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« Ère du temps » ou « air du temps » ?

Publié le 28/10/2021
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On écrit : air du temps. En effet, « air » est ici employé au sens figuré d’« atmosphère », d’« ambiance », de « tendance ». Il faut imaginer que l’air que l’on respire nous inspire l’esprit et les manières du temps où l’on vit. Dans son sens de manière d’être, manière de s’habiller, il a été remplacé par look « Air du temps » correspond à un terme allemand célèbre, le zeitgeist, l’esprit du temps (et aussi à un parfum de Nina Ricci). « Vivre de l’air du temps » avait un tout autre sens au XIXe siècle et signifiait : « être dans la plus profonde misère, n’avoir rien pour subsister » (Littré).

Ah ! Rome, Rome merveilleuse et délicieuse ! on y vivrait de l’air du temps, aussi pauvre que Job, dans la continuelle joie d’en respirer l’enchantement ! »

Zola, Rome

L‘ère du temps n’est pas l’expression consacrée, et il faut l’éviter. En effet, cette formation serait un peu redondante : « ère » signifie déjà, seul, « une longue période de temps qui s’inscrit dans une chronologie » (l’ère chrétienne, l’ère de l’atome, l’ère de l’individualisme, etc.). Il est synonyme d’époque, de temps, etc. On rencontre quelques fois cette confusion des termes (« Si le recours à des matériaux recyclés est dans l’ère du temps…», Usinenouvelle.com).

À lire ici : « porter à confusion » ou « prêter à confusion » ?

 

Exemples avec « air du temps » 

  • Les propriétaires voulaient refaire la boutique pour que sa décoration soit dans l’air du temps (= soit à la mode).
  • Bien qu’assez vieux, ils faisaient de grands efforts pour vivre dans l’air du temps, pour que l’âge ne fasse pas trop ressentir ses effets sur leur esprit.
  • Fragments de France. Insultes, dégradations, refus de l’autorité municipale… Pour le maire de Clairac comme pour ceux de communes voisines, l’air du temps a changé, sans qu’ils aient les moyens d’y remédier. (Lemonde.fr)
  • Les anciens font volontiers valoir l’arrivée des gens de la ville comme un facteur décisif de l’évolution. Mais bien avant cette arrivée massive, au tournant des années 1950 et des années 1960, la « société de consommation » avait bousculé les traditions. La nostalgie n’était pas alors dans l’air du temps. (Jean-Pierre Le Goff, La Fin du village)