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Mettre à pied : définition & origine (expression) 🦶

Publié le 13/09/2021 (m.à.j* le 15/07/2024)
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Définition

Mettre à pied signifie : destituer, renvoyer, congédier, décharger de ses fonctions. Aujourd’hui, la mise à pied désigne le plus souvent une mesure prévue par le droit français qui permet à un employeur de suspendre temporairement le contrat de travail d’un salarié afin de l’écarter de l’entreprise en raison, le plus souvent, du comportement de ce dernier.

À lire en cliquant ici : aller « à pied » ou « à pieds » ?

Mettre à pied : origine de l’expression

Selon le TLFi ou le Dictionnaire d’expressions et locutions, l’expression « mettre à pied », ou « mise à pied », renverrait au fait d’avoir contraint quelqu’un à se séparer de son équipage. Cet emploi est cependant difficile à retrouver dans les textes anciens.

Comme, vous le voyez, l’Europe n’aurait plus qu’à déshabiller ses fantassins, à licencier ses chevaux, à mettre à pied ses cavaliers, et à les renvoyer chez eux, pour y cultiver les affections et les choux domestiques.

Le Charivari, 14 novembre 1835

« Mettre à pied » est surtout employé, avant le XIXe siècle, à propos des soldats de la cavalerie qui descendent de cheval pour combattre à pied, ou des cavaliers qui descendent tout simplement de cheval. On trouve cependant un arrêté du 20 mai 1799 qui permet aux conseils d’administration de prononcer la « mise à pied, pour un mois au plus, des postillons qui donneraient lieu à des plaintes dans leur service, et qui se rendraient coupables d’insolence et d’insubordination. » Cette peine peut donc être comprise au sens littéral puisque les postillons étaient les conducteurs des voitures de poste. 

La locution peut être repérée une nouvelle fois à propos des postillons en 1816 :

il seroit de toute impossibilité de faire comprendre à un postillon qu’on a eu raison de le mettre à pied, parce qu’il étoit accusé d’avoir montré de la joie en portant dans les départements la nouvelle de l’entrée de Buonaparte à Paris. 

Joseph Fiévée, Histoire de la session de 1815

On peut croire que le sens général (et rare) de « destituer, renvoyer, congédier », vient de la peine réservée aux postillons. On peut lire en outre en 1824

Il s’était fait mettre à pied, c’est-à-dire il s’était fait congédier, pour avoir pris des singes. En argot de courriers et de postillons, prendre des singes, c’est prendre des voyageurs ou des marchandises en cachette, à son profit, et au détriment de l’entreprise qui vous emploie, et qui vous paie. 

À lire ici : pourquoi dit-on « de la monnaie de singe » ?

Autrement, l’expression est employée à plusieurs reprises à partir de la fin du XVIIIe et au début du XIXe au sens de « faire descendre d’une voiture à cheval », qui a ainsi pu donner par extension « faire perdre sa place, destituer » :

Le rédacteur dit qu’ils m’ont forcé de céder mon tour de départ pour Paris au citoyen Deneubourg fils ; le premier, en me menaçant de me mettre à pied, & le second, en m’ordonnant militairement de le laisser partir.

L’Anti-Terroriste, 24 juin 1797

[…] enfin à un baron voyageur à qui il soutient qu’un merle est un merle, et qui le jette à bas de sa voiture, parce qu’il ne veut pas convenir que ce merle est une grive. Telle est sa dernière aventure. C’est au moment où son outrecuidance l’a fait mettre à pied, qu’il est accueilli par l’orage …

La Décade philosophique, 1804

Au premier relai, je vais trouver le maire du village ; je lui déclare que vous faites d’une diligence une chambre à coucher, et je vous fais mettre à pied.

Pigault-Lebrun, La Garçon sans souci, 1817

Exemples

Alors, mise à pied du porc castré ? Les industriels du Sud-Ouest ne l’entendent pas de cette oreille. Ils évoquent l’odeur de la viande, mais aussi sa qualité, trop maigre, pour élaborer jambon sec ou saucisson. 

Lemonde.fr

Maintenant, imaginons un employeur qui, regardant les nouvelles à la télé, voit un ou plusieurs de ses employés participant à une manifestation antimasque. Ils sont bien évidemment là sans masque et ne prennent aucune mesure de distanciation physique avec les autres manifestants. Est-ce que l’employeur pourrait les mettre à pied ?

Ledevoir.com