humaine, l’inégalité est née à la fois de contingences historiques (qui ont concentré les hommes au même endroit) et du droit de propriété, qui a entraîné la concentration des richesses.

 

43. L’autorité de la raison (Diderot |« Autorité politique », L’Encyclopédie)

Si l’autorité politique ne procède pas de la nature, mais de l’individu, alors la raison peut remettre en cause le pouvoir qui prétend tirer sa légitimité d’un ordre naturel ou divin.

 

44. L’ordre naturel (Adam Smith | La Richesse des nations)

Les intérêts personnels égoïstes qui se rencontrent dans la société sont spontanément harmonisés par une « main invisible » dans le sens de la prospérité et de l’intérêt général.

 

45. Les limites de la raison (Kant | Critique de la raison pure)

La priorité de la philosophie est de soumettre la raison à ses propres exigences, ce qui implique de faire de l’homme le centre de la théorie de la connaissance (cf. la « révolution copernicienne » de la philosophie).

 

46. L’impératif catégorique (Kant | Critique de la raison pratique)

Pour être conforme à la morale, un acte doit pouvoir avoir valeur de loi universelle (cf. l’énoncé de l’impératif catégorique : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle. »).

 

47. Les Lumières (Kant | Qu’est-ce que les Lumières ? )

La finalité de la philosophie des Lumières est l’autonomie du jugement : son projet se résume donc à l’injonction faite à l’homme de penser par lui-même (cf. la devise « Sapere aude » : « Ose savoir »).

 

48. La proportionnalité de la peine (Beccaria | Des délits et des peines)

Comme il ne peut y avoir de punition sans loi, l’individu ne doit pas être soumis à des décisions arbitraires, mais à des jugements rendus en fonction de la gravité des dommages causés.

 

49. L’isolisme (Sade | Les infortunes de la vertu)

L’individu est seul face à son désir, de telle sorte qu’autrui se réduit pour lui à un instrument, aussi bien dans le désir sexuel que, plus largement, dans la relation sociale.

 

50. Le progrès (Condorcet | Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain)

Grâce à l’éducation et aux découvertes scientifiques, l’humanité se dirige irrésistiblement vers un destin radieux éclairé par la raison.

 

51. L’utilitarisme (Bentham | Introduction aux principes de morale et de législation)

Comme une action doit être évaluée à l’aune de ses effets, le bonheur réside dans la quête du plaisir et l’évitement de la souffrance. Il est donc possible de conduire la société vers un destin rationnellement supérieur en mesurant rigoureusement les plaisirs et les peines.

 

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52. La nation objective (Fichte | Discours à la nation allemande)

L’appartenance à la nation repose sur des critères objectifs qui forment l’esprit du peuple (le « Volkgeist ») : des traits biologiques transmis de génération en génération, la langue, et la culture au sens large.

 

53. La liberté moderne (Constant | De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes)

Si la liberté politique – c’est-à-dire la participation active et accaparante aux affaires publiques – était la marque de l’Antiquité gréco-romaine, la liberté individuelle – c’est-à-dire l’indépendance dans la sphère privée – est le propre de l’époque moderne.

 

54. La dialectique (Hegel | Sciences de la logique)

La pensée humaine progresse fondamentalement de manière « dialectique », c’est-à-dire par contradictions surmontées, en allant de la thèse à l’antithèse, puis à la synthèse.

 

55. La dialectique du maître et de l’esclave (Hegel | Phénoménologie de l’Esprit)

L’affrontement de deux êtres pour la reconnaissance fait naître une relation de servitude entre un maître, le vainqueur et le reconnu, d’une part ; et un esclave, le vaincu et le reconnaissant, d’autre part, ce dernier étant toutefois destiné à inverser le rapport de forces par son travail.

 

56. La providence historique (Hegel | La Raison dans l’histoire)

L’Histoire universelle est un processus où les événements s’enchaînent rationnellement les uns à partir des autres, y compris dans le détail et à travers l’irrationnel, par l’intermédiaire des passions humaines.

 

57. La guerre et la politique (Clausewitz | De la guerre)

La guerre n’est pas réductible à un simple acte de violence, car elle est toujours le moyen d’un but politique (« La guerre est la simple continuation de la politique par d’autres moyens. »).

 

58. La Volonté (Schopenhauer | Le monde comme volonté et comme représentation)

Le monde est mû par la Volonté, une force primaire vitale et sans but à la source de tout phénomène, qui se manifeste dans le monde matériel, à travers les êtres vivants et les objets, comme dans le monde spirituel.

