Quel est le féminin de “imposteur” ? Imposteuse ? Impostrice ? Imposteur n’a pas encore de féminin bien imposé. En effet, aucune forme féminine d’imposteur ne s’est développée dans l’usage. Il est par exemple présenté comme un nom masculin dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française. Pourtant, en français, la dérivation en -trice des noms d’agents en -teur est possible s’ils ne sont pas dérivés d’un verbe (Marina Laguello, Les Mots ont un sexe). Ainsi, on dit lecteur/lectrice, cultivateur/cultivatrice, exécuteur/exécutrice, etc.
Ce qu’il faut retenir
-
Aucune forme féminine établie dans l’usage français actuel
-
Giraudoux utilise « imposteuse » en 1922 uniquement
-
Étymologie latine masculine explique partiellement cette absence
-
Maintenir le masculin reste grammaticalement acceptable aujourd’hui
-
Synonymes existants : « usurpatrice » ou « escroc »
L’usage contemporain face à cette lacune
Cette absence de forme féminine établie pose des défis concrets aux locuteurs contemporains. Dans les médias, les journalistes optent souvent pour des périphrases ou maintiennent le masculin. Vous retrouvez ainsi des formulations comme “cette femme, qui s’est révélée être un imposteur” ou “l’imposture de cette candidate”.
Les milieux professionnels adoptent différentes stratégies. Les tribunaux utilisent généralement la forme masculine, même pour désigner des femmes. Les journalistes privilégient souvent des synonymes comme “escroc” ou “usurpatrice”.
À lire en cliquant ici : quel est le féminin d’auteur? « Autrice » ? « Auteure » ?
Analyse des formes possibles
Plusieurs formes théoriques existent pour féminiser “imposteur”. Chacune présente des avantages et des inconvénients linguistiques distincts.
Forme féminine | Justification | Fréquence d’usage |
---|---|---|
Imposteuse | Suffixe -euse traditionnel | Très rare |
Impostrice | Suffixe -trice savant | Rarissime |
Imposteur (invariable) | Usage établi | Dominant |
Pourquoi n’y a-t-il pas de féminin ?
Cette absence est inexpliquée et le Grevisse ne s’étend pas sur le sujet. Il relève l’utilisation de « imposteuse » par Giraudoux :
— Mais oui, continuait l’imposteuse, vous laissez votre pharmacienne pour suivre une malheureuse vieille fille, et vous ne pourrez même pas lui dire adieu car elle part au train de deux heures trente. (Provinciales, 1922)
Les tentatives de féminisation dans l’histoire
L’étymologie révèle des tentatives sporadiques de féminisation. Au XVIIe siècle, quelques auteurs utilisent “impostrice” dans des textes satiriques. Ces usages restent marginaux et disparaissent rapidement.
Les dictionnaires anciens ne mentionnent aucune forme féminine. Cette lacune perdure jusqu’à nos jours. Même les dictionnaires les plus récents hésitent à proposer une forme standard.
C’est le seul emploi notable d’« imposteuse ». Gallica ne renvoie qu’à 114 résultats pour le mot-clé imposteuse (aucun résultat avant le XIXe siècle) et à 16 pour impostrice.
L’explication étymologique
L’absence de forme féminine à « imposteur » s’explique peut-être par son étymologie : ce terme vient du latin impérial impostor, « imposteur », de genre masculin, dérivé de imponere au sens « en imposer à quelqu’un, donner le change, abuser de quelqu’un ». ll a été introduit en français au XVIe siècle par Rabelais (cf. Dictionnaire historique de la langue française). Mais l’étymologie n’explique pas à elle seule l’absence de féminin. Est-elle due à une question d’euphonie ? « Impostrice » ou « imposteuse » ont peut-être paru peu élégant.
Les facteurs sociologiques
L’absence de féminin pourrait aussi s’expliquer par des facteurs sociologiques. Historiquement, les femmes accusées d’imposture étaient souvent qualifiées différemment. On parlait de “sorcières”, “charlatanes” ou “aventurières” plutôt que d’imposteuses.
Cette terminologie révèle les préjugés de l’époque. Les hommes étaient des “imposteurs” tandis que les femmes étaient perçues sous d’autres angles. Cette distinction sémantique a pu freiner l’émergence d’un féminin.
Recommandations pratiques actuelles
On peut donc utiliser ces néologismes pour combler le besoin, si le besoin se fait sentir, en attendant que l’usage tranche. Il reste possible, sinon, d’utiliser « imposteur » avec un nom féminin, même si cet usage peut paraître peu harmonieux :
Stratégies de contournement
Pour éviter l’inconfort de ces tournures, vous pouvez adopter plusieurs stratégies. La première consiste à utiliser des synonymes établis qui possèdent un féminin naturel.
On peut en outre utiliser le synonyme « usurpatrice ».
D’autres alternatives s’offrent à vous : “escroc” (féminin : escroque), “charlatan” (féminin : charlatane) ou “mystificateur” (féminin : mystificatrice). Ces mots présentent des nuances sémantiques légèrement différentes mais restent appropriés selon le contexte.
L’usage en contexte professionnel
Dans le monde juridique, les tribunaux maintiennent généralement la forme masculine. Les avocats utilisent des formulations comme “la prévenue, accusée d’imposture” plutôt que de risquer une forme féminine non reconnue.
Les journalistes adoptent des stratégies variées. Certains optent pour “cette femme imposteur” tandis que d’autres préfèrent “cette imposteuse” en assumant le néologisme. Cette diversité reflète l’absence de consensus.
