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« Maligne » ou « maline » ? orthographe

Publié le 03/01/2018 (m.à.j* le 11/09/2022)
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L’adjectif « malin » à la forme féminine s’écrit : « maligne ». « Maligne » est l’orthographe de la forme féminine de l’adjectif « maline », comme « bénigne » est la forme féminine de l’adjectif « bénin ». Malin vient du latin malignus, « de nature mauvaise, perfide, envieux » ou « chiche, avaricieux, avare », et avait une connotation négative au Moyen Âge (lié au malin, à la malice, à ce qui est nuisible, méchant, mauvais). Selon le Dictionnaire historique de la langue française, jusqu’a au XVe siècle, l’adjectif était employé au féminin et au masculin sous la forme « maligne ». Exemples :

  • Cette jeune fille est si maligne qu’elle est parvenue à subtiliser tous les bonbons de son grand frère.
  • Une tumeur maligne a terrassé cet homme.
  • Julien rit de bon cœur de cette saillie de son esprit. En vérité, l’homme a deux êtres en lui, pensa-t-il. Qui diable songeait à cette réflexion maligne ? (Stendhal, Le Rouge et le Noir)
  • […] car Mme de Villeparisis, elle n’en doutait pas, serait assez maligne pour essayer de le lui cacher.(Proust, À la recherche du temps perdu)
  • « De toutes les passions, celle qui est la plus inconnue à nous-mêmes, c’est la paresse ; elle est la plus ardente et la plus maligne de toutes, quoique sa violence soit insensible et que les dommages qu’elle cause soient très cachés… (Gide, Les Faux-Monnayeurs)
  • Tout de même, c’était sa nièce, cette fille qui faisait tant sa maligne (Queneau, Les enfants du limon, cité par le TLFi)`

 

Le cas de « maline »

En France, l’écrasante majorité des locuteurs prononce toutefois « maline ». Il est donc naturel de vouloir orthographier ce terme selon sa prononciation. L’usage de « maline », sans le « g », s’est répandu, sur le modèle de gamin/gamine. Selon le Grevisse, la forme « maline » a été employée par des auteurs qui souhaitaient retranscrire l’usage oral populaire, qui ne tient pas compte de la prononciation du « g ». Toutefois, les propositions de rectifications de l’orthographe de 1990 ne disent rien sur malin/maligne. Exemples :

  • Déesses de déesses !
    Du repos en liesses,
    De la calme gaîté,
    De malines fossettes
    Ainsi que des risettes, (Verlaine, Odes en son honneur, X)
  • À peine débarquée à Chartres, Élodie se montrait étonnante, aussi énergique et maline que Nénesse. Elle avait roulé son père, elle tenait déjà la maison. (Zola, Terre)
  • Elle sait bien ce qu’elle fait, elle est maline (Péguy, Porche du mystère de la deuxième vertu)

Une distinction rapportée par le TLFi sépare « maligne » qui recouvrirait l’idée de méchanceté ou la volonté de faire de le mal, et « maline » qui serait à utiliser pour qualifier quelqu’un qui fait preuve d’ingéniosité, de roublardise ou de ruse. Il en est ainsi, selon le Grevisse, dans l’extrait suivant tiré de Michel Droit qui a sûrement voulu écarter le sens péjoratif de « maligne » lorsqu’il décrit le visage de Marc Chagall :

Cette expression de candeur maline qui éclaire perpétuellement son visage

Droit, Clarté du jour

Cette distinction semble toutefois être toute théorique, et ne pas se retrouver dans l’écrasante majorité des usages. 

Le nom « maline » existe. Emprunté au latin malina, il désigne une grande marée au moment de la pleine lune. À lire en cliquant ici : « gentillement » ou « gentiment » ?