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« On est seul » ou « on est seuls » ? accord

Publié le 05/10/2021 (m.à.j* le 25/11/2022)
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Les deux formes fonctionnent : on est seul ou on est seuls. L’accord se fait selon le contexte. « On » est un pronom personnel indéfini. Cela signifie qu’il désigne un ou des êtres humains dont on ne connaît ni le nombre, ni le genre, et dont le verbe est conjugué à la troisième personne du singulier. De ce fait, l’adjectif attribut qui le suit devrait être au masculin singulier.  

  • C’est déjà un bonheur que de pouvoir aimer même quand on est seul à aimer…  (Gautier, Mademoiselle de Maupin / Ici, le « on » ne renvoie à personne à particulier, il permet d’énoncer une vérité générale.)
  • Le cadavre est encore si proche de l’homme vivant que je ne peux me décider à être seul, que je ne peux me décider à penser comme quand on est seul. (Duhamel, Vie des martyrs)

⇒ À lire ici : « une espèce de » ou un espèce de » ?

Cependant, « on » est souvent employé à l’oral (plus rarement à l’écrit dans les contextes où le respect des formes compte) à la place d’un autre pronom, le plus souvent à la place de « nous ». « On est seul(e)s » revient à dire « nous sommes seul(e)s ». Dans ce cas, on accorde en genre et en nombre l’adjectif attribut car le locuteur est censé avoir connaissance du nombre et du genre des personnes incluses dans ce « on ». On fait ici une syllepse grammaticale : on n’accorde pas selon les règles mais selon le sens. 

Henri Barbusse (1873 – 1935), qui a voulu imiter la langue des Poilus dans Le Feu (1916), multiplie ces syllepses : « On est délivrés, on est tranquilles, on est seuls, dans cette sorte de désert… », « on est arrivés ? », « on est assourdis », « on est suffoqués », etc.

Autres exemples :

Cela peut troubler, car le verbe est au singulier alors que l’adjectif varie.