Questions fréquentes sur ce sujet
Peut-on dire “imposteuse” ? Techniquement oui, mais l’usage reste très marginal. Cette forme suit la règle habituelle des féminins en -euse mais n’est pas entrée dans l’usage courant.
Faut-il accorder l’adjectif ? Si vous utilisez “imposteur” au féminin, l’adjectif s’accorde : “Cette femme est un imposteur redoutable“. L’accord se fait avec le référent, non avec le mot “imposteur”.
Que recommande l’Académie française ? L’Académie ne s’est pas prononcée officiellement sur cette question. Elle maintient “imposteur” comme nom masculin sans proposer de féminin.
Si vous avez des doutes orthographiques sur ce mot ou d’autres, n’hésitez pas à utiliser notre correcteur d’orthographe pour vérifier vos écrits.
Comparaison avec d’autres mots similaires
L’analyse d’autres mots en -teur éclaire cette particularité. Contrairement à “imposteur”, la plupart des noms d’agents possèdent un féminin établi. Cette comparaison révèle l’exception que constitue notre terme.
- Mots avec féminin établi : acteur/actrice, directeur/directrice, instituteur/institutrice
- Mots sans féminin stable : imposteur, amateur (amatrice/amateure), professeur (professeure/professore)
- Mots invariables : docteur (docteure émergent), ingénieur (ingénieure accepté)
Il faut signaler l’existence en physique de « supernovas imposteuses ».
Conclusion pratique
Face à cette lacune linguistique, vous disposez de plusieurs options selon votre contexte d’usage. Dans un cadre formel, privilégiez le masculin “imposteur” même pour désigner une femme. Dans un contexte plus libre, vous pouvez tenter “imposteuse” en assumant le néologisme.
L’évolution de la langue française pourrait trancher cette question dans les décennies à venir. En attendant, la clarté et la compréhension doivent primer sur la perfection grammaticale. Votre choix dépendra de votre auditorat et de vos objectifs de communication.
Je rejoins le moyen âge et vote pour imposteresse, un terme qui en impose et que mon téléphone a du mal à digérer, sans doute programmé par un homme
Il n’y a pas de féminin, parce que seuls peuvent être des imposteurs!
Bonjour,
Pour la féminisation des mots on peut revenir au Moyen Age et pourquoi pas à la pré histoire sachant qu’elle a été écrite par des hommes à travers un prisme d’homme et l’indispensable dose de testostérone. Oui, au Moyen Age certains mots féminins existaient qui ont été oblitérés par le patriarcat dominant qui a un mal(e) fou à les ressusciter! S’ils existent peut-être est-ce, en grande partie, à nous les filles, femmes, mères, soeurs d’arme et autres ‘féministes’ en tout genres, masculin inclus évidemment, de nous ressaisir de leur existence pour les re-rendre visibles, audibles et n’en déplaise aux vieux mâles rugissants, vivants!!!!!
Impostière ? (bon je retire)
Pas mal 😁
Inutile de chercher le féminin du mot imposteur puisqu’une Dame n’abusera bien sûr jamais de la confiance d’autrui … Mais non, j’rigole!
Est-ce que l’auteur de cet article, ainsi que les différents commentateurs, ont-ils jamais consulté le célèbre dictionnaire de référence Le Godefroy (10 volumes), pour le français du Moyen-Age qui contient pléthore de féminins anciens ? Le volume 4, page 566, mentionne “imposteresse” avec pour définition “celle qui commet des impostures” (cf https://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/). Ce qui prône à tout crin la féminisation des termes de profession et autres feraient bien de consulter cet ouvrage plutôt que de chercher à réinventer la roue avec des horreurs comme “imposteure”, qui plus est ne permet aucune différence phonétique… A la rigueur, imposteuse ou impostrice, mais merci de vous souvenir de l’ancien français qui comportait un grand nombre de terme féminins se terminant en “eresse”, “oresse” ou “aresse”.
Bonjour,
Nous ne sommes plus au Moyen Âge*. Le terme que vous citez n’est plus employé.
Bonsoir,
Enfin qqun qui réfléchi de lui même…
Merci en tout cas!
Féminiser un mot c’est rendre visible et audible le féminin et les femmes dans la langue parlée tous les jours. Je trouve qu’il est bien préférable d’utiliser autrice que auteure, et donc impostrice ou imposteuse qu’imposteure. Ainsi on entend réellement un mot autre que le masculin. Certes il faut que l’oreille s’y fasse, mais ça prouve bien que nous sommes trop habitué.e.s à cet absence du féminin dans le vocabulaire. Ainsi, à ceux et celles qui préfèrent auteure à autrice, j’ai envie de demander, vous viendrait-il à l’idée de dire que Marion Cotillard ou Catherine Deneuve sont des acteures ?
Oui pour le féminin : une «imposteure », comme pour une «auteure ». L’intérêt c’est que le mot, tel quel, est déjà familier à notre oreille. Il est donc inutile de créer des néologismes tels que « impostrice » ou « imposteuse » qui peuvent sembler assez rébarbatifs pour l’oreille.
on pourrait aussi écrire imposteure…comme auteure…
Oui. Simple.
@Benetel : TGPV ?
“imposteur.e” si l’on suit la dictature actuelle de l’écriture inclusive
Je suis une impostrice… Mon fils m’a qualifiee ainsi, et je trouve ça judicieux, vu mon parcours.