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« Gouverner, c’est prévoir » : signification et origine (citation)

Publié le 09/12/2019 (m.à.j* le 15/03/2024)
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La maxime « gouverner, c’est prévoir » est souvent attribuée à l’homme politique Adolphe Thiers (1797 – 1877) ou à Émile de Girardin (1802 – 1881), patron de presse novateur et homme politique français (par le TLFi par exemple). De Girardin l’emploie en effet dans plusieurs ouvrages, notamment dans Les Cinquante-deux (1849) :

Gouverner, c’est prévoir. Ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte.

On le trouve dans ses journaux, sous la même forme (comme dans La Presse du 28 janvier 1846).

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Adolphe Thiers | Wikimedia Commons

Gouverner, c’est prévoir : un bon mot populaire ?

Cependant, on trouve d’autres occurrences contemporaines de cette maxime.

Dans le mécanisme du régime représentatif, le pouvoir exécutif est institué pour agir, pour se décider, tandis que les chambres jugent et délibèrent. Gouverner, c’est prévoir, c’est choisir, c’est exécuter […] (Revue de Paris, Tome XXIX, 1841)

On la trouve même dans un livre de 1805 de Blaise Étienne Manuel, Histoire particulière de l’abeille commune : considérée dans tous ses rapports avec l’histoire générale de l’Homme :

Si gouverner, c’est prévoir, c’est agir pour l’avenir, qui seul dépend de nous, plutôt que pour le présent, qui, enfant du passé, n’est pas plus en notre pouvoir dès qu’il vient de naître.

On peut supposer que c’était un bon mot populaire au XIXe siècle, employé avec assez de répétition par Girardin pour qu’il passe pour être son géniteur. Cette formule de sagesse politique est aujourd’hui bien installée dans l’usage.

Gouverner, c’est prévoir, choisir et expliquer. Surtout quand les défis sont complexes et de long terme. Au préalable, il faut être élu et, pour cela, se livrer à un tout autre exercice : séduire, promettre, simplifier. Et faire miroiter des lendemains qui chantent. (Lemonde.fr)

On connaît les variantes « gouverner, c’est mécontenter » (Anatole France, voir ici pour plus de détails) et « gouverner, c’est faire croire » (attribuée à Machiavel).