 

59. L’illusion de l’amour (Schopenhauer | L’illusion de l’amour)

Le sentiment amoureux individuel est une ruse de l’espèce qui assure la perpétuation de la vie ainsi que sa progression vers une relative homogénéité des individus (ce qui expliquerait l’attirance des grands par les petits, des blonds par les bruns, etc.).

 

60. La loi des trois états (Comte | Cours de philosophie positive)

Le progrès de la connaissance est passé par trois états : théologique (recherche de l’essence de l’univers), métaphysique (développement de l’abstraction) ; puis, enfin, le stade ultime, dit « positif » ou scientifique (recherche des lois de la nature).

 

61. L’anthropomorphisme religieux (Feuerbach | L’Essence du christianisme)

L’essence de la religion chrétienne réside dans l’« aliénation », définie comme le transfert à une entité transcendante imaginée (Dieu) de qualités qui n’appartiennent en réalité qu’au genre humain, et que la philosophie a pour objectif de lui rendre pour le libérer.

 

62. Le despotisme démocratique (Tocqueville | De la démocratie en Amérique)

La démocratie favorise excessivement l’opinion commune (ou publique), car l’égalisation des conditions la laisse prévaloir sans obstacle – jusqu’à une certaine « tyrannie de la majorité »..

 

63. La liberté d’expression (Mill | De la liberté)

La liberté d’expression est, pour la société, la condition nécessaire de la recherche de la vérité : elle l’empêche de l’étouffer, puis de la perdre ; elle permet de la découvrir, de mieux la comprendre ; et enfin de la vivre.

 

64. L’angoisse existentielle (Kierkegaard | Du concept d’angoisse)

La dimension vertigineuse de la liberté individuelle nourrit une angoisse existentielle inhérente à la vie humaine et renforcée par la tradition chrétienne.

 

65. L’injustice du capitalisme (Marx | Le Capital)

Le profit capitaliste est fondamentalement injuste dans la mesure où il provient du surtravail, c’est-à-dire de la part du travail salarié non rémunérée, un surcroît de valeur créé par l’exploitation des synergies du travail collectif et qui n’est jamais partagé avec les prolétaires.

 

66. La lutte des classes (Marx | Le Manifeste du parti communiste)

L’Histoire évolue en fonction des modes de production, c’est pourquoi elle a toujours été mue par le conflit entre la classe détentrice des forces productives et les autres classes (« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes. »).

 

67. L’opium du peuple (Marx | Critique de la philosophie du droit de Hegel)

Tenue par des alliés objectifs de la classe dominante, la religion est une institution propre à chaque société dont la fonction est de préserver l’inégalité sociale en propageant dans le peuple une morale de soumission nourrie par l’espérance d’une vie meilleure après la mort (« La religion est l’opium du peuple. »).

 

68. La nation subjective (Renan | Qu’est-ce qu’une nation ? )

La nation est un principe spirituel composé d’un riche legs de souvenirs d’une part, et du désir actuel de vivre ensemble afin de faire valoir l’héritage reçu indivis, d’autre part, de telle sorte que la volonté des individus en est, en dernière instance, le seul critère possible d’appartenance (« L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. »).

 

69. La mort de Dieu (Nietzsche)

La mise en évidence de la responsabilité de la religion chrétienne dans la négation de la vie et la culpabilisation malsaine de l’individu entraîne le recul progressif de Dieu dans l’existence individuelle et collective.

 

70. Le surhomme ou surhumain (Nietzsche)

Le destin de l’homme est de devenir un individu libre et créateur, régénéré moralement, réaliste et pragmatique, assumant noblement et courageusement la vérité crue pour s’accomplir dans le monde réel.

 

La philosophie du XXe siècle en 30 idées


71. L’inconscient (Freud | Introduction à la psychanalyse)

L’esprit humain recèle en un lieu caché une force obscure, l’« inconscient », dénommée ainsi parce qu’elle rassemble tout ce qui échappe entièrement à la conscience, en dépit de tous les efforts de la réflexion pour l’atteindre.

 

72. Le système linguistique (De Saussure | Cours de linguistique générale)

Distincte de la parole, la langue consiste en un système de « signes », à l’intérieur duquel chaque signe correspond à un rapport arbitraire entre un signifiant (une image acoustique) et un signifié (un concept, une image mentale).

