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Peu ou prou : définition & origine (expression)

Publié le 30/05/2021
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Peu ou prou signifie : plus ou moins, dans une certaine mesure, environ. Exemples :

  • Je voulais vraiment travailler dans cette entreprise, mais ils viennent juste de recruter quelqu’un qui a peu ou prou les mêmes compétences que moi.
  • Ces voitures se valent peu ou prou, il n’y en a pas une bien meilleure que l’autre.
  • Monsieur Grandet jouissait à Saumur d’une réputation dont les causes et les effets ne seront pas entièrement compris par les personnes qui n’ont point, peu ou prou, vécu en province. (Balzac, Eugénie Grandet)

 

Peu ou prou : origine de l’expression

« Prou », c’est-à-dire « assez », « beaucoup », n’est employé que dans cette expression. Il est tiré du latin prode, « bénéfique », « utile ». L’expression « peu ou prou » signifie donc « peu ou beaucoup », donc « plus ou moins ». Cette expression est ancienne : on peut la repérer dès la première moitié du XVIe siècle.

Au reste, ces Manoliés sont vindicatifs au possible, & surtout contre les estrangers. Car si on les offense peu ou prou, il est autant possible de les appaiser sans vengeance […]

La cosmographie universelle d’André Thevet, 1575

Le succès de l’expression et son maintien dans l’usage s’expliquent probablement par l’allitération en « pr » et l’assonance en « ou ».Prou est parfois employé seul, mais son utilisation est archaïsante :

— Vous faites comme si vous ne m’entendiez pas, madame Blanchet, ramena le meunier, et, si pourtant, la chose est claire. Il s’agit donc de me jeter cela dehors, et plus tôt que plus tard, car j’en ai prou et déjà trop.

Sand, François Le Champi, cité par le TLFi

Il existait autrefois la variante « ni peu ni prou », mais qui était employée au sens de « pas du tout » :

  • Et vostre façon, de ne faire la Cene qu’en certain temps de l’annee, & le matin, de la bailler aux femmes, plustost qu’aux petits enfans ; ce sont façons, qui ne sot ni peu ni prou ordonnées en l’Escriture. (François de Sales, 1637)
  • De rudiment italien à Riga on n’en connaissait ni peu ni prou et le dernier libraire auquel il recourut lui confia qu’il s’écoulerait bien un grand mois et demi avant qu’on en pût faire venir de Florence ou de Milan. (Le Goffic, L’Âme bretonne)

À lire : Dictionnaire historique de la langue française