« Tout entière » ou « toute entière » ? Orthographe
On écrit : tout entière. Ici, la liaison entre les deux termes peut induire en erreur : l’orthographe et la forme fautive se prononcent de la même manière.
Pourquoi l’orthographe est-il « tout entière » ?
En effet, « tout » est ici employé comme adverbe (il signifie ici « complètement », « entièrement », « tout à fait»). Or, les adverbes ne varient que devant un adjectif au féminin qui commence pas une consonne (toute bête, toute ronde) ou un h aspiré (un « h » qui ne permet pas la liaison, par exemple « toute honteuse », « toute hâlée » ou « toute hérissée »). Ce n’est pas le cas d’« entière » qui débute bien sûr par une voyelle. Il faut donc écrire « tout ».
La règle est la même, par exemple, pour « tout énervée », « tout essoufflée », « tout occupée », etc. Il faut remarquer toutefois que cette règle a été adoptée par l’Académie français au XIXe siècle, et qu’elle a été très souvent transgressée, même au XXe siècle. On trouve ainsi dans la Vie des Martyrs (1914 – 1916) de Georges Duhamel (1884 – 1966):
Mais cette souffrance-là veut être soufferte toute entière ; elle n’étourdit même pas ceux qu’elle accable.
Même la 5e édition du Dictionnaire de l’Académie (1798) écrivait « Attendre une heure toute entière » (article « entier »). Cette mention disparaît dans la 6e édition (1835).
Cette locution sert aussi de titre pour un poème de Baudelaire (1821 – 1867) dans Les Fleurs du mal (1861).
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Exemples
L’âme est laissée tout entière à elle-même, et l’attention est ramenée forcément à cet ouvrage du peuple-roi qu’on a sous les yeux.
Pendant quelques minutes, elle resta là, éperdue, dans cette crise qui la tenait tout entière.
Les photographes de presse saisissent la scène au vol, à un moment où Angela Merkel a stupéfié l’Allemagne et l’Europe tout entière en ouvrant les frontières allemandes pour accueillir les réfugiés bloqués en Europe centrale.