 

73. La conscience (Husserl | Idées directrices pour une phénoménologie)

La conscience s’apparente à un flux situé dans la perception par lequel le sujet se rapporte de manière intentionnelle au monde (« La conscience est conscience de quelque chose. »).

 

74. Le temps et la durée (Bergson | Essai sur les données immédiates de la conscience)

Le temps est une donnée objective liée à l’espace, précisément mesurable (avec un chronomètre, une montre, un calendrier, etc.), tandis que la durée, perçue par la conscience de l’individu, est subjective, relative, et même intime.

 

75. Le pacifisme (Romain Rolland | Au-dessus de la mêlée)

Systématiquement motivées par le désir de domination des nations, toutes les guerres sont absurdes – et la guerre totale (Première Guerre mondiale) l’est encore plus – en même temps qu’elles constituent le comble de la barbarie, parce qu’elles sacrifient la jeunesse.

 

76. La science et la religion (Russell | Science et religion)

L’esprit scientifique est par nature opposé à la pensée religieuse, c’est pourquoi les religions ont mené une guerre impitoyable (dénonciations, tortures, persécutions, exécutions, etc.) contre le développement des diverses sciences.

 

77. L’inconscient collectif (Jung | Aïon, études sur la phénoménologie du soi)

Tous les hommes, sans exception, partagent un fondement psychique universel et innée dont les contenus sont situés dans une couche de l’inconscient de chacun, mais plus profonde que celle de l’inconscient individuel.

 

78. Le droit positif | Théorie pure du droit | Hans Kelsen 

Puisqu’il  n’existe pas de fondements universels du droit naturel, la légitimité d’un système juridique repose sur la hiérarchisation de ses normes, avec au sommet de la pyramide une norme hypothétique fondamentale, telle une constitution.

 

79. La rupture épistémologique (Bachelard | Le Nouvel Esprit scientifique)

Loin de progresser de manière linéaire, le savoir avance grâce à des « ruptures épistémologiques », qui consistent en l’apparition de nouveaux cadres de pensée permettant de mieux appréhender les problèmes scientifiques de l’heure.

 

80. L’ami et l’ennemi (Carl Schmitt | La notion de politique)

La politique consistant dans l’association et la séparation des hommes (à divers degrés), le moteur fondamental qui anime cette activité est donc la discrimination de l’ami et de l’ennemi.

 

81. Les limites de la pensée (Wittgenstein | Tractatus logico-philosophicus )

La philosophie n’est pas une discipline théorique aboutissant à des thèses, mais une activité de clarification logique des pensées qui n’a aucun véritable pouvoir descriptif à l’égard de la réalité objective.

 

82. Le danger de la technique (Heidegger | La question de la technique)

Le développement de la technique risque de réduire l’homme au statut de matière disponible, et d’évacuer, à cause de l’illusion de sa puissance et de sa totale maîtrise, les questionnements métaphysiques les plus profonds.

 

83. L’hégémonie culturelle (Gramsci | Carnets de prison)

Les révolutions prédites par Marx ne se sont pas réalisées parce que la bourgeoisie bénéficie d’une « hégémonie culturelle », dans le sens où elle impose subtilement, par l’intermédiaire de son groupe d’intellectuels, ses représentations et ses valeurs à la société tout entière.

 

84. La falsification (Popper | La logique de la découverte scientifique)

La connaissance progresse par essais et erreurs : chaque hypothèse est testée jusqu’à être invalidée (ou « falsifiée ») ; puis elle est remaniée pour satisfaire au même test, jusqu’à être invalidée à nouveau, et ainsi de suite – elle se rapproche donc de la vérité au fur et à mesure du processus, et elle est considérée (précairement) comme vraie tant qu’elle n’est pas invalidée.

 

85. La responsabilité écologique (Jonas | Le principe de responsabilité)

Le progrès technique des sociétés modernes doit être soumis à un impératif de responsabilité écologique, afin de garantir les conditions de vie des générations futures (cf. le principe responsabilité : « Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre. »).

 

86. L’existentialisme (Sartre | L’existentialisme est un humanisme)

Puisque l’homme ne peut se raccrocher ni à une nature humaine qui le déterminerait et l’enserrerait ni à Dieu (qui n’existe pas), il est donc libre : il se définit, il s’invente lui-même par l’action ; il constitue un projet pour lui-même.

