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Échec et mat : d’où vient cette expression ?

Publié le 11/04/2021
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La formule « échec et mat », qui permet de conclure une partie de jeu d’échec, lorsque le roi d’un des joueurs est attaqué et qu’il ne peut plus se déplacer sans être attaqué par l’une des pièces adverses. Il est paralysé.

➢ L’origine de l’expression « échec et mat »

« Échec et mat » est probablement d’origine iranienne. Le terme viendrait du farsi ancien (persan) shâh mât (شاه مات), qui signifie que le roi (shâh, شاه) est « paralysé » (mât, مات), « cassé, oppressé », vieille forme d’un terme qui existe toujours en farsi moderne, et qui renvoie à l’idée d’être « stupéfié, scotché, étonné » (matam bord peut vouloir dire « je suis stupéfait, je suis surpris » en regardant quelque chose). Ce terme existe toujours au sens de « cassé » dans d’autres langues iraniennes, en pashtou par exemple. En langue ormuri, mazm- signifie « casser », et en saka, langue du royaume de Khotan, aujourd’hui éteinte, mâsta signifiait « oppression, oppressé ».

C’est pourquoi il est improbable que le « mât » soit une forme conjuguée du verbe arabe « mourir » (moüt, موت). En outre, le roi ne meurt pas aux échecs, et il est avéré que ce jeu existait au moins au VIe siècle ap. J.-C en Perse, avant l’invasion arabe. Il serait venu de l’Inde, conçu partiellement d’après un jeu se jouant à quatre, le chaturanga (du sanskrit catur-aṅga-, « qui a quatre rangs, membres »). Ce terme a donné le nom en ancien farsi du jeu des échecs, shatrang, devenu aujourd’hui, shatranj (شطرنج). Enfin, mat n’est pas associé en farsi à l’idée de mourir. 

➢ Voir ici : cinquième colonne, quelle est l’origine de l’expression ? 

La formule shâh mât a donné l’arabe ash-shâmât (الشّاهُ ماتَ), qui s’est ensuite diffusée en Europe et a donné, en plus d’échec et mat, le checkmate anglais, le Schachmatt allemand, le scacco matto italien ou le jaque mate espagnol. La forme singulière du nom de ce jeu en français, « échec », est peut-être due à un croisement du mot farsi avec l’ancien français eschec, « butin, prise de guerre », et aurait par ailleurs donné le sens moderne d’échec, « insuccès ». Le farsi shatranj (شطرنج), par l’intermédiaire de l’arabe shatranju (شطرنج), a directement donné l’espagnol ajedrez, et le portugais xadrez.

Le farsi d’aujourd’hui ne dit pas shâh mât, mais kish o mât, kish étant une onomatopée servant à éloigner quelqu’un ou un animal (kish kardan)

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