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Menu fretin : définition · origine · exemples

Publié le 15/01/2025
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Définition

Imaginez une poignée de minuscules poissons frétillants, trop petits pour intéresser les pêcheurs. Voilà l’origine du menu fretin. Cette expression française désigne d’abord ces petits poissons de faible valeur marchande. Mais son usage a évolué. Aujourd’hui, elle sert surtout à décrire, avec une pointe d’ironie, ce que l’on considère comme insignifiant ou négligeable.

Dans les salons littéraires ou les chroniques journalistiques, vous l’entendrez souvent. Le ton est élégant, mais attention : l’expression porte en elle une subtile note de dédain. Elle trace une ligne invisible entre l’essentiel et l’accessoire, entre ceux qui comptent et… les autres.

Origine et étymologie

Plongeons dans l’histoire. Le mot fretin nous vient tout droit du Moyen Âge. Il trouve ses racines dans l’ancien français “fret” ou “frait”, lui-même issu du latin “fractus” – ce qui est brisé. D’ailleurs, le prestigieux Trésor de la Langue Française nous rappelle que le terme désignait initialement les restes de poisson.

Quant à menu, il puise son sens dans le latin “minutus”, signifiant petit ou mince. L’alliance de ces deux mots n’est pas due au hasard. Dès le XIVe siècle, les pêcheurs l’utilisaient pour parler de ces poissons trop modestes pour mériter une place au marché. Une pratique qui nous a légué cette expression savoureuse et qui a inspiré Jean de La Fontaine :

On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
Tant la chose en preuves abonde.
Entre les pattes d’un Lion
Un Rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru
Qu’un Lion d’un Rat eût affaire ?
Cependant il advint qu’au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage.

Jean de La Fontaine, “Le Lion et le Rat” (1668)

Usage moderne

Dans notre langue contemporaine, le menu fretin s’invite dans trois situations principales :

  • Pour établir une hiérarchie sociale, parfois avec une certaine malice :“La soirée battait son plein : quelques stars étincelantes au milieu du menu fretin des invités ordinaires.”
  • Pour distinguer l’essentiel de l’accessoire dans le monde professionnel :“Notre équipe se concentre sur les contrats majeurs, laissant le menu fretin des petits projets aux stagiaires.”
  • Dans les critiques culturelles, pour marquer les écarts de notoriété :“Dans ce festival littéraire, entre deux auteurs célèbres, le menu fretin des écrivains débutants tentait de se faire remarquer.”

Exemples d’utilisation

  1. “Dans son bureau du dernier étage, le PDG orchestrait les grandes manœuvres. Le menu fretin des décisions quotidiennes ? Délégué aux cadres intermédiaires.”
  2. “Les photographes se pressaient autour des célébrités. Plus tard, le menu fretin des influenceurs locaux défilerait dans l’indifférence.”
  3. “Le petit commerce de quartier… [pause dramatique]… ce menu fretin balayé par la vague des supermarchés dans les années 80.”
  4. “Le président du jury parcourut rapidement la pile de manuscrits. Le menu fretin des premières tentatives littéraires fut vite écarté.”

Expressions similaires

Dans notre riche vocabulaire français, plusieurs expressions cousines permettent d’exprimer cette même idée de hiérarchie :

  • La piétaille
  • Le commun des mortels
  • Le tout-venant
  • Les seconds couteaux
  • Le petit peuple

Registre et contexte d’utilisation

Vous ne trouverez pas le menu fretin dans une conversation de café. Cette expression appartient au registre soutenu et se déploie principalement dans :

  • Les pages de nos romans
  • Les colonnes des journaux
  • Les analyses pointues
  • Les études de société
  • Les chroniques culturelles

Un conseil d’ami ? Maniez cette expression avec finesse. Son élégance peut rapidement se transformer en condescendance si elle n’est pas utilisée à bon escient. Après tout, qui sommes-nous pour juger du menu fretin ?