 

87. La mauvaise foi (Sartre | L’Être et le Néant)

Condamné à être libre, l’homme est envahi par un sentiment d’angoisse qui le conduit à embrasser une « mauvaise foi » existentielle : il se comporte comme s’il n’était pas libre ; il feint la plénitude d’un être plein et fixe, alors qu’il est néant (L’Être et le Néant).

 

88. L’incomplétude (Kurt Gödel | Sur les propositions formellement indécidables des Principia Mathematica et des systèmes apparentés)

Une théorie ne peut pas être à la fois complète – c’est-à-dire tout expliquer – et cohérente – c’est-à-dire être formée d’éléments qui ne se contredisent pas – car il existera toujours des énoncés vrais, mais indémontrables (c’est le théorème dit « d’incomplétude »).

 

89. Le totalitarisme (Arendt | Les origines du totalitarisme)

Le totalitarisme s’est imposé à cause de la désorientation des masses populaires, dont les solidarités traditionnelles avaient été rompues par la logique du système capitaliste.

 

90. La soumission de la femme (De Beauvoir | Le Deuxième Sexe)

La féminité n’est pas un caractère biologique ou psychologique, mais une construction culturelle – c’est l’œuvre des hommes, dont la finalité est l’infériorisation de la femme.

 

91. L’ethnocentrisme (Lévi-Strauss | Race et Histoire)

Attitude spontanée et universelle, l’ethnocentrisme conduit à concevoir les sociétés sans progrès scientifique et économique comme privées d’histoire – alors que leur histoire existe à l’aune d’autres critères – et apparaît ainsi comme un obstacle majeur à l’étude des sociétés (« Le barbare est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. »).

 

92. L’absurdité de l’existence (Camus | Le mythe de Sisyphe )

Tel Sisyphe (le protagoniste du mythe grec condamné à pousser à l’infini une pierre au sommet d’une montagne), l’homme continue de vivre, dans l’absence d’espoir, la réflexion permanente et l’insatisfaction consciente, alors même que l’absurdité de son existence lui apparaît comme une évidence.

 

93. La justice sociale (Rawls | Théorie de la justice)

Une société est juste si elle offre le système le plus étendu de libertés égales pour tous et si les inégalités sont compensées par l’amélioration de la situation des plus pauvres.

 

94. La philosophie antique comme pratique (Hadot | Qu’est-ce que la philosophie antique ? )

Incarnée dans de nombreuses écoles, dont les membres voulaient vivre philosophiquement pour atteindre la vie heureuse, la philosophie antique consistait dans une morale pratique faite d’exercices spirituels, dont la réflexion théorique n’était qu’une conséquence.

 

95. Les révolutions scientifiques (Kuhn | La structure des révolutions scientifiques)

Les progrès de la science ne sont pas le fruit d’une accumulation continue et linéaire de connaissances, mais de « révolutions scientifiques », correspondant chacune à un changement de paradigme (le cadre théorique consensuel de la recherche scientifique professionnelle) permettant de dépasser les obstacles rencontrés dans le précédent.

 

96. Le désir mimétique (Girard | Mensonge romantique et vérité romanesque)

Contrairement au besoin, le désir humain est exclusivement mimétique : le sujet ne désire jamais un objet pour lui-même, mais parce qu’il sait ou imagine qu’un modèle, réel ou fictif, dont il veut s’approprier l’assurance métaphysique, possède ou désire la même chose. Pour en savoir plus sur René Girard, cliquez ici.

 

97. Le pouvoir (Foucault | Surveiller et punir)

La domination du pouvoir a progressé au sein des sociétés occidentales modernes grâce à une organisation minutieuse de la discipline, à la surveillance des individus, au dressage des corps, et au développement du système carcéral.

 

98. La société de consommation (Baudrillard | La société de consommation)

Dans les sociétés capitalistes modernes, l’acte de consommation ne consiste pas dans la jouissance d’un produit ou d’un service ; son véritable sens profond est d’échanger des valeurs symboliques qui contribuent au statut et à l’identité de l’individu consommateur.

 

99. La violence symbolique (Bourdieu | Esquisse d’une théorie de la pratique)

L’efficacité de toute obéissance repose sur la « violence symbolique » : la domination s’accompagne toujours d’un ensemble de signes visant à la travestir en un rapport de forces naturel, c’est-à-dire légitime.

 

100. L’État minimal | Anarchie, État et utopie | Robert Nozick

L’État est légitime à la condition qu’il se contente d’assurer la sécurité collective et de protéger la propriété privée, afin de permettre à l’individu de mener sa vie comme il l’entend en coopérant avec autrui.