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« Imposteur » : quel est le féminin ? Imposteuse ? Impostrice ?
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Publié le 06/07/2025
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Quel est le féminin de “imposteur” ? Imposteuse ? Impostrice ? Imposteur n’a pas encore de féminin bien imposé. En effet, aucune forme féminine d’imposteur ne s’est développée dans l’usage. Il est par exemple présenté comme un nom masculin dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française. Pourtant, en français, la dérivation en -trice des noms d’agents en -teur est possible s’ils ne sont pas dérivés d’un verbe (Marina Laguello, Les Mots ont un sexe). Ainsi, on dit lecteur/lectrice, cultivateur/cultivatrice, exécuteur/exécutrice, etc.

Ce qu’il faut retenir

  1. Aucune forme féminine établie dans l’usage français actuel

  2. Giraudoux utilise « imposteuse » en 1922 uniquement

  3. Étymologie latine masculine explique partiellement cette absence

  4. Maintenir le masculin reste grammaticalement acceptable aujourd’hui

  5. Synonymes existants : « usurpatrice » ou « escroc »

L’usage contemporain face à cette lacune

Cette absence de forme féminine établie pose des défis concrets aux locuteurs contemporains. Dans les médias, les journalistes optent souvent pour des périphrases ou maintiennent le masculin. Vous retrouvez ainsi des formulations comme “cette femme, qui s’est révélée être un imposteur” ou “l’imposture de cette candidate”.

Les milieux professionnels adoptent différentes stratégies. Les tribunaux utilisent généralement la forme masculine, même pour désigner des femmes. Les journalistes privilégient souvent des synonymes comme “escroc” ou “usurpatrice”.

À lire en cliquant ici : quel est le féminin d’auteur? « Autrice » ? « Auteure » ?

Analyse des formes possibles

Plusieurs formes théoriques existent pour féminiser “imposteur”. Chacune présente des avantages et des inconvénients linguistiques distincts.

Forme féminine Justification Fréquence d’usage
Imposteuse Suffixe -euse traditionnel Très rare
Impostrice Suffixe -trice savant Rarissime
Imposteur (invariable) Usage établi Dominant

Pourquoi n’y a-t-il pas de féminin ?

Cette absence est inexpliquée et le Grevisse ne s’étend pas sur le sujet. Il relève l’utilisation de « imposteuse » par Giraudoux :

— Mais oui, continuait l’imposteuse, vous laissez votre pharmacienne pour suivre une malheureuse vieille fille, et vous ne pourrez même pas lui dire adieu car elle part au train de deux heures trente. (Provinciales, 1922)

Les tentatives de féminisation dans l’histoire

L’étymologie révèle des tentatives sporadiques de féminisation. Au XVIIe siècle, quelques auteurs utilisent “impostrice” dans des textes satiriques. Ces usages restent marginaux et disparaissent rapidement.

Les dictionnaires anciens ne mentionnent aucune forme féminine. Cette lacune perdure jusqu’à nos jours. Même les dictionnaires les plus récents hésitent à proposer une forme standard.

C’est le seul emploi notable d’« imposteuse ». Gallica ne renvoie qu’à 114 résultats pour le mot-clé imposteuse (aucun résultat avant le XIXe siècle) et à 16 pour impostrice.

L’explication étymologique

L’absence de forme féminine à « imposteur » s’explique peut-être par son étymologie : ce terme vient du latin impérial impostor, « imposteur », de genre masculin, dérivé de imponere au sens « en imposer à quelqu’un, donner le change, abuser de quelqu’un ». ll a été introduit en français au XVIe siècle par Rabelais (cf. Dictionnaire historique de la langue française). Mais l’étymologie n’explique pas à elle seule l’absence de féminin. Est-elle due à une question d’euphonie ? « Impostrice » ou « imposteuse » ont peut-être paru peu élégant.

Les facteurs sociologiques

L’absence de féminin pourrait aussi s’expliquer par des facteurs sociologiques. Historiquement, les femmes accusées d’imposture étaient souvent qualifiées différemment. On parlait de “sorcières”, “charlatanes” ou “aventurières” plutôt que d’imposteuses.

Cette terminologie révèle les préjugés de l’époque. Les hommes étaient des “imposteurs” tandis que les femmes étaient perçues sous d’autres angles. Cette distinction sémantique a pu freiner l’émergence d’un féminin.

Recommandations pratiques actuelles

On peut donc utiliser ces néologismes pour combler le besoin, si le besoin se fait sentir, en attendant que l’usage tranche. Il reste possible, sinon, d’utiliser « imposteur » avec un nom féminin, même si cet usage peut paraître peu harmonieux :

Cette femme est un imposteur. (forme correcte)
Léa est un imposteur ! (forme correcte)
Marie est une imposteur. (forme incorrecte)

Stratégies de contournement

Pour éviter l’inconfort de ces tournures, vous pouvez adopter plusieurs stratégies. La première consiste à utiliser des synonymes établis qui possèdent un féminin naturel.

On peut en outre utiliser le synonyme « usurpatrice ».

D’autres alternatives s’offrent à vous : “escroc” (féminin : escroque), “charlatan” (féminin : charlatane) ou “mystificateur” (féminin : mystificatrice). Ces mots présentent des nuances sémantiques légèrement différentes mais restent appropriés selon le contexte.

L’usage en contexte professionnel

Dans le monde juridique, les tribunaux maintiennent généralement la forme masculine. Les avocats utilisent des formulations comme “la prévenue, accusée d’imposture” plutôt que de risquer une forme féminine non reconnue.

Les journalistes adoptent des stratégies variées. Certains optent pour “cette femme imposteur” tandis que d’autres préfèrent “cette imposteuse” en assumant le néologisme. Cette diversité reflète l’absence de consensus.

Questions fréquentes sur ce sujet

Peut-on dire “imposteuse” ? Techniquement oui, mais l’usage reste très marginal. Cette forme suit la règle habituelle des féminins en -euse mais n’est pas entrée dans l’usage courant.

Faut-il accorder l’adjectif ? Si vous utilisez “imposteur” au féminin, l’adjectif s’accorde : “Cette femme est un imposteur redoutable“. L’accord se fait avec le référent, non avec le mot “imposteur”.

Que recommande l’Académie française ? L’Académie ne s’est pas prononcée officiellement sur cette question. Elle maintient “imposteur” comme nom masculin sans proposer de féminin.

Si vous avez des doutes orthographiques sur ce mot ou d’autres, n’hésitez pas à utiliser notre correcteur d’orthographe pour vérifier vos écrits.

Comparaison avec d’autres mots similaires

L’analyse d’autres mots en -teur éclaire cette particularité. Contrairement à “imposteur”, la plupart des noms d’agents possèdent un féminin établi. Cette comparaison révèle l’exception que constitue notre terme.

  1. Mots avec féminin établi : acteur/actrice, directeur/directrice, instituteur/institutrice
  2. Mots sans féminin stable : imposteur, amateur (amatrice/amateure), professeur (professeure/professore)
  3. Mots invariables : docteur (docteure émergent), ingénieur (ingénieure accepté)

Il faut signaler l’existence en physique de « supernovas imposteuses ».

Conclusion pratique

Face à cette lacune linguistique, vous disposez de plusieurs options selon votre contexte d’usage. Dans un cadre formel, privilégiez le masculin “imposteur” même pour désigner une femme. Dans un contexte plus libre, vous pouvez tenter “imposteuse” en assumant le néologisme.

L’évolution de la langue française pourrait trancher cette question dans les décennies à venir. En attendant, la clarté et la compréhension doivent primer sur la perfection grammaticale. Votre choix dépendra de votre auditorat et de vos objectifs de communication.

Testez vos connaissances sur le féminin d’« imposteur »


Quelle est la forme féminine officiellement reconnue d'« imposteur » ?

Imposteuse

Impostrice

Aucune forme reconnue

Aucune forme féminine d'imposteur n'est officiellement reconnue par l'Académie française ni établie dans l'usage courant.

Qui est l'auteur célèbre ayant utilisé le terme « imposteuse » ?

Rabelais

Giraudoux

Molière

Jean Giraudoux a utilisé le terme « imposteuse » dans son œuvre Provinciales en 1922, constituant l'un des rares emplois notables de cette forme.

De quelle langue vient étymologiquement le mot « imposteur » ?

Grec ancien

Latin

Germanique

Le terme « imposteur » provient du latin impérial 'impostor', dérivé du verbe 'imponere' signifiant 'en imposer à quelqu'un'.

Quel synonyme possède un féminin établi pour remplacer « imposteur » ?

Menteuse

Usurpatrice

Tricheuse

« Usurpatrice » est un synonyme d'imposteur qui possède une forme féminine bien établie et reconnue dans l'usage.

Quelle formulation est correcte pour désigner une femme ?

Cette femme est une imposteur

Cette femme est un imposteur

Cette femme est une imposteuse

La formulation 'Cette femme est un imposteur' respecte les règles actuelles, le masculin étant maintenu même pour désigner une femme.